Des sous-marins en eau trouble : L’Australie résiste aux pressions et confirme le choix des Shortfin Barracuda de DCNS

Sous-marin océanique Shortfin Barracuda de DCNS
La publication de données sensibles sur des bâtiments de type Scorpène vise sans doute à tenter de déstabiliser le grand programme franco-australien de sous-marins océaniques Shortfin Barracuda. 
Du nickel calédonien pour les coques en acier des bâtiments. D'une longueur de 97 mètres et de 4.000 tonnes pour un équipage de 60 sous-mariniers, le Shortfin Barracuda Block 1A est présenté par DCNS comme "le sous-marin à propulsion conventionnelle le plus avancé du monde" capable d'évoluer sur de longues distances et en plongée prolongée dans l'océan Pacifique. Vecteurs d'information et de dissuasion, ces sous-marins seront des instruments de puissance au service de la marine australienne dans son vaste environnement régional.

Des fuites pour torpiller le contrat du siècle ?

Selon le journal The Australian dans son édition du 24 août, le constructeur français DCNS a été victime d’une fuite d’informations. Les documents parvenus au journal australien datent de 2011. Les textes comportent des informations nombreuses sur le sous-marin Scorpène acquis par l’Inde et le Chili.
La Cour Suprême de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) a confirmé lundi 1er septembre la décision provisoire qu’elle avait rendue le lundi 29 août 2016 à l’encontre de The Australian. Le quotidien australien, qui a déjà supprimé, à la suite de cette première décision, les documents mis en ligne sur son site Internet remettra à DCNS l’ensemble des pièces en sa possession et se voit interdire la diffusion de tout nouveau document n’ayant pas vocation à être public.

Les documents qui ont été transmis à la presse australienne ne concernent pas les futurs sous-marins qui seront construits en Australie. Les Shortfin Barracuda sont des bâtiments furtifs de nouvelle génération. Si le quotidien national australien s’est intéressé à la question, c'est que DCNS a remporté le contrat pour équiper la marine australienne, même si le modèle de sous-marin n'est pas le même.

La part d'ombre des révélations

La transmission de ces documents à The Australian vise-t-elle à déstabiliser le constructeur français ? Une source bien informée et proche des milieux du renseignement indique à la 1ere.fr que " la fuite provient sans doute d'un des concurrents de DCNS pour le contrat australien. N'oubliez pas que le groupe français est candidat pour la livraison de sous-marins à la Norvège. L'affaire tombe à point nommé". 

L’Australie maintien le contrat

À l’occasion du G20, en Chine, le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a évoqué l’affaire qui embarrasse DCNS : « une sécurité absolument maximale, une sécurité totale, sur des informations de ce genre est essentielle ». Quelques heures plus tôt, le ministre australien de l’Industrie Christopher Pyne avait confirmé sur la radio ABC que « L’Australie ne renoncera pas à l’achat de 12 grands sous-marins océaniques au groupe français de construction navale DCNS ». Le montant total du contrat est de 50 milliards australiens (33,8 milliards d’euros). Toujours selon M.Pyne, « l’Australie n’a aucune raison de s’inquiéter de la fuite de données, car elles n’ont rien à voir avec les sous-marins de la série Shortfin Barracuda ». Le bâtiment est dérivé du nouveau modèle de sous-marin nucléaire d’attaque français. Cependant, le modèle australien n’est pas à propulsion nucléaire, mais diesel-électrique.

Coopération franco-australienne

Pour conclure sa visite en Nouvelle-Calédonie et dans le Pacifique Sud, le Premier ministre français Manuel Valls avait fait escale en Australie afin de symboliser « un partenariat pour 50 ans ». Le choix australien n’est pas seulement qualitatif et lié au savoir-faire français, il est aussi stratégique. Le contrat de DCNS permet d’importants transferts de technologie. Il vise aussi à renforcer le lien régional de défense et de sécurité. Un signe fort adressé à la France, pour lui confirmer l’importance de sa présence dans la région et son importance pour les voisins de la Nouvelle-Calédonie.
 

De l’acier inoxydable au nickel

Des centaines d’entreprises et de PME françaises sont des partenaires potentiels pour DCNS en Australie. Parmi eux figurent des métallurgistes calédoniens, la SLN du groupe Eramet à Nouméa ou KNS en Province Nord, tous deux spécialisés dans la production d’alliages métalliques de nickel et de fer. Ces alliages entreront dans la composition des coques des sous-marins océaniques Shortfin Barracuda. Ces structures seront composées d’acier inoxydable à haute limite d’élasticité, de type 80 HLES (4 à 5 % de nickel). Ces coques seront produites en Australie ou au Creusot en Bourgogne.