"Elle était si amoureuse qu'elle ne savait pas qu'elle vivait avec son assassin" : à Meaux, le choc après le meurtre d'une mère et ses enfants.

Des bouquets de fleurs devant l'appartement où ont été découverts les corps d'une femme et de ses quatre enfants, le 25 décembre 2023, à Meaux.
Le corps d'une femme de 35 ans née à Haïti et de ses quatre enfants, âgés de 9 mois à 10 ans, ont été retrouvés lundi 25 décembre dans un appartement de Seine-et-Marne. Soupçonné d'être l'auteur de ce quintuple meurtre, le père de famille, qui souffre de troubles psychiatriques, a été arrêté mardi. Outre-mer la 1ère s'est rendu dans le quartier où a eu lieu le drame.

Shaïma* peine à retenir ses larmes. Bonnet blanc sur la tête, sa voix se brise lorsqu'elle évoque son amie Béatrice. "J'arrive même pas à dormir, je pense à toi tout le temps", lâche-t-elle en s'adressant directement à la femme, pourtant décédée depuis quelques jours. Originaire d'Haïti, cette mère de famille de 35 ans et ses quatre enfants, âgés de 9 mois à 10 ans, ont été retrouvés morts le jour de Noël dans leur appartement de Meaux (Seine-et-Marne). Certains membres de la famille ont été poignardés. "On n'arrive même pas à compter le nombre de [coups de] couteau qu'elle a reçu", s'émeut Shaïma.

Les cinq victimes devaient être autopsiées mercredi pour comprendre les circonstances de leur mort. Dès la découverte des corps lundi, l'enquête s'est tournée vers le père de famille, qui a rapidement été arrêté mardi 26 décembre en région parisienne. D'après le procureur de la République de Meaux Jean-Baptiste Bladier, l'homme, né à Colombes (Hauts-de-Seine), souffrirat de troubles psychiatriques.

La famille résidait dans cet immeuble à Meaux.

Croisée dans le quartier où ont eu lieu le féminicide et les infanticides, l'amie de Béatrice est inconsolable. D'origine comorienne, elle connaissait la victime depuis plusieurs années. Elles se retrouvaient souvent devant l'école où elles laissaient leurs enfants. Les deux femmes s'étaient vues quelques jours avant Noël.

"Je ne lui ai jamais fait confiance"

"Tout le monde est sous le choc, témoigne-t-elle. Tout le monde connaissait Béatrice." Shaïma connaissait également le mari, un homme qu'elle qualifiait de "robot". "Il avait toujours sa capuche, sa casquette, il avait l'air malade. Il parlait avec personne", confie un homme croisé dans la rue. 

Je disais à Béa de faire attention. La première fois qu'elle m'a dit qu'il avait fait une dépression, qu'il a dormi avec des couteaux... Je ne lui ai jamais fait confiance. Elle était si amoureuse de son mari qu'elle ne savait pas qu'elle vivait avec son assassin.

Shaïma, amie de la victime

Suivi pour ses troubles psychiatriques depuis 2017, le mari de Béatrice l'avait déjà poignardée en 2019. Il avait alors fait un séjour en hôpital psychiatrique. Mais, à l'époque, la procédure judiciaire avait été classée sans suite, à cause de l'état mental du mis en cause. 

Après le drame de Noël, le suspect a été hospitalisé à cause de blessures à la main. Le procureur de la République a indiqué mercredi que sa garde à vue a été prolongée, son état de santé n'ayant pas permis de l'interroger plus tôt. Selon les informations de France Télévisions, son audition a pu débuter en fin de journée.

Ce multiple homicide a secoué le quartier de Meaux où vivait la famille. Joseph, un Guadeloupéen originaire du Lamentin, réside ici depuis cinq ans. Ce mercredi, c'est la première fois qu'il sort de chez lui depuis le drame. "Je me sentais le devoir de m'incliner devant la femme et les enfants. Rien excuse cette atrocité, ce geste", confie-t-il, choqué.

* Le prénom a été modifié

Le reportage d'Antoine Defives et de Thomas Chevaleyrias à Meaux :

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