Des centaines d'espèces menacées d'extinction dans les Outre-mer

À l'occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature en France (UICN), dresse pour la première fois les résultats complets de la liste rouge des espèces menacées dans l'Hexagone et en Outre-mer. 

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature en France, avec le Muséum national d’Histoire naturelle, dévoile les résultats de la liste rouge des espèces menacées en France. Au total, depuis 13 ans, 13 842 espèces ont été évaluées dans l'Hexagone et dans les Outre-mer et le bilan indique qu'aujourd'hui 2 340 sont menacées et 187 ont disparu de France ou sont déjà éteintes au niveau mondial. 

"La liste rouge nationale est un outil scientifique qui sert à déclencher des actions. L'objectif, c'est de tirer la sonnette d'alarme pour les espèces les plus menacées", affirme Florian Kirchner, chargé des programmes "Espèces" à l'UICN. 

Forian Kirchner

 

Dans les Outre-mer, le bilan n'a rien de rassurant. L'érosion de la biodiversité continue de s'aggraver. Plus d’un tiers des espèces d’oiseaux de La Réunion, par exemple, sont menacées ou ont déjà disparu de l’île, et un tiers des oiseaux nicheurs en Guadeloupe. Le tableau ci-dessous indique le pourcentage des espèces en danger sur les différents territoires d'Outre-mer: 

 

La Réunion

À La Réunion, 165 espèces de la faune réunionnaise sont menacées, avec notamment plus d’un tiers des espèces d’oiseaux dont certains ont déjà disparu de l’île. Même constat pour les trois reptiles terrestres, les tortues marines, les poissons et macro-crustacés d’eau douce, les papillons de jour (14 %), les libellules et demoiselles (21 %) où la menace se précise chaque année davantage. Concernant la flore, 30 % des plantes vasculaires indigènes sont menacées et 15 % des coraux constructeurs. 

Guyane

Au sein des forêts, des savanes et des marais, dans les rivières, les mangroves ou le domaine marin, la faune de Guyane compte plus de 1 500 espèces de vertébrés. L’état des lieux réalisé montre que 166 d’entre elles sont menacées et met en évidence les principales pressions pesant sur la faune et ses habitats naturels. 13 % des oiseaux et des poissons d'eau douce sont menacés, 10 % des reptiles terrestres et 16 % des mammifères marins.

Martinique

La Martinique et son patrimoine naturel exceptionnel présente une grande fragilité. L’analyse de la situation menée sur 427 espèces indigènes indique que près de 15 % d’entre elles sont menacées dont 47 % des reptiles, 28 % des mollusques et 21 % des oiseaux. Au total, 15 espèces ont déjà disparu, 62 sont menacées et 56 autres sont quasi menacées. 

162 espèces de la flore sont également menacées. Parmi elles, la Liane à canots (Tanaecium crucigerum) et le Banga (Acrocomia karukerana) sont classés “En danger critique”. Le Bois chandelle (Zanthoxylum spinifex) et l’orchidée Oncidium altissimumsont en catégorie “Vulnérable”. Le Caca-ravet (Cybianthus dussii) et le Bois-moussara (Drypetes dussii), tous deux endémiques de l’île, ont été classés “En danger”.

Mayotte

L’analyse inédite conduite sur la flore de Mayotte montre que 43 % des espèces sont menacées. Le Martinet noir africain, une espèce nicheuse, ou le Héron de Humblot sont classés “En danger”. Le Crabier blanc, autre oiseau nicheur, est classé “En danger critique”, et le Drongo de Mayotte, espèce endémique de l’île, est en catégorie “Vulnérable”. Au total, 25 % des oiseaux nicheurs de Mayotte sont menacés.

Cinq reptiles parmi les 12 espèces indigènes sont menacés. C’est le cas de la Couleuvre de Mayotte, un serpent endémique de l’île classé “En danger critique”, ou du Gecko diurne à bandes noires, classé en catégorie “Vulnérable”. Mayotte héberge également deux espèces d’amphibiens, toutes deux endémiques et figurant en catégorie “Quasi-menacée”.

Enfin, 12 % des coraux présents autour de l'île sont menacés.  

Guadeloupe

Parmi les oiseaux menacés en Guadeloupe, la Grive à pieds jaunes et l’Organiste louis-d’or sont classés “Vulnérables”, le Dendrocygne des Antilles est “En danger” et le Martin-pêcheur à ventre roux “En danger critique”. Le Pic de la Guadeloupe, endémique de l’archipel, est quant à lui classé “Quasi menacé”.

Située au cœur d’un “point chaud” de la biodiversité mondiale, la Guadeloupe présente un patrimoine naturel extrêmement riche, mais d’une grande fragilité. L’analyse de la situation de chacune des 1 706 espèces de la flore vasculaire indigène montre que 15% d’entre elles sont menacées.

De nombreuses menaces apparaissent au terme de l’évaluation qui a porté sur l’ensemble de la flore vasculaire (fougères, arbres, orchidées et autres plantes à fleurs). Au total, au moins 5 espèces ont déjà disparu, 256 sont menacées et 110 autres sont quasi menacées.

Polynésie

Les îles et atolls de Polynésie française hébergent une biodiversité exceptionnelle, marquée par une faune et une flore riches et diversifiées. Au terme d’un vaste état des lieux mené durant trois ans par un panel de spécialistes, la situation se révèle très préoccupante : deux tiers des plantes endémiques et la moitié des oiseaux apparaissent menacés.