Un étude du ministère de l'Intérieur publiée ce jour dresse le bilan de l’évolution de la délinquance en France en 2020 par rapport à 2019. Homicides, violences intrafamiliales, coups et blessures volontaires : les Outre-mer restent plus exposées aux infractions violentes que l'Hexagone.
Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publie aujourd’hui la 5ème édition de son bilan statistique "Insécurité et délinquance" pour l’année 2020. Cet inventaire complète et affine la première photographie de la délinquance en 2020 déjà publiée le 28 janvier 2021 par le ministère de l’intérieur dans l’Interstats Analyse n°32.
Les dispositifs d’enregistrement des crimes et délits par les forces de sécurité étant les mêmes dans les territoires d’Outre-mer que dans l’Hexagone, il est possible d’analyser la délinquance enregistrée dans ces territoires et de la comparer avec celle de la France hexagonale.
En 2020, comme en 2019, les forces de sécurité enregistrent, dans l’ensemble, plus de victimes d’infractions violentes dans les Outre-mer que dans l’Hexagone, alors que les vols non violents et les cambriolages de logement sont moins fréquents. Chaque territoire ultramarin a toutefois ses propres spécificités qui sont détaillées dans l’analyse statistique.
À noter néanmoins que le contexte de crise sanitaire - avec des mesures exceptionnelles de confinement de la population et de couvre-feu, explique aussi des évolutions qui paraissent atypiques. En effet, les conditions de dépôt de plainte ont été modifiées, aussi bien pour les victimes que pour les services de police et de gendarmerie. De plus, certaines formes de délinquance n’ont pu s’exercer autant qu’en situation habituelle, tandis que d’autres ont pu se renforcer. Les résultats doivent donc être interprétés avec précaution.
► Plus d’homicides que dans l’Hexagone
En moyenne sur 2018-2020, les services de sécurité des territoires d’Outre-mer enregistrent plus d’homicides que ceux de l’Hexagone : 0,5 victime pour 10 000 habitants contre 0,1 ‱
C’est la Guyane qui enregistre, parmi les territoires ultramarins, le taux le plus élevé d’homicides par habitant entre 2018 et 2020 (1,3 ‱). Ce taux s’avère en revanche plus proche de la moyenne hexagonale à La Réunion et en Polynésie française (0,2 ‱).
► Hausse du nombre de victimes de violences intrafamiliales, sauf à Mayotte
A l’exception de Mayotte, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires dans le cadre familial par habitant est plus élevé en 2020 dans les départements et régions d'Outre-mer et collectivités d'Outre-mer (DROM-COM) que dans l'Hexagone : 3,5‰ contre 2,0‰.
Les enregistrements sont notamment plus fréquents en Guadeloupe (3,6 ‰), en Guyane (4,0 ‰), en Polynésie française (4,7 ‰) et en Nouvelle-Calédonie (5,6 ‰).
⇒ A noter : dans les territoires d’Outre-mer les moins peuplés comme Wallis et Futuna, les coups et blessures volontaires sont, comme ailleurs, orientés à la hausse dans le cadre intrafamilial en 2020.
⇒ Par rapport à 2019, le nombre de victimes de violences dans le cadre intrafamilial par habitant est donc orienté Outre-mer à la hausse, sauf à Mayotte qui enregistre une stabilité sur un an (1,4‰ en 2019 et 2029 et 2020).
► Coups et blessures volontaires en dehors du cadre familial plus fréquents que dans l’Hexagone
En 2020, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires enregistrées en dehors du cadre familial par habitant est systématiquement plus élevé dans les DROM-COM que dans l’Hexagone.
Ce sont notamment les services de sécurité de Guyane et de Nouvelle-Calédonie qui enregistrent les plus forts taux par habitant : respectivement de 5,0 ‰ et 5,2 ‰ contre 2,0 ‰ dans l’Hexagone.
La Polynésie française (2,2 ‰), La Réunion (2,6 ‰) et la Martinique (3,3 ‰) enregistrent toutefois des taux plus faibles que dans les territoires ultramarins considérés dans leur ensemble (3,5 ‰).
