L'unique usine de recyclage de bouteilles en plastique des Antilles et de la Guyane a été liquidée cette semaine par le tribunal de commerce de Fort-de-France en Martinique, après sept ans d'une existence difficile.
Outre-mer la 1ère avec AFP •
La Société Industrielle de Recyclage et de Production (SIDREP) prévoyait de réduire en granules et en paillettes 4.500 tonnes de bouteilles en plastique maximum par an. Finalement, elle n'en a reçu que 1.250 tonnes en sept ans. Pour son dirigeant, Christian Torres, c'est essentiellement la mauvaise collecte des déchets plastiques qui est responsable. "Depuis plus de quatre ans, j'alerte sur le mauvais résultat que donne la collecte sélective dans les départements d'outre-mer : la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane aussi", déplore-t-il, évoquant "des résultats absolument minables, environ 10% de plastiques collectés, contre 55% dans l'Hexagone".
Manque de matières premières
L'entreprise a pourtant été accompagnée par Citéo, organisme qui accompagne les collectivités et les entreprises dans la mise en oeuvre et le financement de la collecte des déchets recyclables. "Malheureusement, concède son directeur des outre-mer Philippe Moccand, les quantités de matières premières ne sont pas suffisantes. La performance de tri en Martinique, Guadeloupe et Guyane était d'environ 800 tonnes à la création de SIDREP. Elle est aujourd'hui de 1.200 tonnes. Ça progresse, mais pas autant qu'il le faudrait."
600 000 euros de perte par an
À l'heure de la transition écologique, le dossier a été suivi de près par le préfet de Martinique et la Collectivité Territoriale de l'île. En 2018, ils avaient envisagé de faire venir des bouteilles collectées sur l'île voisine de Sainte Lucie, ancienne colonie britannique. Mais pour Christian Torres, cela n'aurait de toute façon pas suffi. "La liquidation était la seule option possible. L'usine ne pouvait pas continuer à perdre 600 000 euros par an", estime-t-il.
Consigne
Secrétaire général de la préfecture de Martinique, Antoine Poussier estime pourtant "possible" de trouver en Martinique "une solution pérenne de traitement des bouteilles en plastique". Mais encore faut-il que le tri se développe. "On progresse de 2 à 3% chaque année, souligne Philippe Moccand. On travaille avec les collectivités locales pour améliorer tri et collecte. Faut-il se calquer sur le modèle métropolitain ? Est-ce qu'on a aux Antilles les mêmes moyens de communication ? Pas sûr. Une des voies possible pour encourager le tri, c'est la consigne."