En Nouvelle-Calédonie, la proportion de femmes victimes de violences de la part de leur conjoint est encore presque dix fois plus élevée que dans l'Hexagone. Un constat est d’autant plus terrible que partout dans le monde la parole des femmes se libère et les langues se délient.
Ces femmes "bombardées", selon l’expression locale pour parler de la violence faite aux femmes, osent enfin pousser les portes d'un commissariat et porter plainte contre leurs bourreaux.
Une réalité visible dans les foyers d'hébergement et les structures d'accueil d'urgence, où les victimes se réfugient. Ces femmes luttent pour reprendre leur vie en main et pour que les futures générations n'aient plus à vivre cela.
Donner la parole aux femmes
C’est lors d’un premier documentaire qu’elle réalise en Nouvelle-Calédonie que la réalisatrice Florence d’Arthuys constate la violence entrainée par l’alcool et la consommation de cannabis et voit ce que subissent certaines femmes. Elle décide alors de leur consacrer un documentaire : "Bombardées". Une formule explicite qui décrit ce qu’elles endurent, tant physiquement que psychologiquement. Pendant plusieurs mois, elle va d’abord enquêter, puis vivre avec les femmes au foyer Béthanie, le seul centre à Nouméa qui les héberge et les aide à se réinsérer. Petit à petit, la documentariste parvient à les convaincre de témoigner.
Des témoignages poignants pour rendre visible l'invisible
Dans ce documentaire, plusieurs femmes prennent la parole. L’une d’entre elles raconte les violences subies pendant plus de 40 ans avant de trouver le courage de partir ; une autre a été sauvée par ses enfants en empêchant leur père de continuer à la frapper. Une autre encore raconte son calvaire : genou détruit, doigts à la barre à mine…
Les violences touchent toutes les femmes quel que soit leur niveau social ou leurs origines. Mais les femmes mélanésiennes doivent aussi faire face à d’autres problèmes. En se mariant, elles quittent leur clan pour celui de leur mari. Les enfants appartiennent au clan du père et la coutume interdit aux femmes de revenir dans leur propre famille. Autant de traditions liées à la tribu qui s’ajoutent à la problématique des femmes victimes de violences.
Ce documentaire a été présenté au FIFO (Festival international du film documentaire océanien) en 2020.
Production : Têtemba Productions, aaa production, Nouvelle-Calédonie la 1ère
Réalisation : Florence d’Arthuys
Durée : 52 minutes