"C’est une réunion de famille, nous sommes soudés par l’amour de la France", entame Éric Ciotti, le patron des Républicains, après avoir reçu les non-indépendantistes Virginie Ruffenach et Alcide Ponga au siège du parti LR, rue de Vaugirard, à Paris.
En marge des discussions bilatérales menées par le gouvernement sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, les agendas des membres des délégations calédoniennes sont bien remplis. Lundi, une partie de la délégation indépendantiste s'était rendue au siège de La France insoumise. La réunion au 238 rue de Vaugirard se passe de l'autre côté de la Seine et à l'opposé de l'échiquier politique, mais l'objectif est le même pour les Calédoniens : s'assurer du soutien des partis nationaux pour la suite du processus.
J’ai échangé avec eux sur les enjeux essentiels pour cette terre de France à laquelle notre famille politique est extrêmement attachée, terre pour laquelle nous nous sommes toujours battus et à laquelle nous avons toujours souhaité apporter une espérance française dans la République.
Éric Ciotti, président du parti Les Républicains
Le gel du corps électoral crée des "inégalités inacceptables"
Il y a cinq ans, Éric Ciotti regrettait qu'Emmanuel Macron "offre la neutralité de l'État aux indépendantistes". Aujourd'hui, le patron des LR, qui sentait "un flottement, une hésitation" et souhaitait que "le gouvernement français, le président de la République française, exprime son attachement à la Calédonie dans la France" se félicite que le "gouvernement travaille à ce que très vite, il y ait les réponses institutionnelles qui sont attendues et qui sont nécessaires". Ces "réponses" attendues par les LR, c'est le dégel du corps électoral, figé à la fin des années 1990 pour permettre aux Kanak, devenus minoritaires sur le territoire, de peser dans les décisions politiques. Concrètement, environ 40 000 électeurs ne peuvent pas voter aux élections provinciales.
"Il faut corriger cette situation. Elle crée des inégalités inacceptables entre les citoyens", tranche le patron des LR. Mais les dispositions de l'accord de Nouméa sont inscrites dans la Constitution: pour dégeler le corps électoral, il faut la réformer, et donc trouver une majorité des 3/5e du Parlement réuni en Congrès à Versailles. "Notre famille politique, aussi bien à l’Assemblée qu’au Sénat, veut redire notre volonté de soutenir une réforme constitutionnelle dont la Nouvelle-Calédonie a besoin notamment pour dégeler le corps électoral. Nous l’appelons de nos vœux et nous la soutiendrons avec beaucoup de force", a affirmé le président des Républicains.
"On est assez confiants"
Alors que de premières réunions avec le gouvernement ont eu lieu hier, Alcide Ponga, président par intérim du Rassemblement-Les Républicains, se dit satisfait. "On est assez confiants, le gouvernement comprend le dossier calédonien de la même façon que les non-indépendantistes le comprennent. Sur l’application de la sortie de l’accord de Nouméa, on est assez alignés", explique-t-il. Comme les non-indépendantistes, le gouvernement reconnaît la légitimité du troisième référendum sur l'indépendance qui s'est tenu en décembre 2021. Au contraire, les indépendantistes rejettent la légitimité de ce scrutin et considèrent par conséquent que le chapitre de l'accord de Nouméa, qui prévoyait jusqu'à trois consultations, n'est pas encore fermé.
Malgré cet "alignement" supposé, Virginie Ruffenach et Alcide Ponga sont aussi venus demander aux LR "qu’ils soient attentifs à ce qui se passera sur le dossier calédonien (...), attentifs pour qu’on ne soit pas floué dans ce qui va se passer". "J'ose espérer que des accords seront signés parce qu’il le faut", conclut Alcide Ponga, avant d'appeler de ses vœux, à nouveau, la tenue de rencontres tripartites, réunissant autour d'une même table l'État, les indépendantistes et les non-indépendantistes.