Edouard Philippe a poursuivi son déplacement en Nouvelle-Calédonie avec une longue étape en province Nord. Il a notamment visité l’usine de nickel du Koniambo, une grande cathédrale de métal. Le complexe industriel est le symbole du rééquilibrage économique et social du Territoire.
Au troisième jour de sa visite sur le Caillou, le chef du gouvernement s'est rendu en province Nord dirigée par Paul Néaoutyine, chef de file de l'UNI-Palika (union nationale pour l'indépendance). Passage obligé de tout déplacement politique en Nouvelle-Calédonie l’usine du Koniambo symbolise toujours la volonté d’une meilleure répartition des bénéfices du nickel, cet "or vert" qui permet la fabrication de l'acier inoxydable. Les Calédoniens se sont battus pour cette « usine du pays » déjà souhaitée par le général de Gaulle en 1966.
Le complexe industriel KNS est l’un des sites métallurgiques les plus modernes de la planète. Il constitue un défi technologique relevé par les hommes et les femmes de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi du Canada et de France, qui y travaillent.
Industrie minière et emplois
"Le développement économique est au rendez-vous", a tout d’abord constaté le Premier ministre, pendant sa visite du site industriel de Koniambo nickel, situé sur des terres coutumières, dans la commune de Vavouto. "Cette usine constitue un des éléments importants du dispositif de rééquilibrage de l'économie et de la production vers la province du nord", a précisé Edouard Philippe, soulignant les efforts de la société KNS, (co-détenue par la SMSP calédonienne et son associé Glencore) pour en faire une vitrine environnementale et industrielle.700 travailleurs locaux chez KNS
Au total, 700 salariés sur 813 sont Calédoniens. Un accord spécifique pour l'emploi des populations locales priorise l'emploi des habitants de la Province Nord, en majorité Kanak, et notamment des femmes. "Ça fonctionne, de plus en plus de salariés sont originaires de Nouvelle-Calédonie et ont vu leurs compétences évoluer", a salué le Premier ministre. "Le projet avance en dépit des difficultés liées au prix du nickel" et de problèmes techniques, il a fallu reconstruire successivement les deux fours de l’usine qui souffraient d’un défaut de fabrication. "La deuxième ligne de production fonctionnera dans quelques semaines" s’est vu promettre le Premier ministre. Et l’Etat devrait donc valider une dernière tranche de défiscalisation pour la centrale thermique de l’usine, au terme d’une négociation avec Glencore qui a financé la reconstruction des deux fours de l’usine.L'usine du Nord monte en puissance
Les mots manquent pour décrire l’usine métallurgique. Un géant de métal ou un grand mécano industriel ? Elle représente en tout cas l’équivalent de huit Tour Eiffel et associe un port minéralier en eau profonde, des bâtiments techniques et administratifs, une base-vie et un long convoyeur qui descend le minerai de nickel du massif. Voici l’usine du Nord de la Nouvelle-Calédonie telle que le Premier ministre l’a découverte lundi 4 décembre dans l’après-midi, dans le nord de la Grande Terre. Le groupe minier anglo-suisse Glencore aura finalement bouclé l’investissement de près de 5,6 milliards d'euros. Le complexe industriel est capable de produire 60.000 tonnes de nickel par an. Comme tout projet industriel, l’usine a connu de sérieux déboires de jeunesse qui ont retardé sa montée en puissance. Elle devrait produire près de 20.000 tonnes de nickel en 2017, encore loin de ses objectifs, mais elle avance…Son alliage, le ferronickel pour l'acier inox
L'usine réceptionne, broie, sèche et calcine le minerai de nickel à 1000 °C. Il est ensuite fondu dans deux fours à arc électrique à 1600 °C. Le ferronickel ainsi obtenu est coulé dans des poches recouvertes de briques réfractaires de 75 tonnes. Le métal est affiné et transformé en grenailles de ferronickel. Les alliages calédoniens sont les plus riches et les plus purs au monde, ce qui explique la prime de teneur en nickel dont ils bénéficient auprès des industriels chinois de l’acier inoxydable.Électricité au charbon
Une entreprise indienne a construit la centrale thermique au charbon. Elle est alimentée avec du charbon broyé et séché. Deux réacteurs, apportent de l'énergie en complément. Koniambo Nickel est relié au réseau électrique néo-calédonien. Il peut aussi lui revendre l'électricité produite sur le site. L'ensemble des contrôles a été regroupé dans une salle sécurisée, à l'abri des cyclones. Elle est équipée d'une centaine d'automates et de 70 serveurs.Le complexe industriel KNS est l’un des sites métallurgiques les plus modernes de la planète. Il constitue un défi technologique relevé par les hommes et les femmes de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi du Canada et de France, qui y travaillent.