Egalité réelle : les députés restent sur leur faim

La commission des Lois de l’Assemblée nationale a examiné le projet de loi sur l’égalité réelle, mardi. Pour les députés, le texte mérite d’être "plus précis" et d’aller "plus loin".
Le projet de loi sur l’égalité réelle a été examiné en commission des Lois, ce mardi soir, à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, les parlementaires ont donné leur sentiment sur ce texte censé réduire les inégalités qui existent entre les outre-mer et l’hexagone. Et pour le moment, en attendant la discussion dans l’hémicycle, ils restent sur leur faim.
 

"Faire du principe d’égalité une réalité"

Au contraire, pour la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, il s’agit d’écrire une nouvelle page d’histoire après 70 ans de départementalisation et ainsi "faire du principe d’égalité une réalité". Son ambition est forte : "Il nous faut inventer l’avenir et cesser de voir ces territoires comme des périphéries et des lieux d’exotisme". Pour y parvenir, le texte souhaite "définir une approche stratégique" et "libérer leur potentiel au sein de leur zone géographique". En clair, chaque territoire devra élaborer un plan de convergence dont la durée s’étalera entre 10 et 20 ans en faisant participer les citoyens, les élus et les institutions dans une démarche de "co-construction". La loi fixera le cadre et chaque territoire devra élaborer son propre plan de convergence avec l’Etat en fonction de ses besoins.
  

"Très en-deçà des enjeux des outre-mer"

Pour le rapporteur du projet de loi Victorin Lurel aussi, l’enjeu est de taille. L’égalité réelle est "une quête du Graal pour les outre-mer depuis toujours". Mais l’ancien ministre des Outre-mer souligne de manière élégante les insuffisances du texte. Il souhaite le "renforcer" par une rédaction "plus précise" pour "aller plus loin". La députée Monique Orphée, rapporteure pour avis de la Commission des affaires sociales, demande elle aussi "des mesures fortes" en matière sociale.
Un peu plus tard, le député Les Républicains Philippe Houillon y va plus franchement. "Les critiques les plus importantes ont été faites par le rapporteur", souligne-t-il. Pour lui, le projet de loi présenté par Ericka Bareigts est "pauvre", "extrêmement décevant" et "très en-deçà des enjeux des outre-mer".



Chantal Berthelot, députée de Guyane, aimerait voir des avancées concrètes : des prix "décents" en matière de téléphonie et d’Internet et des tarifs "abordables" pour les billets d’avion. "A ce stade, le texte ne permettra pas d’atteindre l’égalité réelle", estime-t-elle.
En réponse, Ericka Bareigts reconnait qu’il faut "enrichir ce texte" mais elle souligne la portée historique, selon elle, de ce projet de loi : "Ce gouvernement est fier de porter le sujet de l’égalité réelle, 70 ans la départementalisation. Nous sommes bien à un rendez-vous qui va construire l’avenir". La ministre souhaite passer d’une logique de rattrapage à "une dynamique de convergence". Les députés insistent quant à eux sur leur volonté de "co-construction" pour améliorer le projet de loi.