Pour eux, c’est l’apogée de trois années de travail acharné. Tous en 3ᵉ, les 19 élèves de la Klass’Art du collège Simon Lucas d’Etang-Salé avaient hâte de débarquer dans la capitale. Pour certains, c’est la première fois qu’ils prennent l’avion pour une aussi longue distance, pour d’autres, c’est une première à Paris. "C’est incroyable d’être ici avec tout le monde, on est une grande famille. Paris c’est grand ! Ça fait bizarre", observe Clément, les yeux rivés sur la Tour Eiffel.
En ce jeudi matin, les collégiens accompagnés des quatre encadrants se massent sur la place du Trocadéro, au cœur de la capitale. "Allez, on se prépare et on se met en place !", lance Jean-Pierre Lignon, professeur d’EPS qui a contribué à l’élaboration de la Klass’Art. Tous en position, les 19 élèves entament dans une chorégraphie en hommage à l’Ukraine.
"Ce sont tous des néophytes, il y a trois ans, ils ne dansaient pas !", jubile le professeur d’EPS.
Concept "inédit"
Peinture, musique, danse et théâtre tous les vendredis après-midi, la Klass’Art se veut très diversifiée sur l’apprentissage des disciplines artistiques. Des sorties en dehors du temps de cours sont aussi organisées pour aller voir des spectacles sur l’île de La Réunion.
Pendant leurs cours d’EPS, Jean-Pierre et Jakie Lignon ont commencé par intégrer de la danse. Deux ou trois flashs-mob dans le collège plus tard, ils se sont lancés dans l’élaboration de la Klass’Art.
C’est inédit, car tous les arts sont abordés dès le collège. On a essayé de titiller leur curiosité, leur envie de s’émouvoir.
Jean-Pierre Lignon, professeur d'EPS à l'initiative de la Klass'Art
Et ça marche. D’après Romane, la Klass’Art apporte aussi de "la confiance en soi" et permet de faire "autre chose" le vendredi après-midi. "Sortir du cadre scolaire, je trouve ça incroyable comme opportunité", relate l’adolescente de 14 ans. Le concept réunis des élèves de tous niveaux scolaires, de tous horizons et est ouvert aux jeunes en situation de handicap. "Il a fallu casser des barrières pour monter ce projet. En plus de convaincre le principal et le rectorat de nous suivre, il a aussi fallu convaincre que c’est possible d’avoir des élèves qui souffrent d’un handicap et de les intégrer de la même manière", raconte le professeur d’EPS. Finalement, le rectorat et le département de La Réunion ont soutenu le projet, qui a été reconnu comme projet pédagogique innovant par le rectorat et leur projet de voyage comme "projet remarquable" par le département.
Direction les colonnes de Buren pour une nouvelle prestation dansée, cette fois-ci sur du Maloya.
Les élèves de La Réunion se sont ensuite produits à côté de la pyramide du Louvre, sur une musique hybride, entre classique et musique urbaine.
Une rencontre marquante
"Aujourd’hui, des élèves qui n’ont jamais fait de théâtre ou de danse s’intéressent à des métiers liés à l’art ou la culture", constate Jean-Pierre Lignon.
L’effet Klass’Art se fait ressentir pendant ce voyage parisien, surtout lorsqu’ils rencontrent le chorégraphe Rodolphe Fouillot, danseur de classique et de danse contemporaine. C’est lui qui a inspiré le couple de professeurs dans leur projet, avec son documentaire De rage et de danse. "C’est un moment incroyable, Rodolphe est quelqu’un qui nous semblait évident de rencontrer. C’est une satisfaction de partager ce cours avec lui, que les élèves rencontrent ses élèves", sourit Jakie.
"Sans le projet, j'aurais eu trop la flemme d'aller vers l'art directement, mais je pense que ça m'aurait attirée quand même", évoque Lilas, une élève de 14 ans. La jeune fille aimerait être médecin plus tard, mais elle se verrait bien aussi artiste peintre. "Pourquoi pas être artiste oui !", enchérit Romane qui se projette en tant qu'architecte ou dans le droit.
Abattre les murs du collège et poser un regard critique sur les expositions d'art, c'est aussi possible à l'école, conclut Jean-Pierre Lignon. L'année prochaine, la Klass'Art n'est pas sûr de perdurer. "On se bat pour que ça continue, mais on a un changement de direction. L'envie est là, mais nous ne voulons pas revoir à la baisse nos idées, donc on fait le maximum pour trouver des subventions, des partenariats". L'équipe pédagogique du collège devrait avoir une réponse à leur retour sur l'île, d'ici là, il est encore temps de profiter un maximum de la capitale avec les élèves, jusqu'au dimanche 8 octobre.