Diabète : une situation alarmante dans les Outre-mer

Test pour le diabète
De nouvelles études publiées par Santé Publique France révèlent un nombre de diabétiques de type 2 deux fois plus élevé en Guadeloupe, Martinique, Guyane et à La Réunion, que dans l’Hexagone.

Le diabète touche 537 millions de personnes dans le monde. Fléau international, cette maladie sévit particulièrement dans les territoires d’Outre-mer. À l’occasion de la journée mondiale du diabète, Santé Publique France publie dans son bulletin hebdomadaire de nouveaux chiffres sur cette affection et son impact en Guadeloupe, Martinique, Guyane et à la Réunion. Les conclusions ? Le nombre de cas de diabète est deux fois supérieur dans ces territoires que dans l’Hexagone. Plus précisément, ce taux de prévalence (nombre de personnes atteintes par cette maladie par rapport à la population totale) s’élève à 12% en Guadeloupe, 11,5% en Martinique, 11,6 % en Guyane et 13,6 % à La Réunion, là où il concerne 5,7% de la population dans l’Hexagone.  

Une situation alarmante, déjà connue par les pouvoirs publics depuis des années. Cette publication apporte pourtant un éclairage nouveau sur les spécificités de cette maladie dans les territoires d’Outre-mer. "Il y a une réelle prédominance féminine pour cette maladie, alors que les hommes sont majoritaires dans l’Hexagone, détaille Sandrine Fosse-Edorh, épidémiologiste et coordinatrice de ces études. Et en Guyane et à La Réunion, il y a davantage de jeunes avec une corpulence plus faible." 

Des comportements nutritionnels défavorables 

Le diabète de type 2, qui concerne 90 % des patients atteints de cette maladie, se traite principalement par des médicaments et des mesures d’hygiène, contrairement au diabète de type 1 qui requiert l’apport d’insuline. Ce type de diabète, majoritaire et sur lequel se concentre l’étude, est notamment favorisé par une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique, un surpoids, mais aussi des inégalités sociales. 

On observe des comportements nutritionnels défavorables dans ces territoires, avec une transition nutritionnelle qui s’est fait rapidement et profondément. Par exemple, on peut noter une forte consommation de boissons sucrées et une plus faible consommation de légumes.

Sandrine Fosse-Edorh, épidémiologiste.

Les chercheurs de Santé Publique France soulignent que la population réunionnaise "cumule les facteurs de risque importants". Pour ce territoire, qui possède le plus haut taux de personnes diabétiques (13,6%) parmi les quatre étudiés, la lutte contre cette maladie est une question de santé publique. Lundi, une opération de dépistage a été menée au sein de 60 administrations pour détecter un probable diabète chez les fonctionnaires de l’île. L’agence régionale de la santé de La Réunion a également lancé en 2020 un plan d’actions intitulé “Programme réunionnais de Nutrition et de lutte contre le diabète”. 

"Il y a une meilleure sensibilisation dans les DROM, il faut poursuivre cet élan", note l’épidémiologiste qui invite les acteurs locaux à "s’emparer de ces nouveaux éléments pour conduire une politique". Avec une prise en charge précoce, les patients sont moins susceptibles d’être victimes de complications. Dans ces quatre territoires d’Outre-mer, les "complications chroniques" restent plus fréquentes qu’en métropole.