Des peines de prison avec sursis pour les deux gendarmes qui avaient harcelé une collègue réunionnaise

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Deux gendarmes de l'Yonne ont écopé de 6 mois et 8 mois de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupable de harcèlement sexuel et moral sur une de leur subordonnée, originaire de La Réunion.

La 10ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a tranché. Les deux gendarmes, gradés, ont été reconnus coupables de harcèlement sexuel et moral sur leur collègue de 26 ans, une jeune gendarme originaire de La Réunion. Les deux gradés sont condamnés à 6 mois et 8 mois de prison avec sursis et l'un d'entre eux est interdit à vie d'exercer la profession de gendarme. Ils ont tous deux été condamnés à verser à la victime des dommages et intérêts pour harcèlement moral.

Rappel des faits

Les faits remontent à 2013. En poste à la brigade de gendarmerie de Joigny, dans l'Yonne, la jeune femme subit les avances et les propos graveleux de ces deux gradés. "Ça te dit un plan à trois?", "Fais-moi une pipe", "Les Réunionnaises sont chaudes du cul", "montre-moi ce que tu sais faire"... La liste des faits et des gestes reprochés est longue. "C'était normal, c'était habituel", avait expliqué la jeune femme lors du procès qui s'était tenu le 3 février dernier. L'un des deux prévenus s'autorisera même, confirme-t-elle, à "pointer son pistolet à deux reprises dans ma direction en disant : "clic, clic". Des accusations que la Présidente veut vérifier devant la gendarme en les qualifiant "d'une extrême gravité." Devant le tribunal, les deux gendarmes accusés ont reconnu que leur comportement pouvait être assimilé à du harcèlement.

"Plaisanteries et blagues salaces"

Durant l'enquête, l'adjudant, âgé 38 ans, et le maréchal des logis, âgé de 37 ans, avaient évoqué des "plaisanteries" pour l'un, des "blagues salaces" pour l'autre, tous deux niant formellement une forme de harcèlement. Le premier est qualifié par sa hiérarchie d'"excellent militaire". Le second, c'est l'inverse, "fainéant" et "obsédé par le sexe". "C'est à se demander comment il a pu rester gendarme si longtemps", s'était étonné la Présidente du tribunal correctionnel lors de l'audience.

Le Procureur avait requis un an de prison avec sursis pour les deux prévenus ainsi que des peines d'interdiction d'exercer le métier de gendarme de cinq ans pour l'un des prévenus et définitive pour l'autre.