Cela veut tout dire : quand L’Oreille est hardie lui propose, en début de podcast, l'exercice traditionnel de l’autoportrait, Estelle Coppolani embraye immédiatement par une présentation de son recueil de poésie Couronnées d’oiseaux. Car pour le coup, pas de frontières entre l’autrice et ce qu’elle écrit : Couronnées d’oiseaux, son premier opus poétique publié aux éditions Project’iles, est avant tout le fruit du lien intime et puissant qui l’unit à sa terre de La Réunion. Elle y célèbre toutes les richesses, les beautés, les histoires, les rites et les rituels qui font de cette terre des Mascareignes ce qu’elle est et ce qu’elle symbolise, d’hier à aujourd’hui.
Et dans le même temps, Couronnées d’oiseaux est une partition découpée en plusieurs mouvements qui nous place, nous lecteurs, au cœur d’évocations épiques et douces entre la période de l’esclavage et celle de l’engagisme ; c’est à dire l’engagement plus ou moins volontaire notamment après l’abolition de l’esclavage en France, de travailleurs venus vers La Reunion, en grande majorité en provenance des Indes. La Réunion dont elle est elle-même originaire…
Écoutez Estelle Coppolani raconter comment ces poèmes sont nés et de quelle urgence poétique son recueil est le nom…
Poétesse avant tout
Une des facettes de la couverture du recueil Couronnées d’oiseaux le précise : Estelle Coppolani est tout à la fois poétesse, écrivaine et dramaturge. C’est que la jeune autrice n’y voit pour elle de réelle différence que dans la façon d’exercer telle ou telle activité : plus en équipe quand elle écrit du theâtre, plus solitaire quand elle entreprend un poème.
Femme de l'être
Et n’allez surtout pas lui dire que le geste poétique ou le genre poétique sont morts (même si vous vous faites l’avocat du diable…) : piquée au vif, elle vous répondra du tac au tac. La poésie, dit-elle existe sous bien des formes. Et c’est parce qu’elle a chevillée au cœur le désir de propager les littératures de La Réunion et de l’océan Indien de façon très large qu’elle a opté pour l’impression et le livre. Et confesse au passage à quel point les kiffe ratures de la Caraïbe - et leur succès - l’ont encouragée à poursuivre cette voie.
Titre royal
Le titre Couronnées d’oiseaux est extrait de l’un des textes intitulé Lentement mes prières (Un peu plus tard / mes prières se sont couchées/ dans la ravine au long bras tendre/ près du cours d’eau / où mon roi et ma reine / ont prêté serment à nouveau / couronnés d’oiseaux / comme au pays de laterite.) Un roi et une reine anciens esclaves, sont ainsi couronnés d’oiseaux…
Le titre, passera, lui, au féminin pluriel comme un hommage encore plus appuyé aux femmes qui peuplent le recueil et La Réunion, auquel Estelle Coppolani tenait. Femmes de tête, femmes de combats ayant à leur seul titre de femmes ayant vécu de plein fouet toutes violences qui ont accompagné les temps de l’esclavage et de l’engagisme.
Couronnées d'oiseaux vole haut
Couronnées d’oiseaux constitue ainsi un récit découpé en mouvements, même si Estelle Coppolani a intégré dans son recueil des textes écrits au préalable. L’écriture, outre sa beauté est minutieuse, instinctive et dans le même temps très travaillée. Cette minutie, loin d’être pointilleuse et tatillonne, ajoute aux sentiments et sensations nés de la lecture.
Écoutez L’Oreille est hardie…
Et découvrez la langue poétique riche, narrative, puissante d’Estelle Coppolani, qui donne à Couronnées d’oiseaux cette "touche picturale" dont s’enorgueillit l’autrice. Une prose aux images, évocations et mots rares et recherchés, parfois gourmands, donnant parfois même au lecteur l’envie (le besoin ?) de les dire à haute voix… Exercice auquel l’autrice se plie de bonne grâce - et très joliment - dans le podcast…
Faites connaissance avec Estelle Coppolani dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
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"Couronnées d’oiseaux" d'Estelle Coppolani est paru aux éditions Project'îles.