Des portraits d'anciens ouvriers de l'usine Stella, à La Réunion, exposés dans une galerie d'art à Marseille

La 1ère à Marseille. François-Louis Athénas.
Depuis une trentaine d'années, le photographe réunionnais François-Louis Athénas parcourt le monde, et en particulier l'océan Indien, pour immortaliser des moments de vie, des histoires et des paysages. À partir du 14 octobre, il expose une série de portraits réalisés par plusieurs artistes dans sa galerie d'art de la place des Augustines, à Marseille. Parmi les œuvres présentées, il montrera les photos qu'il a prises d'anciens travailleurs de l'usine sucrière de Saint-Leu, fermée en 1978.

Un homme aux cheveux grisonnants et aux rides apparentes, habillé d'un chapeau noir et d'une chemise un peu froissée, fixe l'objectif de l'appareil. Ses mains, abîmées par le temps, sont posées sur les épaules d'un petit garçon à la peau plus claire que la sienne. C'est son petit-fils. Cette sublime photographie, sobre sur la forme, sur laquelle sont figés les deux personnages, trône en deux exemplaires sur le bureau de François-Louis Athénas, son auteur.

Série de portraits "Visages de l'usine", par le photographe réunionnais François-Louis Athénas.

Cette photo fait partie d'une série de portraits que le photographe réunionnais a récemment réalisé d'anciens ouvriers de l'usine sucrière Stella Matutina, située à Saint-Leu, dans l'ouest de La Réunion. L'établissement a fermé ses portes en 1978, laissant sur le carreau des dizaines d'ouvriers. Un drame social pour les travailleurs et leurs familles, mais aussi pour les quartiers alentours.

Dans ce portfolio intitulé "Visages de l'usine", dont certaines images seront exposées à partir du 14 octobre dans la Galerie des Augustines, à Marseille, François-Louis Athénas a voulu raconter le passé et le présent de ces Réunionnais, témoins de l'histoire économique et sociale de l'île. "Ces photos montrent qu'il y a une dignité du prolétariat", dit-il en admirant l'image.

La 1ère est partie à la rencontre de François-Louis Athénas à Marseille :

La1ere à Marseille : François-Louis Athénas, photographe ©Carl Behary-Laul-Sirder / Quentin Menu

Un observateur privilégié de La Réunion

Dans l'atelier où François-Louis reçoit, des photos en noir et blanc ornent les murs. Le fruit de trente ans de travail, commencé à La Réunion, et qui continue ici, à Marseille, où il s'est installé avec sa femme, Valérie, elle aussi photographe, en octobre 2020. Mais c'est en réalité à Paris que l'histoire de ce sexagénaire commence. En 1958, ses parents réunionnais sont installés dans la capitale lorsqu'il naît. Ce n'est qu'après ses études supérieures qu'il décide de s'envoler pour La Réunion.

Petit-fils de l'écrivain Georges Athénas, connu sous le nom de plume Marius Leblond, prix Goncourt 1909 pour le roman En France, François-Louis a toujours baigné dans le milieu culturel. Mais c'est d'abord dans la communication et la publicité qu'il se lance. Avant de revenir à sa passion, la photographie.

Son premier travail photographique commence dans une usine sucrière réunionnaise, dans les années 1990. Dans la lignée des décennies précédentes, de nombreux établissements de La Réunion ferment les uns après les autres. François-Louis décide de se rendre dans l'usine de Beaufonds, à Saint-Benoît, dans l'est de l'île. De cette journée, il en tire un premier portfolio, Le Dernier jour de Beaufonds.

En 1995, je suis allé photographier le dernier jour de cette usine. J'ai fait des portraits des ouvriers, je me suis promené dans l'établissement... À la fin de la journée, j'ai posé l'appareil photo et j'ai su que je ne ferai plus que ça.

François-Louis Athénas, photographe

Dernier jour dans l'usine de Beaufonds, à La Réunion, en 1995, photographié par François-Louis Athénas.

Un ouvrier de Beaufonds, à La Réunion, lors du dernier jour de l'usine en 1995, photographié par François-Louis Athénas.

Toujours muni de son appareil photo argentique, François-Louis Athénas a longtemps parcouru les îles de l'océan Indien, de Mayotte aux Seychelles, en passant par Maurice et Madagascar, sans oublier, bien entendu, son île, La Réunion. "Pendant vingt ans, j'ai été un observateur privilégié", estime-t-il.

Une galerie d'art dans Le Panier

Mais une fois leur dernière fille partie dans l'Hexagone pour suivre des études d'histoire de l'art, François-Louis et Valérie décident de prendre le large et de s'installer à Marseille, une ville qui "coche pas mal de cases quand on est Ultramarin".

Le couple, féru d'art, cherche alors à ouvrir une galerie dans leur nouvelle ville. En 2021, en se baladant dans Le Panier, vieux quartier de Marseille, ils tombent sur un espace à vendre, situé au rez-de-chaussée d'un ancien couvent construit au XVIIᵉ siècle. Comblés par les vieilles pierres et les poutres apparentes, ils achètent sans hésiter et ouvrent, près de deux ans plus tard, la Galerie des Augustines, sur la place des Augustines.

François-Louis Athénas et Valérie Boyer ont aménagé une galerie d'art dans une partie d'un ancien couvent du XVIIᵉ siècle situé place des Augustines, à Marseille.

Destinée à mettre en valeur les artistes, la galerie a déjà proposé plusieurs expositions depuis le début de l'année. La dernière en date, au mois de septembre, a présenté des dessinateurs venus du monde entier, mais ayant tous un lien avec La Réunion. À partir du 14 octobre, et jusqu'à l'arrivée de l'hiver provençal, fin novembre, la Galerie des Augustines accueillera un ensemble de portraits, dont ceux de François-Louis Athénas sur les anciens travailleurs de Stella. D'autres artistes réunionnais, dont Valérie, sa compagne, Églantine, sa fille, Le paon atypique ou encore Thierry Hoarau seront aussi exposés dans l'ancien couvent des Augustines.

Cet article fait partie d'une série de reportages à Marseille, où Outre-mer la 1ère s'est rendue pour y rencontrer la communauté ultramarine. Retrouvez l'ensemble des articles ici et nos vidéos sur Instagram.