Par un bel après-midi d’octobre, la vie de Jeanne a basculé dans l’horreur en quelques secondes sous la violence et la furie de son agresseur.
Son sexe est devenu une arme tranchante… Je suis là tel un animal qui fait le mort pour survivre. C’est fini… Il m’a tuée mais je respire encore.
Jeanne Raboutet
En Nouvelle-Calédonie, une femme sur huit a été victime d’attouchements sexuels, de tentative de viol ou de viol avant l’âge de 15 ans. Le taux des violences physiques et sexuelles est 7 fois plus élevé que dans l'Hexagone. Comment survivre à un viol ? Comment dépasser le cercle des émotions qui emprisonne les femmes dans un corps meurtri et bafoué ? Comment se reconstruire ?
Le récit d'une renaissance
Dans ce film, Jeanne Raboutet raconte le long chemin qu'elle a parcouru pour ne plus être l'ombre d'elle-même, pour enfin sortir du statut de victime et redevenir femme.
Jeanne est passée par tous les états de détresse et les émotions qui accompagnent les femmes violées : la sidération, la panique, la honte, la peur, la colère, le déni, le dégoût, la haine.
Elle a commencé à se reconstruire à travers l'écriture en racontant son histoire sous le pseudonyme de Mafalda. Jeanne a écrit deux romans qui racontent son histoire. Dans Le soleil finit toujours par nous lever, elle raconte le viol et les troubles émotionnels et psychologiques qu’elle a dû affronter. Pardon Madame, son deuxième opus retrace, quant à lui, le procès du violeur et son expérience dans le cadre de la justice restaurative.
Transmettre l'espoir d'un renouveau
Longtemps, Jeanne s’est cachée derrière un pseudonyme pour dire l’innommable. Aujourd’hui, elle a réussi à se reconstruire, elle a repris son travail et elle s’investit au sein d'associations pour partager son histoire avec les femmes victimes de violences physiques et sexuelles.
Elle organise des ateliers thérapeutiques qui s'occupent de l'accueil de femmes violentées. Elle a voulu à son tour aider des femmes à s'en sortir. Elle transmet à ces femmes des outils qui ont été efficaces pour elle sur le chemin vers la guérison. Cette association héberge aussi un groupe de paroles qui permet aux victimes de sortir de l'enfermement, une véritable fenêtre ouverte où se décharger de ses fardeaux.
Le fait d'aider l'autre est aussi très important dans la reconstruction parce que cela nous permet de se redonner confiance.
Jeanne Raboutet
La question du pardon
Mon destin restait lié à celui qui m’avait immolée vivante sur l’autel de ces perversions, même si je le savais derrière les barreaux. Cette haine me rongeait de l’intérieur, à tel point qu’elle prenait toute la place. J’avais peur de me réveiller un matin et de ne plus savoir qui je suis. Il fallait que je me débarrasse de ce poison mortel pour redevenir moi. Je savais que la solution était le pardon. Mais en serais-je capable ?
Jeanne Raboutet
Peut-on pardonner à son agresseur, comment et pourquoi ? Sur les conseils de son avocate, Jeanne intègre un programme de justice restaurative pour aller à la rencontre de son agresseur. Elle a été la première femme violée à participer à ce programme en Nouvelle-Calédonie.
Passer de l'ombre à la lumière, c'est Jeanne, cette femme déterminée à se reconstruire pour ne pas rester une victime et pour enfin renaître et vivre.
Documentaire inédit
Auteures : Christine Della-Maggiora et Jeanne Raboutet
Réalisatrice : Dominique Roberjot
Production : Latitude 21 Pacific
Avec la participation de France Télévisions
Durée : 52 min - 2022