Face à la montée continue du niveau des mers engendrée par le réchauffement climatique, élus et chercheurs ont appelé mercredi à Montpellier à "sortir du déni" et à "anticiper", y compris en délocalisant des populations de zones régulièrement submergées.
•
"On a une sorte de tsunami qui arrive sur nous et nous avons peu de temps pour agir", a averti Denis Lacroix, scientifique à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Depuis 2006, les océans montent d'environ quatre millimètres par an, un rythme qui pourrait être multiplié par 100 si les émissions de gaz à effet de serre restent inchangées, a récemment averti le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).
La chercheuse de l'Université de Montpellier a notamment travaillé sur la perception des risques parmi la population sur le littoral de l'Hérault. Même les pieds dans l'eau, nombre de propriétaires -souvent venus du Nord de la France ou de l'Europe, répondent : "On va rester, on verra", déplore-t-elle.
"Nous sommes entre le fer et l'enclume : nous devons à la fois mettre nos administrés en sécurité et veiller à ce qu'ils ne soient pas lésés", commente Raphaële Leguen, première adjointe de la Seyne-sur-Mer (Var), ville des bords de la Méditerranée.
"Transformer notre population en migrants climatiques, c'est très violent : ils abandonnent leur histoire...une expropriation est toujours une blessure", ajoute cette élue.
"Le risque de devoir déplacer le village de Miquelon, aux trois quarts inondable, est toujours présent sans qu'on n'y apporte de réponse claire", déplore-t-elle, notant que la réflexion "ne peut venir uniquement des habitants" et qu'il faut "des dédommagements".
Pour les élus, il faudra une "solidarité nationale" pour aider ces habitants menacés par la montée des océans.
Les défis posés par le réchauffement climatique sur le littoral offrent toutefois "de nouvelles possibilités de réimaginer la ville", espère Mme Rey-Valette, parlant notamment de maisons mobiles en bois qui pourraient être démontées au gré des risques.
Déni "extrêmement fort"
D'ici 2050, des zones côtières abritant 300 millions de personnes pourraient être menacées par la montée des eaux, selon une récente étude internationale parue dans Nature Communications. En France, selon le récent rapport du député (LREM) de Vendée Stéphane Buchou, quelque 16.500 bâtiments sont concernés par le recul du littoral.Mais "nous ne voulons pas croire ce que nous savons", a regretté Denis Lacroix lors d'une table ronde consacré au littoral dans le cadre des Assises de l'économie de la mer à Montpellier. Dans certains pays directement menacés par l'érosion des côtes et la montée des mers comme le Vietnam, il existe un "déni extrêmement fort", assure ce chercheur.
Changer de rapport
Or, construire des digues, en France ou autour de Venise, ne solutionnera rien à long terme, souligne-t-il. "Il faut changer de vision sur le rapport de l'Homme à la Nature et cesser de penser que l'on va trouver des solutions techniques", renchérit la socio-économiste Hélène Rey-Valette.La chercheuse de l'Université de Montpellier a notamment travaillé sur la perception des risques parmi la population sur le littoral de l'Hérault. Même les pieds dans l'eau, nombre de propriétaires -souvent venus du Nord de la France ou de l'Europe, répondent : "On va rester, on verra", déplore-t-elle.
"Racheter les maisons menacées"
La chercheuse prône "une démarche globale d'anticipation" qui permette notamment de racheter les maisons menacées afin que "les gens ne perdent pas tout". Mais les élus sont souvent "timides" sur cette question, ajoute-t-elle, d'autant que ceux qui ont pris des décisions courageuses "n'ont pas été réélus"."Nous sommes entre le fer et l'enclume : nous devons à la fois mettre nos administrés en sécurité et veiller à ce qu'ils ne soient pas lésés", commente Raphaële Leguen, première adjointe de la Seyne-sur-Mer (Var), ville des bords de la Méditerranée.
"Transformer notre population en migrants climatiques, c'est très violent : ils abandonnent leur histoire...une expropriation est toujours une blessure", ajoute cette élue.
Miquelon, délocalisée ?
Mais pour Karine Claireaux, maire de Saint-Pierre, dans l'archipel français de l'Atlantique nord et présidente du Bureau du Conseil national de la mer et des littoraux, les autorités doivent cesser "la politique de l'autruche". "On parle beaucoup d'autres îles menacées de submersion mais Miquelon, c'est très problématique", dit-elle."Le risque de devoir déplacer le village de Miquelon, aux trois quarts inondable, est toujours présent sans qu'on n'y apporte de réponse claire", déplore-t-elle, notant que la réflexion "ne peut venir uniquement des habitants" et qu'il faut "des dédommagements".
Pour les élus, il faudra une "solidarité nationale" pour aider ces habitants menacés par la montée des océans.
Les défis posés par le réchauffement climatique sur le littoral offrent toutefois "de nouvelles possibilités de réimaginer la ville", espère Mme Rey-Valette, parlant notamment de maisons mobiles en bois qui pourraient être démontées au gré des risques.