Dans un pays de marins, quoi de plus utile qu’un lieu pour soigner les navires ? Le « docteur » c’est Denis Hurel, un touche-à-tout. Il est aussi ancien marin et pêcheur de homard à ses heures.
Un atelier unique à Saint-Pierre
Ce jour-là, il travaille à l’assemblage d’un bateau. Le système de câblage est changé, un coupe batterie doit être posé, et la console déplacée pour rééquilibrer le centre de gravité du bateau. Le navire sur lequel Denis travaille occupe la largeur de l’atelier. Il faut le contourner pour accéder à l’autre côté de l’espace.
Son acolyte depuis quelques mois, Anthony Poulain soudeur, fabrique une rambarde en aluminium. Denis usine des pièces pour l’assemblage de la rampe. Anthony soude et meule les tubes, sous la houlette de son patron.
Sans rendez-vous, les clients s’invitent à l’atelier pour demander conseil concernant leur bateau, à l’approche de l’hiver par exemple.
La passion née en mer
Denis Hurel s’est lancé dans la réparation de bateaux par hasard. Issu d’une famille de marins, il a travaillé à bord d’un sablier (navire chargé d’extraire des granulats marins) après la fin de la grande pêche et le moratoire sur la morue en 1992, décrété par le gouvernement canadien.
C’est sur ce navire en bois, alors qu’il travaille à l’entretien, que la passion est née. Il exerce sur des bateaux en aluminium, en bois ou en fibre de verre. Et les travaux concernent aussi bien la coque que la mécanique, l’électrique et l’électronique.
Le patron : un fondu de métal
Le jeune Anthony manipule son ouvrage sur un établi en métal provenant d’une ancienne société de pêche. Dans cet atelier et le magasin adjacent, on retrouve d’ailleurs des pièces d’anciens bateaux emblématiques de l’archipel que Denis Hurel a eu la charge de démanteler : un escalier, des feux de navigation, des tours de fenêtre. Car ici on récupère et on transforme.
Depuis de nombreuses années, le patron des lieux fabrique des enseignes en métal, des rambardes et autres créations artisanales pour ses clients ou pour le plaisir.