Des Beaux-Arts de Paris à Abidjan, les débuts prometteurs d’Elladj Lincy Deloumeaux

Le jeune Guadeloupéen n’a pas encore achevé sa formation aux Beaux-Arts de Paris mais s’est déjà fait remarquer à l’étranger. L’artiste-peintre Elladj Lincy Deloumeaux a vu ses toiles exposées pendant trois mois à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Un coin "atelier" baigné par le soleil dans le salon familial. Et des cours de 3ème année de licence suivis à distance. C’est le quotidien d’Elladj Lincy Deloumeaux. Avec la pandémie de Covid-19, l’artiste-peintre a modifié ses habitudes."J’ai bien vécu le premier confinement. Cela m’a permis d’entamer un travail d’introspection", explique le jeune homme de 26 ans.

A quelques semaines de ses examens, il peaufine un diptyque. Sur la toile en deux volets, des enfants jouent sur la plage de Grand-Bassam, l’ancienne capitale de la Côte d’Ivoire. Le tableau est, pour lui, emblématique. Il y peint une scène de vie observée lors de son premier voyage sur une terre africaine.

Premier voyage en Afrique

"Dans mon travail, je parle beaucoup de mon rapport à l'Afrique. La mer a énormément de signification pour moi. Elle crée la connexion entre différents pays, différents territoires. Pour moi, peindre cette scène, c'était une manière de témoigner de cette reconnexion à l'Afrique".

Né en Guadeloupe, Elladj Lincy Deloumeaux y a grandi jusqu’à l’âge de huit ans. Puis il suit ses parents qui s’installent dans l’Hexagone. "Ma famille m'a toujours incité à être fier de mes origines, de là où je viens. C'était important de voir par moi-même ce continent. Aller en Côte d’Ivoire, c’est déjà une étape. Je souhaite visiter d’autres pays", confie-t-il.

Exposition à Abidjan

Le tableau qu’il peaufine est d’autant plus emblématique qu’il lui remémore Un est multiple, sa toute première exposition. Elle a été organisée par la galerie Cécile Fakhoury. Celle-ci promeut l’art contemporain en Afrique. Elle a ouvert ses portes à Abidjan en 2012 avant de s’étendre à Dakar puis Paris.

A l’été 2020, l’équipe de galeristes repère les publications d’Elladj Lincy Deloumeaux sur son compte Instagram. Six mois plus tard, le Guadeloupéen collabore avec elle.

"C’était la première fois qu’un artiste-peintre qui n’a pas une nationalité africaine était exposé", explique Francis Coraboeuf, le responsable du show-room parisien de la galerie Cécile Fakhoury.

"C'est un artiste très jeune et pourtant dans son travail, il y a déjà quelque chose de très fort, une grande douceur, un travail des couleurs incroyable. Il recherche à travers ses peintures une forme de nostalgie. Comme il parle des spiritualités caribéennes, guadeloupéennes et leurs racines ouest-africaines, pour nous il y avait un lien qui existait. Et c'était ce lien-là qu'on voulait montrer à notre public en Côte d'Ivoire", poursuit Francis Coraboeuf.

La Guadeloupe est souvent présente dans les tableaux d’Elladj Lincy Deloumeaux. Il y transpose ses souvenirs d’enfance et le fruit de ses lectures. Dans sa bibliothèque, des écrivains antillais comme Aimé Césaire, Frantz Fanon et Edouard Glissant. "Ces auteurs m'ont permis de structurer ma pensée", précise-t-il sans oublier le Sénégalais Cheikh Anta Diop. Prochaines étapes pour l’étudiant : décrocher sa licence en juin 2021 et préparer d’autres expositions. On pourra y voir ses photographies. L’artiste est un touche-à-tout. Passionné de biologie et de médecine, il a mené des études scientifiques avant de devenir qualiticien.

J'ai travaillé pendant un an dans le milieu de la qualité et la sécurité agro-alimentaire et je ressentais ce besoin de pouvoir exprimer pleinement ma créativité. Je ne parle pas de reconversion professionnelle, mais d'évolution professionnelle. Tout ce que j'ai appris me sert dans mes toiles. La manière dont je compose, la manière dont je raconte certaines choses.

Elladj Lincy Deloumeaux


Des histoires souvent visibles en grand format comme cette scène sur la plage de Grand-Bassam. La toile mesure 1,95 mètre sur 2,60 mètres. Heureusement le salon familial est suffisamment grand.