Cette centrale hydroélectrique est présentée comme l'une des plus grandes au monde dans son genre, c'est la première centrale à hydrogène alimentée par des panneaux solaires. Le lieu de son implantation se situe à proximité du village Prospérité. C’est ici que les Kali’na, l’un des six peuples amérindiens du territoire, chassent oiseaux et serpents, et pêchent l’aïmara ou l’acoupa, des poissons de rivière. L’installation de cette centrale va entraîner la déforestation de 78 hectares de forêt équatoriale dans l’enceinte du Parc naturel régional de Guyane.
Le chef coutumier Sjabere est donc déterminé à défendre les intérêts des habitants de son village contre la construction de la future centrale hydroélectrique dans leur espace de vie.
En déplacement à Paris, le "yopoto" (qui traduit en langue Kali'na "chef coutumier") Sjaber veut convaincre les pouvoirs publics de choisir un autre emplacement pour ce projet. Il a sollicité des rencontres au Ministère des Outremer et avec des députés à l'Assemblée Nationale pour que la voix des peuples autochtones soit finalement entendue : "Nous sommes pour le développement de la Guyane, mais pas au détriment de tous les facteurs environnants qui font que nous sommes bien et solides !"
Depuis trois ans, les habitants de cette partie de la forêt se battent contre son installation. En octobre dernier, "yopoto" Sjabere a été interpellé et placé en garde à vue suite à une manifestation sur le site du chantier de cette méga centrale.
Son actuel déplacement à Paris a un double objectif : obtenir des engagements forts de la part de l'Etat et sensibiliser l'opinion publique nationale autour de son combat pour préserver les espaces de vie des peuples autochtones : "On ne comprend pas pourquoi alors qu'en Guyane il y a énormément d'espace, qu'il n'y ait que cet endroit choisi pour implanter ce projet. Cette forêt est notre espace de subsistance, de transmission, de liens avec notre spiritualité."
Les peuples autochtones sont vivants et comptent bien s'affirmer
Chef coutumier Sjabere
Soutenu dans son combat par la Fondation Danielle Mitterand, le chef coutumier Sjabere souligne que l'emplacement de cette future centrale solaire a été décidé sans la consultation préalable des peuples autochtones et que le chantier ne respecte pas les règles environnementales.
La Fondation Danielle Mitterand qui accompagne le village Prospérité dans le développement d'activités agricoles, culturelles et sociales pour que les jeunes puissent rester y vivre sans se tourner forcément vers la ville, est interpellée par la manière dont les intérêts économiques de grands groupes industriels piétinent les droits fondamentaux des peuples autochtones à disposer d'eux-mêmes : "Depuis 30 ans, ces terres font l'objet d'une demande de Zone de Droit d'Usage Collectif par les peuples autochtones, un statut foncier particulier pour la Guyane - nous explique Eloïse Bérard, chargée du programme "vivant et commun" à la Fondation Danielle Mitterand - sans pour autant obtenir d'autorisation, alors que la société HDF Energie, porteur du projet de la centrale, a obtenu l'autorisation pour implanter son projet en un an."
Les travaux du chantier de la centrale hydroélectrique sont arrêtés, mais pas suspendus. Le chef coutumier Sjabere compte bien convaincre l'Etat de la nécessité de déplacer sa construction.