De Wallis-et-Futuna à Paris, le Rosier-Rouge permet l'hébergement des malades et des familles

Au Rosier-Rouge, des patients venus de Wallis-et-Futuna pour se faire soigner en région parisienne, trouvent un refuge au calme le temps de leurs soins.
Le Rosier-Rouge est une Maison d’Accueil Hospitalière (MAH) qui permet l’hébergement de malades en soins ambulatoires et de leur famille accompagnante. Parmi eux, de nombreux patients venus de Wallis-et-Futuna, hébergés dans ce lieu agréable qui leur permet de se sentir presque comme chez eux.

L’endroit est serein au milieu du tumulte de la ville de Vanves, au sud de Paris. Et pour cause, le Rosier-Rouge a pris ses quartiers dans un ancien couvent des Franciscaines transformé en MAH en 1973, à l’initiative du Secours Catholique. Aux alentours de huit heures du matin dans le cloître, des Wallisiens et des Futuniens prennent leur petit-déjeuner. Malades ou accompagnants, ils sont presque comme à la maison. Télésia, qui accompagne sa fille, confirme : "On se sent vraiment comme chez nous".


Un véritable espace de vie qui ne s’arrête pas à l’hébergement, détaille Isabelle Nicolas, la directrice de l’établissement : "On accompagne dans le parcours de soin, dans les dossiers pour les frais, dans Paris avec le métro, on crée des animations pour leur changer les idées et leur permettre de se rencontrer."

"Ce lieu permet de faire venir la famille, c’est un vrai service", explique Gladys Taputai-Tuifa, adjointe au délégué de Wallis-et-Futuna à Paris. "Avant, c’était compliqué pour les familles, je prenais chez moi des membres accompagnants des malades, mais depuis la convention de 2017 signée par les autorités du territoire, l’assemblée du territoire, le préfet, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), l’Agence Régionale de Santé et le Rosier Rouge, tout est pris en charge", ajoute-t-elle.

Une aide précieuse

Cette convention a fait bouger les lignes puisque avant, les familles devaient tout payer pour venir. Seulement, cela coûtait cher et beaucoup n’en n’avaient pas les moyens. Pourtant, la directrice du Rosier Rouge explique que "la famille est très importante, elle permet de guérir plus vite, c’est un soutien". A présent, tout est pris en charge et cela représente un véritable budget pour le territoire de Wallis-et-Futuna puisque "la pension complète est de 66 € avec la télévision et le wifi par jour", explique Gladys Taputai-Tuifa, et les personnes restent généralement plusieurs mois.

Un coût, mais qui est très important pour la santé des Wallisiens et des Futuniens. En effet, la directrice rappelle que "les Outre-mer sont moins bien dotés en hôpitaux, et les ultramarins sont obligés de venir en métropole pour voir des spécialistes". Un des gros problèmes sur ce territoire du Pacifique est le manque de médecins. Comme les campagnes de l’Hexagone, c’est un désert médical. "J’ai une sœur qui attend son rendez-vous chez le cardiologue, mais il y a déjà 500 personnes en attente", raconte Gladys.

Malgré tout, grâce à cette prise en charge complète, jusqu’à "trente personnes de Wallis-et-Futuna viennent ici chaque année", assure l’adjointe au délégué du territoire à Paris, ajoutant que "des gens viennent ici pour soigner des cancers ou recevoir une greffe". Plus largement, les Ultramarins sont nombreux à venir au Rosier-Rouge puisque la directrice affirme que "sur 55 familles accueillies, environ 40 viennent d'Outre-mer". Pour Tuineau Pauga, aussi membre de la délégation de Wallis-et-Futuna à Paris, le Rosier Rouge est "très important, une maison d’accueil, c’est pour que le malade soit bien, qu’il s’occupe de sa maladie et pas d’autre chose".

Sauver des vies

Venir dans l’Hexagone pour les malades permet de les soigner, voire même dans certains cas, de découvrir d’autres pathologies et de sauver leurs vies. Ainsi, Suliana, une jeune femme de 31 ans, venue pour se faire opérer d’un décollement de la rétine a subi un triple pontage. "Je ne m’attendais pas à ce qu’on m’opère le cœur", avoue-t-elle. Une opération cardiaque très lourde qui lui a sûrement évité un infarctus. Elle le dit elle-même, "je suis une miraculée". De même, Pâtira, venue soutenir sa fille qui souffrait d’un cancer de l’œil se fait soigner pour divers problèmes plus ou moins bénins, à commencer par son asthme.  

Et puis il y a ceux qui sont venus faire soigner leur cancer. Ils sont deux à présent. Kristina, 12 ans, timide mais courageuse, qui est en plein traitement contre un cancer des ovaires. Ensuite, il y a le mari de Sapeta qui est actuellement hospitalisé. Mais cette dernière lui "rend visite tous les jours". Des pathologies graves, qui ont nécessité la venue de ces personnes dans l’Hexagone pour être soigné par les meilleurs spécialistes.

Une situation compliquée avec le Covid

Un problème accentué par l’épidémie de Covid qui règne en Nouvelle-Calédonie puisque les médecins qui venaient prêter main forte sont tous occupés et que Wallis-et-Futuna a fermé toutes ses frontières, sauf pour le fret. Depuis les premiers cas autochtones de Covid en Nouvelle-Calédonie le 6 septembre, la situation sanitaire est extrêmement tendue. Malheureusement, beaucoup de Wallisiens et de Futuniens allaient dans un premier temps au CHT de Nouméa, n’allant à Paris que si nécessaire.

 

Plus qu’un désagrément pour ceux qui voulaient être hospitalisés non loin de chez eux, c’est surtout un empêchement pour les autres de pouvoir rentrer chez eux. Gladys Taputai-Tuifa indique que "beaucoup sont à la fin du parcours de soin, mais, les vols sont interdits, donc ils continuent à être hébergés en attendant un éventuel rapatriement".

C’est le cas pour Pâtira et sa famille, dans l’Hexagone depuis le 6 juillet : "On attend le retour comme on n’a plus de soins". Bien qu’il soit possible de rentrer en Nouvelle-Calédonie depuis Paris avec un pass sanitaire, les autorités de Wallis-et-Futuna ont fait fermer les frontières. "Les familles acceptent d’attendre", affirme l’adjointe au délégué. Bien que le préfet veuille s’appuyer sur les avions de fret qui repartent pour effectuer des évacuations sanitaires, aucune décision n’a pour le moment été prise et la situation reste figée.

Regardez ce reportage signé Jean-Michel Mazerolle et Emmanuel Morel :