DOCUMENTAIRE. À La Réunion, la vanille est une affaire de femmes

La culture de la vanille bourbon est emblématique de La Réunion. L’orchidée Vanilla planifolia est aujourd’hui indissociable du territoire et de son histoire en partie grâce aux femmes. D'abord marieuses, trieuses et préparatrices, les Réunionnaises se sont approprié la culture de la vanille. Que seraient les arômes capiteux de la vanille sans l'intervention de ces mains expertes féminines ?

La Réunion a vu, depuis deux siècles, fleurir sur l'île une culture devenue emblématique, celle de la vanille Bourbon. L’orchidée Vanilla planifolia est aujourd’hui indissociable du territoire et de son histoire en partie grâce aux femmes. Celles-ci sont au cœur du processus de sa transformation, dès la genèse. Qu’elles soient "marieuses ", c'est-à-dire chargées de la pollinisation de l'orchidée vanille, trieuses ou préparatrices, les femmes ont au fil du temps progressé dans la hiérarchie. Elles se sont professionnalisées et sont devenues peu à peu expertes dans la culture de cette orchidée capricieuse mais plus qu’admirable.

Le geste de "la marieuse" chargée de féconder la fleur de vanille est l'un des plus importants dans la culture de la vanille.

Au fil des ans, les producteurs réunionnais ont développé une connaissance très précise de la culture de cette orchidée singulière. Ils sont à l’origine d’une technique de fécondation inventée au XIXe siècle, et ont également mis au point un système de transformation de la vanille par mortification et étuvage.
En 1841, Edmond Albius, un esclave botaniste en herbe, trouve le secret de la fécondation manuelle, en soulevant avec une pique la cloison séparant les organes mâles et femelles de la fleur. Puis inspirés par les techniques mexicaines, Ernest Loupy et David de Floris ont mis au point le procédé de fabrication : les gousses sont plongées dans une eau à 65 °C puis disposées dans des caisses couvertes, où elles obtiennent leur couleur brune.

Les Sœurs Vanille

Les sœurs Appavoupoullé.

À partir des années 30 et jusque dans les années 70, les cinq sœurs Appavoupoullé, propriétaires d’une vanilleraie à Saint-André, développent la culture de la vanille Bourbon et l’exportent avec un éclatant succès. Surnommées à La Réunion "Les Sœurs Vanille", elles rendent la vanille célèbre dans le monde entier. Plus important encore, elles donnent aux femmes une place de première importance dans un monde agricole jusque-là exclusivement masculin.

Les sœurs Appavoupoullé en train de trier la vanille

Une affaire de femmes

Inspirées par leurs glorieuses aînées, aujourd'hui à La Réunion, des productrices de vanille tentent courageusement de défendre cette place, apportant la preuve que la culture de l’orchidée est toujours et peut-être avant tout une affaire de femmes.

De gauche à droite et de haut en bas : Maryse Mounier (productrice à Sainte-Rose), Nicole Lechnig, cofondatrice de l’atelier de vanille "L’Escale Bleue" et Juliette Masson, productrice à Bras-Panon

Ce documentaire dresse le portrait de trois de ces agricultrices "nouvelles sœurs Vanille". On y croise aussi d’autres femmes qui, elles aussi, sont de véritables ambassadrices de la précieuse vanille. Élue, ethnobotaniste ou cheffe pâtissière, elles font chacune à leur manière vivre la précieuse gousse. Elles soutiennent aussi le combat des femmes qui cultivent ce produit de luxe dont le bouquet aromatique subtil et délicat est prisé en gastronomie par de nombreux chefs et pâtissiers.

Écriture et réalisation : Nina Barbier
Production : Ma drogue à moi, avec la participation de France Télévisions et Réunion la 1ère et le soutien du Centre National du Cinéma et de l'image animée
Durée : 52 min
2023