Après qu’un étudiant de 22 ans a tenté de s’immoler par le feu le 8 novembre dernier pour dénoncer l’arrêt de sa bourse par le Crous, nous avons enqueté auprès de plusieurs étudiants ultramarins de l’Hexagone pour mieux comprendre leur précarité au quotidien.
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Plantée entre la sortie de l’autoroute A86 et le parking de stationnement des bus franciliens, se trouve la résidence Crous de Nanterre. Il faut traverser un chemin, ce soir-là, boueux, pour arriver aux pieds du bâtiment. Oriane occupe l’un des 1132 studios depuis bientôt 3 ans.
Côté finances, Oriane perçoit 392 euros par mois de bourse du Crous. S’ajoutait à cela 450 euros de bourse au mérite qu’elle ne perçoit plus cette année, sans qu’elle sache vraiment pourquoi : « Je devais avoir cette bourse pour mes cinq ans d’études mais cette année, je n’ai pas été renouvelée» explique Oriane. Elle s’est résolue à prendre un job étudiant.
Oriane travaille à la bibliothèque universitaire de sa faculté neuf heures et demi par semaine. Cet emploi à deux avantages pour elle. Étoffer son CV car elle souhaite plus tard travailler dans le monde de l’édition. Et arrondir ses fins de mois. Le choix d’avoir un emploi à côté n’a pas été celui Stéphanie. Elle, a décidé de contracter un crédit.
Coté logement, Stéphanie précise avoir quitté son logement privé juste avant l’été car le loyer était beaucoup trop cher. Cette dernière est aujourd’hui hébergée chez des amis, en attendant de trouver mieux. Elle a effectué une demande de logement auprès du Crous de Rennes, sans succès. Stéphanie s’est résolue à abandonner ses recherches : « de toute manière, dans quelques mois, je vais partir en échange universitaire donc bon, je fais comme je peux en attendant ».
Ce jeune Réunionnais, qui est échelon 7 de la bourse (l’échelon maximum) a quitté son île en août 2018 pour suivre ses études supérieures dans l’Hexagone. En arrivant, il a tout de suite essayé d’obtenir une chambre étudiante par le Crous, sans succès. Sans ami, ni famille, le jeune homme explique avoir fini par dormir la nuit dans des centres commerciaux et s’être mis à la vente de drogues. « Ça me permettait de payer des chambres d’hôtels de temps en temps ». Le jeune homme explique ne pas avoir eu le choix et ajoute, avoir tout arrêté aujourd’hui.
C’est seulement en mai 2019, alors que l’année universitaire se termine, que Martin fini par obtenir un logement. Celui-ci ne vient pas du Crous. « C’est une connaissance de la fac qui a accepté de se porter garant pour moi » explique le jeune homme qui paye 575 euros pour un 17 mètres carrés sur Toulouse.
Martin conclue en expliquant qu’il n’aura pas les moyens de vivre ici jusqu’à la fin de ses études. « On m’a vendu l’Hexagone mais quand je suis arrivé, je me suis senti bloqué, seul. Maintenant, je veux juste rentrer chez moi et tant pis pour mes études » explique Martin qui a, malgré ses difficultés, a réussi à passer en deuxième année de Licence de droit.
Il ajoute que bien souvent, les étudiants ultramarins précaires ont honte de leur situation et n’en parlent pas à leur famille restée au pays. Dans les critères d’attribution de logement par le Crous, l’éloignement géographique est pourtant l’un des critères d’attribution d’un logement. Les ultramarins qui sont à 4000 ou 7000 kilomètres de chez eux serait donc prioritaires sur le papier, à l’image d’Oriane ou de Martin. Si Oriane a bénéficié d’un logement avant son départ pour la métropole, elle explique que plusieurs de ses amis ont énormément attendu pour obtenir un logement.
«J’habite un 9m2 à Nanterre»
Un 9m2, sans coin cuisine, pour 130 euros par mois après déduction de l’Aide Personnalisée au Logement (APL), c’est le prix que paye Oriane, une étudiante en Master 2 de sciences sociales de 22 ans. Oriane s’estime chanceuse : « Contrairement à beaucoup, moi j’ai eu ma réponse d’appartement avant d’arriver en métropole. Je n’ai pas fait plus de démarches que les autres».Côté finances, Oriane perçoit 392 euros par mois de bourse du Crous. S’ajoutait à cela 450 euros de bourse au mérite qu’elle ne perçoit plus cette année, sans qu’elle sache vraiment pourquoi : « Je devais avoir cette bourse pour mes cinq ans d’études mais cette année, je n’ai pas été renouvelée» explique Oriane. Elle s’est résolue à prendre un job étudiant.
