En août 2019, le chef de l’État appelait les maires à baptiser des rues du nom de soldats des anciennes colonies qui ont combattu pour la France. Où en est-on un an plus tard, alors qu’une pétition vient d’être lancée et qu’un hommage est rendu à ces combattants samedi à Paris ?
Le 15 août 2019, lors du 75ème anniversaire du débarquement de Provence, le chef de l’État appelait, depuis Saint-Raphaël dans le Var, à (re)nommer des rues en hommage aux soldats d'Afrique et des Outre-mer qui ont participé à la Libération au sein de l’Armée française.
Presqu'un an plus tard, alors que des statues ont été prises pour cibles à travers le monde, des rues portant le nom d'anciens négriers remises au coeur du débat mémoriel, des manifestions anti-racistes organisées, Outre-mer la 1ère s'est demandé si cet encouragement du chef de l'Etat avait été entendu et si un changement avait opéré.
En 2016 déjà, la conseillère municipale de Bondy avait rassemblé plus de 60 000 paraphes "pour la naturalisation des tirailleurs sénégalais". Son souhait avait, alors, été réalisé par François Hollande, son combat pour la reconnaissance et la mémoire a, lui, continué par la suite.
Dans la même veine, des associations comme Mémoires et partages ont lancé "un guichet des héros des colonies à honorer", une plateforme informative sur les "résistant-e-s méconnu-e-s", mise à la disposition des maires pour les accompagner dans le processus de renommer les rues de leur commune en hommage à ces héros morts pour la France lors des différents conflits.
"Beaucoup de maires ont émis le souhait de le faire, beaucoup attendaient le livret", précise Aïssata Seck, à l'origine d'un projet similaire à Bondy, autre commune de Seine-Saint-Denis. Celle qui était alors adjointe au maire et désormais conseillère municipale dans l’opposition tient à rendre hommage aux tirailleurs sénégalais, comme son grand-père. Une vingtaine d’entre eux habite la commune. L’inauguration de cette place était envisagée en mai 2021. Reste à savoir comment la nouvelle équipe municipale va s’emparer du projet.
Quelques jours plus tard, c’est lors d’un événement à l’Elysée que la militante interpellait de nouveau le président de la République qui s’engageait à organiser une cérémonie hommage le 15 août suivant, date qui marquait les 75 ans du débarquement en Provence auquel participait des dizaines de milliers de soldats des troupes coloniales.
Écoutez l'échange entre Aïssata Seck et Emmanuel Macron à l'Élysée en juillet 2019 :
Deux mois plus tard, 160 responsables associatifs, intellectuels et personnalités décidaient d'adresser une lettre ouverte aux maires de France et des Outre-mer pour que 400 000 "grands oubliés de l'Histoire" soient enfin reconnus.
Presqu'un an plus tard, alors que des statues ont été prises pour cibles à travers le monde, des rues portant le nom d'anciens négriers remises au coeur du débat mémoriel, des manifestions anti-racistes organisées, Outre-mer la 1ère s'est demandé si cet encouragement du chef de l'Etat avait été entendu et si un changement avait opéré.
Une pétition
Pour Aïssata Seck, les choses prennent trop de temps. Le 15 juillet 2020, cette militante et petite fille de tirailleur sénégalais a lancé une pétition : "Maires de France : nommez des rues en hommage aux héros oubliés des colonies". Adressée à François Baroin, président de l'Association des Maires de France (AMF), elle a reçu plus de 15 000 signatures, après une semaine en ligne.En 2016 déjà, la conseillère municipale de Bondy avait rassemblé plus de 60 000 paraphes "pour la naturalisation des tirailleurs sénégalais". Son souhait avait, alors, été réalisé par François Hollande, son combat pour la reconnaissance et la mémoire a, lui, continué par la suite.
100 noms à disposition des maires
Fin juin 2020, le ministère des Armées a distribué un livret à quelques parlementaires. Il devrait être accessible prochainement en ligne pour permettre aux maires de choisir, parmi une centaine de noms de soldats, ceux qui pourraient être attribués à une rue ou une place parce que leur histoire est liée à la commune. "L'important, c'est qu'un travail de mémoire soit fait", insiste Aïssata Seck qui a en tête des projets pédagogiques ou des actions citoyennes, notamment.Dans la même veine, des associations comme Mémoires et partages ont lancé "un guichet des héros des colonies à honorer", une plateforme informative sur les "résistant-e-s méconnu-e-s", mise à la disposition des maires pour les accompagner dans le processus de renommer les rues de leur commune en hommage à ces héros morts pour la France lors des différents conflits.
L’exemple de Pierrefitte-sur-Seine
L’appel du président de la République le 15 août 2019 avait rapidement trouvé un écho à Pierrefitte-sur-Seine. Le maire de la commune s'est aussitôt engagé à donner le nom d’un soldat de l’empire colonial, à une place de cette ville de Seine-Saint-Denis qui compte 30 000 habitants. Des élèves de la commune ont été associés au projet, c’est eux qui ont choisi le nom de la nouvelle place, dans le cadre d’un grand travail mémoriel en lien avec la mairie. L’inauguration, prévue le 8 mai, a été repoussée à cause du confinement lié au coronavirus."Beaucoup de maires ont émis le souhait de le faire, beaucoup attendaient le livret", précise Aïssata Seck, à l'origine d'un projet similaire à Bondy, autre commune de Seine-Saint-Denis. Celle qui était alors adjointe au maire et désormais conseillère municipale dans l’opposition tient à rendre hommage aux tirailleurs sénégalais, comme son grand-père. Une vingtaine d’entre eux habite la commune. L’inauguration de cette place était envisagée en mai 2021. Reste à savoir comment la nouvelle équipe municipale va s’emparer du projet.
Bataille pour des hommages
Samedi 25 juillet, l’Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais organise une cérémonie sous l’arc de Triomphe à Paris : défilé, dépôt de gerbe, rallumage de la flamme… L’hommage doit débuter à 17h30, en présence, notamment, d'anciens tirailleurs, de représentants de la Polynésie et de Madagascar, d'une fanfare africaine et de plusieurs élus. Exceptionnellement, Aïssata Seck a prévu de prendre la parole pour clore l’événement, presque un an jour pour jour après avoir interpellé Emmanuel Macron dans une tribune cosignée par une vingtaine de personnalités sur le manque de reconnaissance pour ces combattants.Quelques jours plus tard, c’est lors d’un événement à l’Elysée que la militante interpellait de nouveau le président de la République qui s’engageait à organiser une cérémonie hommage le 15 août suivant, date qui marquait les 75 ans du débarquement en Provence auquel participait des dizaines de milliers de soldats des troupes coloniales.
Écoutez l'échange entre Aïssata Seck et Emmanuel Macron à l'Élysée en juillet 2019 :
Deux mois plus tard, 160 responsables associatifs, intellectuels et personnalités décidaient d'adresser une lettre ouverte aux maires de France et des Outre-mer pour que 400 000 "grands oubliés de l'Histoire" soient enfin reconnus.