Enfants mahorais noyés en 2018 : "Elle mérite une peine plus lourde!", s'indigne leur mère après le procès

Trois enfants sont morts noyés, dimanche soir, dans le lac des Prés Saint-Jean à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
En juillet 2018, trois enfants d'origine mahoraise se noyaient dans un lac de Saône-et-Loire. Le procès de leur ancienne belle-mère, qui devait les surveiller ce jour-là, s'est tenu en fin de semaine dernière. Le procureur a requis trois ans de prison avec sursis.

"Est-ce que la vie d’un enfant ne vaut qu’un an de prison avec sursis ? Nous, on a pris perpétuité !" Lallia Konaté est scandalisée. Si les réquisitions du procureur sont suivies, l’ancienne belle-mère de ses enfants, chargée de les surveiller le jour de leur mort, n’ira pas en prison. Trois ans de prison avec sursis ont été requis à son encontre.

Assia, 9 ans, Abd-Allah, 10 ans, et Abd-Arrahmane, 13 ans, sont morts noyés en juillet 2018, lors d’une sortie au lac. Ils ne savaient pas nager. La nouvelle compagne de leur père était à plus de cent mètres. Elle n’a pas vu les deux petits s’enfoncer dans l’eau, ni leur grand frère les suivre pour tenter de les sauver. Son procès s’est tenu le vendredi 31 mars à Chalon-sur-Saône, où le drame s’est produit.

Elle mérite une peine plus lourde. Je suis scandalisée quand je vois que des personnes, pour trafic de stupéfiants, prennent des peines de prison beaucoup plus lourdes, alors qu’il n’y a pas forcément de morts. Et là, vous avez trois enfants qui ont perdu la vie, qui ont été conduits à une mort certaine, et la peine est dérisoire.

Lallia Konaté

"Mes enfants ne savent pas nager, il n'y avait pas d’équipements de sécurité, aucun adulte pour les surveiller, personne ne pouvait voir l’endroit où ils se baignaient. Le drame était inévitable", avance Lallia Konaté, qui ne comprend pas que le procureur ait reconnu la négligence de la belle-mère, tout en ne requérant que de la prison avec sursis.

Incompréhension et mépris

Depuis 1999, la baignade est interdite dans le lac des Prés Saint-Jean, une retenue d’eau artificielle au cœur de la ville. La configuration du lac est particulièrement dangereuse : si la profondeur n’est que d'une cinquantaine de centimètres près du bord, elle augmente brusquement de plusieurs mètres. Ce jour de juillet 2018, aucuns panneaux "baignade interdite" n’étaient visibles aux abords du lac. Le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, bien que cité à comparaître, n’a pas assisté au procès. Il était représenté par son avocat. "C’est scandaleux, s’emporte Lallia Konaté. Il y a un mépris total, une inconsidération vis-à-vis de mes enfants. Je suis d’autant plus en colère que le maire a attendu plus d’un an avant de faire installer des panneaux."

Je m’en fiche des dommages et intérêts. Même si on me donne des millions, aucune somme d’argent ne fera revenir mes enfants. C’est la condamnation qui peut apaiser ce qu’on ressent aujourd’hui. L’argent ça ne fera rien du tout.

Lallia Konaté

Après le drame, Lallia Konaté est partie s'installer en Angleterre avec ses deux filles, pour se reconstruire. Désormais adolescentes, elles étaient au bord du lac et ont assisté, impuissantes, à la noyade de leurs frères et de leur sœur en juillet 2018. "Qu’est-ce que vous voulez que je dise à mes filles ?, s'indigne Lallia Konaté. Ça fait cinq ans qu’elles y croient, qu’elles se disent que la justice fera quelque chose. Comment voulez-vous que ces enfants-là croient en la justice ?"  Après des années de procédure, la mère de famille endeuillée est très en colère contre l'institution judiciaire. Partie civile dans le procès, elle ne pourra pas faire appel de la décision qui sera rendue le 12 mai prochain.