L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) vient de publier des études spécifiques concernant la consommation de produits psychoactifs chez les lycéens des Antilles-Guyane. Synthèse.
Philippe Triay•
« Quels sont les niveaux d’expérimentation des principales substances psychoactives des lycéens de ces territoires ? Comment évoluent ces usages de la classe de seconde à celle de terminale ? Sur quels points les lycéens guadeloupéens, guyanais ou martiniquais se différencient-ils de leurs homologues de métropole ? ». Telles sont les questions auxquelles ont tenté de répondre l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et les observatoires régionaux de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique à travers trois enquêtes publiées récemment. Dans les trois départements, ces études portent principalement sur les consommations de cigarettes et cigarettes électroniques, de cannabis, d’alcool et de substances illicites ou détournées.
Guadeloupe
Concernant la Guadeloupe, le rapport de l’OFDT note que « les expérimentations de tabac, de cannabis et plus encore d’alcool sont largement partagées par les garçons et les filles. Cependant, les expérimentations parmi les lycéens de l’académie de Guadeloupe se révèlent globalement moins importantes que celles mesurées dans l’Hexagone, exception faite des boissons alcoolisées dont la diffusion est légèrement plus importante. »
L’étude relève par exemple que le niveau d’expérimentation de cigarettes en Guadeloupe est bien inférieur (50 %) au niveau moyen du reste du territoire national (60,9 %). Pour les usages récents, les filles sont deux fois moins nombreuses à en avoir consommé au cours du dernier mois en Guadeloupe que dans l’Hexagone. « Le tabagisme quotidien concerne seulement 6,8 % des lycéens guadeloupéens, contre 23,2 % des lycéens de l’Hexagone ». De même, la chicha et la cigarette électronique y sont moins répandues. Et les niveaux d’usage de cannabis, que ce soit expérimentation, au cours de l’année ou du mois, sont significativement moindres. Niveau d’accessibilité perçue du tabac, de la bière, des spiritueux et du cannabis (en %) en Guadeloupe.
Pour les substances illicites autres que le cannabis (amphétamines, ecstasy, cocaïne, crack, champignons hallucinogènes, LSD, héroïne et GHB), « leur expérimentation concerne un peu plus de 7 % des lycéens de la Guadeloupe et ne diffère pas d’un point de vue statistique de celle observée dans l’Hexagone (9 %). On notera la proximité des niveaux d’expérimentation de ces substances des lycéens et lycéennes, illustrant un rapprochement des usages constaté dans d’autres régions de France », indique l’étude.
Guyane
En Guyane, l’expérimentation de l’alcool est largement partagée par les lycéens, dans une proportion plus importante que pour les élèves de l’Hexagone, selon l’OFDT. « Les expérimentations de tabac et de cannabis sont en revanche bien moins fréquentes chez les lycéens guyanais que chez les lycéens de l’Hexagone. Alors que l’expérimentation de l’alcool est aussi fréquente chez les Guyanaises que chez les Guyanais, les garçons sont davantage susceptibles de tester le tabac et le cannabis », précise l’Observatoire.
Pour la Martinique, la diffusion de tabac, de cannabis et d’alcool parmi les lycéens se révèle moins importante que celle mesurée dans l’Hexagone, excepté pour l’alcool, souligne l’OFDT. « En effet, son expérimentation s’y avère plus importante, concernant la quasi-totalité des lycéens et lycéennes (96,6 %). Pour autant, malgré cette très large diffusion des boissons alcoolisées, les usages récents (c’est à dire au moins un usage au cours des 30 derniers jours précédant l’enquête) se révèlent comparables à ceux de l’Hexagone. Pour les cigarettes (de tabac), dans le prolongement des constats relatifs à l’expérimentation, les niveaux d’usage demeurent significativement moindres, quelle que soit la fréquence considérée. Il en est de même pour la consommation de cannabis. »