Le taux de coups et blessures volontaires hors cadre familial pour 1 000 habitants est par ailleurs plus marqué à la baisse entre 2019 et 2020 à Mayotte (-0,5 point), il est stable sur un an en Guyane et à La Réunion et donc fortement orienté à la hausse en Nouvelle-Calédonie (+0,8 point).
Enfin, le nombre de victimes de coups et blessures hors cadre familial ne baisse pas à Wallis et Futuna, où il reste supérieur à celui de l’Hexagone.
► Stabilité du nombre de victimes de violences sexuelles
Rapporté à 1 000 habitants, le nombre de violences sexuelles enregistrées est relativement proche entre chaque territoire, autour de 1,1 victime pour 1 000 habitants en 2020, soit un niveau légèrement supérieur à celui observé dans l’Hexagone (0,8 ‰).
Ce taux est toutefois supérieur en Guyane (1,6 ‰), comparé aux autres DROM-COM.
En ce qui concerne Saint-Pierre-et-Miquelon, à l’image de l’Hexagone, le nombre de victimes par habitant y est stable en 2020 par rapport à 2019. A Saint-Barthélemy et à Wallis et Futuna en revanche, ce nombre est plus élevé qu’en 2019, il l'est moins à Saint-Martin.
► Moins de vols violents, sauf à Mayotte
En ce qui concerne les vols violents enregistrés, la situation est contrastée d'un territoire à l'autre. En Polynésie française, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, le nombre de victimes par habitant est moins élevé en 2020 que dans l’Hexagone. Moins élevé aussi que dans les autres territoires d’Outre-mer.
En Martinique, même si les vols violents sont plus fréquents qu’en France hexagonale, ils le sont moins que dans les autres DROM-COM considérés dans leur ensemble.
A contrario, le nombre de victimes par habitant apparaît nettement plus élevé en Guyane, à Mayotte (le taux passe de 3,2‰ à 4,5‰ en un an) et dans une moindre mesure, en Guadeloupe. Si ce taux reste élevé en Guyane (5,6‰), il baisse aussi de façon plus marquée dans ce département entre 2019 et 2020 (-0,9 point).
⇒ Ce taux est en tout cas en nette hausse à Mayotte, de 1,4 point : c’est le seul territoire d’Outre-mer à connaître une telle poussée.
► Vols sans violence moins fréquents que dans l’Hexagone
Dans les Outre-mer, le nombre de victimes de vols sans violence contre des personnes pour 1 000 habitants est nettement inférieur à celui de la France hexagonale (4,9 ‰ contre 8,2 ‰). Ce constat est vérifié pour chaque territoire : parmi eux, La Réunion enregistre le plus faible nombre de victimes de vols par habitant en 2020 (3,3 ‰), et la Guyane la plus forte (7,1 ‰).
⇒ Sur un an, dans le contexte de la crise sanitaire, le taux de vols sans violence est orienté à la baisse dans les territoires ultramarins, mais avec une ampleur plus modérée que dans l’Hexagone (-1,2 et -2,6 points respectivement).
⇒ A noter aussi : contrairement à l’Hexagone, les vols avec ou sans violence sont plus fréquents en 2020 qu’en 2019 à Saint-Barthélémy, Saint-Martin et Wallis et Futuna. Mais pas à à Saint-Pierre-et-Miquelon où le nombre de vols sans violence par habitant est stable sur un an.
► Des cambriolages moins fréquents que dans l’Hexagone, sauf en Nouvelle-Calédonie
En 2020, le nombre de cambriolages de logement pour 1 000 habitants enregistrés par les services de sécurité est inférieur dans les départements et régions d'Outre-mer (2,0 ‰) et en Polynésie française (1,5 ‰) à celui de l’Hexagone (2,9 ‰).
La Nouvelle-Calédonie présente toutefois un taux de cambriolages plus élevé (4,2 ‰). Comme en France métropolitaine, ces taux ont également diminué en 2020 par rapport à 2019, avant le début de la crise sanitaire. Il baisse notamment plus fortement en Nouvelle-Calédonie (-1,3 point), territoire le plus touché par cette forme de délinquance, et en Martinique (-1,6 point).