Elisabeth Borne à La Réunion, en quête de concorde

La Première ministre Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale, à Paris, le 2 mai 2023.
Près d'un an après son arrivée à Matignon, Élisabeth Borne effectue son premier déplacement outre-mer, de jeudi à samedi à La Réunion, pour "comprendre" et "répondre" aux "préoccupations quotidiennes" des habitants et poursuivre le travail de relance de l'exécutif après la réforme des retraites.

Cérémonies et entretiens officiels, visite inaugurale d'une maison France Service dans la commune de Salazie, séquences dédiées à l'écologie, au logement, à l'emploi ou à l'agriculture, rencontres avec les acteurs économiques ou encore avec le groupe de dialogue inter-religieux de l'île : un intense programme attend la délégation de la Première ministre pour cette visite de trois jours dans l'Océan Indien.

Un " déplacement symbolique"

Comme le rapporte l'AFP, "Le fil rouge, c'est vraiment la vie quotidienne, les préoccupations des habitants de l'île et comment on répond à toutes ces préoccupations", explique-t-on à Matignon.
Un "déplacement symbolique" aux yeux de la Première ministre à quelques jours du premier anniversaire de sa nomination rue de Varenne, pour "montrer son attachement aux outre-mer et y défendre l'action de son gouvernement". Exercice rendu impossible auparavant par l'"agenda relativement chargé au plan politique et au Parlement".

Une volonté affichée, également, d'aller au contact de la population dans un contexte de contestation persistante de la réforme des retraites et de déplacements officiels perturbés. Après l'image singulière d'un Emmanuel Macron comme esseulé sur les Champs-Élysées lors des cérémonies du 8 mai.

La tâche s'annonce aussi délicate pour la cheffe du gouvernement à La Réunion où les syndicats et La France insoumise ont lancé des appels à protester, casseroles en main, tout au long de la visite.
Aucune interdiction de manifester n'est envisagée à ce stade. "La Première ministre vient pour aller à la rencontre des Réunionnais", insiste-t-on rue de Varenne.

Sans majorité absolue à l'Assemblée, fragilisée par l'utilisation du 49.3 sur les retraites, Élisabeth Borne affronte une équation politique des plus incertaines, nantie d'une nouvelle feuille de route gouvernementale imposante et mouvante -l'exécutif a une nouvelle fois changé de calendrier sur le volet immigration- et d'une clause de revoyure présidentielle fixée au 14 juillet.
C'est cette feuille de route, qui s'étend au-delà des "cent jours" décrétés par le chef de l'État, que Mme Borne exposera à La Réunion. En amont, s'agissant de l'outre-mer, du Comité interministériel "qui aura lieu dans les prochaines semaines", selon Matignon.

Retraites, inflation, RSA 

Comme le rappelle l'AFP, ce département français de l'océan Indien, où selon les chiffres de l'Insee, 36% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et où les pensions sont les plus faibles de France, a été fortement secoué lors des manifestations contre la réforme des retraites. Le 31 janvier, 10.000 personnes avaient répondu à l'appel à manifester lancé par l'intersyndicale locale.

La réforme des retraites a été présentée par la Première ministre, Elisabeth Borne, mardi 10 janvier 2023.


La mobilisation dans la rue a ensuite diminué au fil des rassemblements. "13 jours de grève et donc 13 jours sans être payé, ce n'est pas supportable pour beaucoup de travailleurs" explique Joël Dalleau, secrétaire général de la CFDT.

Selon l'Insee, l'inflation a atteint 3,9% en un an sur l'île. Sur la même période, les produits alimentaires ont augmenté de 1,6%. Ces hausses sont enregistrées alors que les prix étaient déjà en moyenne 37% plus élevés qu'en Métropole. 230.000 des 860.000 habitants de La Réunion perçoivent le RSA (revenu de solidarité active). Au cours de son déplacement, Élisabeth Borne visitera notamment l'agence Pôle Emploi de Saint-Leu-Les Trois Bassins. L'île compte en effet au nombre des départements expérimentant la réforme France Travail visant à renforcer l'accompagnement des bénéficiaires.

En revanche, selon Matignon, pas d'incursion prévue à Mayotte où se poursuit l'opération "Wuambushu" menée par les autorités françaises pour déloger des bidonvilles des sans-papiers en grande majorité venus des îles voisines des Comores. Une visite, a fortiori primo-ministérielle, étant "la dernière chose dont les fonctionnaires engagés sur le terrain ont besoin" dans ces circonstances, explique-t-on à Matignon.

Mme Borne sera entourée par ses ministres Christophe Béchu (Transition écologique), Marc Fesneau (Agriculture), Olivier Klein (Logement) et Jean-François Carenco (Outre-mer). Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, n'est pas du voyage.