Ils sont 40 000 à quitter chaque année les Antilles-Guyane, l'océan Indien, l'océan Pacifique ou Saint-Pierre et Miquelon.
Pour un jeune d'Outre-mer, c'est souvent une véritable aventure que de partir étudier en France hexagonale. Il s’agit aussi fréquemment d’un choix par défaut car de nombreux cycles universitaires n'existent pas dans leur territoire.
À la difficulté pour ses jeunes de se retrouver loin de leur famille s’est rajoutée depuis 2020 la crise sanitaire. Nombres d’entre eux ont dû affronter l'épidémie de Covid-19 à des milliers de kilomètres de leurs proches. Brusquement isolés avec l’arrêt des cours, quasi seuls dans des cités universitaires désertées, comment ces étudiants ont-ils vécu cette situation difficile ?
Quatre trajectoires de vie
Pour ce documentaire, Adèle Prugnaud et Isabelle Vayron, les réalisatrices, ont suivi durant quatre mois de Rouen à Nice en passant par Bordeaux et Nanterre, quatre étudiants ultramarins. Ce sont quatre trajectoires de vie qui se dessinent avec les portraits de ces étudiants.
C’est censé être les plus belles années de notre vie. Les passer derrière un écran dans 9m2, c’est pas possible
Avant le COVID, je ne voyais pas les 9m2. J’allais en cours, j’avais une vie sociale, je rentrais juste dormir.
Audrey est venue étudier à Nice car sa filière n’existait pas en Martinique. Elle supporte assez mal de travailler et d’habiter au même endroit. La solitude lui pèse, elle se rend de temps en temps dans un espace de coworking pour se sentir moins seule.
Première année dans l'Hexagone à Rouen pour Benjamin, qui a intégré une école d’ingénieur après deux années de classe prépa à La Réunion. Loin de sa famille et dans l’impossibilité de rentrer chez lui, lors d’un gros coup de blues, il a passé des commandes sur internet et a dépensé beaucoup d’argent mettant à mal son modeste budget d'étudiant.
Je n’avais personne à qui en parler, j’avais honte.
À Bordeaux, Hiné, la Tahitienne, continue d’avancer malgré tout. Petit à petit, elle pose des jalons pour mener à bien son projet de création d'entreprise. Consciente qu'il lui serait difficile de retourner en Polynésie à cause de la distance et du coût du voyage pendant ses études, elle avait choisi d'être installée confortablement. Elle a peut-être ainsi moins souffert du confinement. La situation sanitaire l'a probalement encore plus motivée pour mener à bien son projet.
Un film d’Adèle Prugnaud et Isabelle Vayron
Production : Caméra One Télévision
Durée : 52 minutes - 2021