Drogues : les usages parmi les lycéens de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique [Etude]

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) vient de publier des études spécifiques concernant la consommation de produits psychoactifs chez les lycéens des Antilles-Guyane. Synthèse.
 
« Quels sont les niveaux d’expérimentation des principales substances psychoactives des lycéens de ces territoires ? Comment évoluent ces usages de la classe de seconde à celle de terminale ? Sur quels points les lycéens guadeloupéens, guyanais ou martiniquais se différencient-ils de leurs homologues de métropole ? ». Telles sont les questions auxquelles ont tenté de répondre l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et les observatoires régionaux de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique à travers trois enquêtes publiées récemment. Dans les trois départements, ces études portent principalement sur les consommations de cigarettes et cigarettes électroniques, de cannabis, d’alcool et de substances illicites ou détournées.
 

Guadeloupe

Concernant la Guadeloupe, le rapport de l’OFDT note que « les expérimentations de tabac, de cannabis et plus encore d’alcool sont largement partagées par les garçons et les filles. Cependant, les expérimentations parmi les lycéens de l’académie de Guadeloupe se révèlent globalement moins importantes que celles mesurées dans l’Hexagone, exception faite des boissons alcoolisées dont la diffusion est légèrement plus importante. »

L’étude relève par exemple que le niveau d’expérimentation de cigarettes en Guadeloupe est bien inférieur (50 %) au niveau moyen du reste du territoire national (60,9 %). Pour les usages récents, les filles sont deux fois moins nombreuses à en avoir consommé au cours du dernier mois en Guadeloupe que dans l’Hexagone. « Le tabagisme quotidien concerne seulement 6,8 % des lycéens guadeloupéens, contre 23,2 % des lycéens de l’Hexagone ». De même, la chicha et la cigarette électronique y sont moins répandues. Et les niveaux d’usage de cannabis, que ce soit expérimentation, au cours de l’année ou du mois, sont significativement moindres.
 
Niveau d’accessibilité perçue du tabac, de la bière, des spiritueux et du cannabis (en %) en Guadeloupe.

Pour les substances illicites autres que le cannabis (amphétamines, ecstasy, cocaïne, crack, champignons hallucinogènes, LSD, héroïne et GHB), « leur expérimentation concerne un peu plus de 7 % des lycéens de la Guadeloupe et ne diffère pas d’un point de vue statistique de celle observée dans l’Hexagone (9 %). On notera la proximité des niveaux d’expérimentation de ces substances des lycéens et lycéennes, illustrant un rapprochement des usages constaté dans d’autres régions de France », indique l’étude.
 

Guyane

En Guyane, l’expérimentation de l’alcool est largement partagée par les lycéens, dans une proportion plus importante que pour les élèves de l’Hexagone, selon l’OFDT. « Les expérimentations de tabac et de cannabis sont en revanche bien moins fréquentes chez les lycéens guyanais que chez les lycéens de l’Hexagone. Alors que l’expérimentation de l’alcool est aussi fréquente chez les Guyanaises que chez les Guyanais, les garçons sont davantage susceptibles de tester le tabac et le cannabis », précise l’Observatoire.

Concernant les substances illicites, l’étude indique que « leur expérimentation s’avère semblable en Guyane et dans l’Hexagone. Un lycéen sur dix a déjà consommé au moins une fois l’une de ces substances illicites. Les Guyanais sont deux fois plus nombreux que les Guyanaises dans ce cas. » Par ailleurs, un lycéen sur dix a déjà consommé des tranquillisants ou des somnifères en Guyane. Un chiffre comparable à celui observé dans Hexagone.
 
Principaux indicateurs d’usage de produits psychoactifs en Guyane et dans l’Hexagone en 2015.

Dans le cas du tabagisme quotidien, ce dernier « concerne moins d’un lycéen sur vingt en Guyane (4,5 %), un niveau largement inférieur à ce qui est observé dans l’Hexagone où près d’un quart des lycéens (23,2 %) fument tous les jours. Ce moindre tabagisme est davantage porté par les filles, six fois moins consommatrices que dans l’Hexagone (4,0 % vs 24,5 % respectivement), que par les garçons (5,1 % vs 21,9 %, soit quatre fois moins). Particularité guyanaise, les lycéennes sont moins consommatrices de tabac que les garçons. »
 

Martinique

Pour la Martinique, la diffusion de tabac, de cannabis et d’alcool parmi les lycéens se révèle moins importante que celle mesurée dans l’Hexagone, excepté pour l’alcool, souligne l’OFDT. « En effet, son expérimentation s’y avère plus importante, concernant la quasi-totalité des lycéens et lycéennes (96,6 %). Pour autant, malgré cette très large diffusion des boissons alcoolisées, les usages récents (c’est à dire au moins un usage au cours des 30 derniers jours précédant l’enquête) se révèlent comparables à ceux de l’Hexagone. Pour les cigarettes (de tabac), dans le prolongement des constats relatifs à l’expérimentation, les niveaux d’usage demeurent significativement moindres, quelle que soit la fréquence considérée. Il en est de même pour la consommation de cannabis. »

L’expérimentation de substances illicites autres que le cannabis concerne un peu plus d’un lycéen sur vingt en Martinique, soit deux fois moins que dans l’Hexagone. « La différence est principalement portée par les garçons. L’usage des autres substances psychoactives, l’expérimentation des tranquillisants ou de somnifères sans prescription médicale déclarée est en Martinique moindre que celle constatée dans l’Hexagone, sans toutefois se différencier d’un point de vue statistique », précise l’étude.
 
Les usages réguliers de tabac, d'alcool et de cannabis (en %) en Martinique. (API: alcoolisation ponctuelle importante).

Enfin, le tabagisme quotidien concerne un lycéen sur dix (10 %) en Martinique, un taux bien moindre que la moyenne hexagonale (23,2 %), et ce quel que soit le sexe. « Il en va de même concernant les consommations régulières d’alcool, inférieures aux niveaux observés dans l’Hexagone (10,8 % vs 14,8 %, différence non significative d’un point de vue statistique). Comme souvent, ces prévalences d’alcoolisations régulières diffèrent significativement selon le sexe, les jeunes filles déclarant des niveaux bien moindres que ceux des garçons (6,7 % vs 15,1 %). »