Oriane travaille à la bibliothèque universitaire de sa faculté neuf heures et demi par semaine. Cet emploi à deux avantages pour elle. Étoffer son CV car elle souhaite plus tard travailler dans le monde de l’édition. Et arrondir ses fins de mois. Le choix d’avoir un emploi à côté n’a pas été celui Stéphanie. Elle, a décidé de contracter un crédit.
Le prêt étudiant : la bonne solution ?
45 000 euros. C’est le montant du prêt étudiant qu’a contracté Stéphanie, 21 ans. Originaire de Basse Terre, en Guadeloupe, la jeune étudiante explique ne pas avoir eu d’autre choix que le crédit bancaire. Stéphanie, qui perçoit 166 euros de bourse, étudie en école de commerce à Rennes. « Il me fallait de quoi payer mes années d’études, 11 000 euros par an plus mes frais liés au logement. J’ai sept ans pour commencer à rembourser mon prêt et dès que je commence à travailler je vais devoir rembourser 700 euros par mois à la banque » explique Stéphanie.Coté logement, Stéphanie précise avoir quitté son logement privé juste avant l’été car le loyer était beaucoup trop cher. Cette dernière est aujourd’hui hébergée chez des amis, en attendant de trouver mieux. Elle a effectué une demande de logement auprès du Crous de Rennes, sans succès. Stéphanie s’est résolue à abandonner ses recherches : « de toute manière, dans quelques mois, je vais partir en échange universitaire donc bon, je fais comme je peux en attendant ».
« Tant pis pour mes études »
« Sur les quatre mois que j’ai passé à la rue, j’ai fait 10 à 15 nuits dans des centres de foyer d’urgence. Les foyers ouvrent à 17 heures et quand t’arrives, tu te mets dans la queue. On ne te garantit jamais que tu pourras passer la nuit ici et tous les soirs, il faut revenir» explique Martin (son prénom a été modifié), 20 ans et en deuxième année de Droit à la faculté de Toulouse.Ce jeune Réunionnais, qui est échelon 7 de la bourse (l’échelon maximum) a quitté son île en août 2018 pour suivre ses études supérieures dans l’Hexagone. En arrivant, il a tout de suite essayé d’obtenir une chambre étudiante par le Crous, sans succès. Sans ami, ni famille, le jeune homme explique avoir fini par dormir la nuit dans des centres commerciaux et s’être mis à la vente de drogues. « Ça me permettait de payer des chambres d’hôtels de temps en temps ». Le jeune homme explique ne pas avoir eu le choix et ajoute, avoir tout arrêté aujourd’hui.
C’est seulement en mai 2019, alors que l’année universitaire se termine, que Martin fini par obtenir un logement. Celui-ci ne vient pas du Crous. « C’est une connaissance de la fac qui a accepté de se porter garant pour moi » explique le jeune homme qui paye 575 euros pour un 17 mètres carrés sur Toulouse.
Martin conclue en expliquant qu’il n’aura pas les moyens de vivre ici jusqu’à la fin de ses études. « On m’a vendu l’Hexagone mais quand je suis arrivé, je me suis senti bloqué, seul. Maintenant, je veux juste rentrer chez moi et tant pis pour mes études » explique Martin qui a, malgré ses difficultés, a réussi à passer en deuxième année de Licence de droit.
réaction de Valentin Chambon, président de l'Union des étudiants Réunionnais de l'Hexagone (UERH) suite à l'immolation de l'étudiant à Lyon.
Pour Valentin Chambon, étudiant à Sciences-Po et président de L’Union des Etudiants Réunionnais de l’Hexagone (UERH), une association d’entraide pour les étudiants Réunionnais de la métropole, l’acte de l’étudiant à Lyon le 8 novembre dernier n'est pas une surprise. « Cet acte fait ressurgir les problèmes de précarité étudiante. Certains sont très souvent mis dans leurs réussites mais on parle beaucoup moins des autres, qui échouent. Je pense que l'acte de ce jeune est un signal d’alerte assez fort et il faut prendre le problème à bras le corps, notamment pour les étudiants ultramarins ». Valentin explique que son association fait bénéficier de l’influence auprès du Crous.Il ajoute que bien souvent, les étudiants ultramarins précaires ont honte de leur situation et n’en parlent pas à leur famille restée au pays. Dans les critères d’attribution de logement par le Crous, l’éloignement géographique est pourtant l’un des critères d’attribution d’un logement. Les ultramarins qui sont à 4000 ou 7000 kilomètres de chez eux serait donc prioritaires sur le papier, à l’image d’Oriane ou de Martin. Si Oriane a bénéficié d’un logement avant son départ pour la métropole, elle explique que plusieurs de ses amis ont énormément attendu pour obtenir un logement.