Européennes 2019 : les projets pour les Outre-mer des 34 listes

Parlement européen à Strasbourg
Zones économiques exclusives, biodiversité, agriculture... à l'approche du premier tour des élections européennes du 26 mai, tour d'horizon des propositions spécifiques pour les Outre-mer telles qu'elles apparaissent dans les programmes des 34 listes.
Les élections européennes approchent. Le scrutin se déroulera les 25 (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Polynésie, Saingt-Pierre et Miquelon) et 26 mai (France hexagonale, Mayotte, Réunion, Polynésie, Wallis et Futuna). 34 formations politiques vont tenter de rentrer au Parlement Européen de Strasbourg pour y siéger pendant les cinq prochaines années. Pour autant, un désintérêt pour ce type d'élections s'est installé dans les territoires ultramarins. A peine 17% de participation lors des dernières européennes en 2014. 

Pour ce cru 2019, quelles sont les mesures spécifiques pour l'Outre-mer que les différents partis affichent dans leurs programmes ? La1ere.fr a épluché les propositions. 
 

La France Insoumise - Manon Aubry 

Manon Aubry, tête de liste pour les Européennes, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, à Nîmes, le 5 avril 2019
Du côté de la gauche, le parti de Jean-Luc Mélenchon, représenté par Manon Aubry lors des Européennes, dévoile quatre grandes mesures pour l'Outre-mer dans son programme


- Enrayer l'extinction des espèces "en adoptant un plan de sauvegarde de la biodiversité en Europe", mais aussi dans les territoire ultramarins. Ce plan vise notamment la protection des abeilles et oiseaux, et "les trésors" de l'écosystème en Outre-mer. Egalement, gérer et préserver "durablement les forêts et les forêts primaires" qui, selon le parti, permettrait de "stocker le carbone dans les sols". 

- Transformer le statut des Outre-mer de "régions ultrapériphériques, en régions universelles de progrès". La volonté de la France Insoumise ? "En finir avec le mépris et la vision européocentrée". 

- Défendre l'augmentation des fonds de la politique agricole commune dédiés aux Outre-mer dans le cadre du Programme d'Options Spécifiques à l'Eloignement et à l'Insularité (POSEI) 

- Faire des Outre-mer "des territoires pilotes de la transition écologique" en allant de plus en plus vers l'autonomie énergétique, l'autosuffisance alimentaire et la préservation de la biodiversité.
 

La République en Marche - Nathalie Loiseau 

Nathalie Loiseau, tête de liste LREM, lors d'un meeting à Caen (Calvados)
Dans le programme de la tête de liste Nathalie Loiseau, une seule mesure fait explicitement référence à l'Outre-mer : "passer de 4 à 30% de zones marines protégées par Natura 2000, en particulier dans les territoires ultramarins". Comme beaucoup d'autres candidats, l'ancienne ministre chargée aux Affaires Européennes fait de la préservation de la biodiversité son cheval de bataille pour l'Outre-mer



Parti socialiste/Place Publique - Raphaël Glucksmann 

La tête de liste socialiste/Place Publique Raphaël Glucksmann, lors d'une conférence de presse le 15 mars 2019

Chez les socialistes - qui font liste commune avec le mouvement de l'essayiste Raphaël Glucksmann - les propositions pour l'Outre-mer sont très tournées vers l'environnement et la préservation des ressources naturelles. Parmi elles, deux mesures se dégagent : 


- Tendre vers un abandon des pesticides de synthèse d'ici 2030, et notamment en Outre-mer. Pour cela, le parti socialiste-place publique reste très vague et propose "d'utiliser tous les outils budgétaires et réglementaires pour accompagner la transition agroécologique indispensable à la santé des femmes, hommes et à la protection des écosystèmes". 

- Veiller à la préservation des mangroves, "notamment pour limiter l'effet des catastrophes climatiques". Une proposition concrète qui vise à protéger les 100 000 hectares de mangroves en Outre-mer dont 93% se trouvent en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. 

Debout la France (DLF) - Nicolas Dupont-Aignan 

Nicolas Dupont-Aignan, tête de liste pour les élections européennes via son parti Debout la France

L'ancien candidat à la présidentielle de 2017 est lui même la tête de liste de son propre parti pour les élections européennes. Dans son programme, celui que l'on surnomme "NDA" préconise deux idées pour l'Outre-mer parmi ses 42 propositions : 


- Revoir la politique agricole et la gestion de la pêche, afin d'offrir "un revenu mérité aux exploitants tout en valorisant nos terroirs et la préservation des ressources en poissons". Pour Nicolas Dupont-Aignan, cela contribuerait à garantir une "alimentation saine et un environnement protégé". 

- S'opposer à la fermeture de France O, la chaîne du service public dédiée à l'Outre-mer.  

Parti communiste français (PCF) - Ian Brossat 

Ian Brossat représente le parti communiste français, qui n'a pas présenté de liste pour de telles élections depuis 2004.

L'actuel porte-parole du PCF et adjoint à la mairie de Paris en charge du logement auprès d'Anne Hidalgo, a participé aux trois dernières législatives (2007, 2012, 2017) et se présente pour la première fois aux Européennes. Il considère être "une issue face à la politique ultra libérale d'Emmanuel Macron". Concernant les Outre-mer, voici ses propositions : 

- Simplifier l'accès aux fonds structurels européens, "et regrouper tous ces financements dans un fonds régional de développement" propre aux territoires ultramarins. La répartition de ces financements se fera de manière démocratique, "dans le cadre d'un projet de développement économique et social, durable, solidaire et écologique" écrit par les habitants et fixé par chacune des collectivités. 

- Plaider pour la mise en place d'un accord d'association spécifique entre l'Outre-mer et l'Union Européenne. L'objectif : "assurer la souveraineté alimentaire, substituer la production locale aux produits d'importation, développer l'emploi, préserver l'octroi de mer comme instrument de régulation économique et source de ressources" pour les collectivités d'Outre-mer. 
 

Génération-s - Benoît Hamon 

Benoît Hamon, tête de liste de son parti "Génération-s" pour les Européennes, lors de la Fête de l'Humanité, le 15 septembre 2018.

Un autre ancien candidat à la présidentielle va tenter de briguer une place au Parlement européen de Strasbourg. Benoît Hamon a toujours eu beaucoup d'idées pour l'Outre-mer, et visiblement, il en a encore :
 

- Créer une Cour Européenne de l'Environnement, "afin de punir les pollueurs dans des scandales environnementaux tels que le chlordécone aux Antilles". 

- S'opposer au projet de la Montagne d'Or en Guyane. 

- Soutenir la diversification des installations agricoles et réduire la part des monocultures (banane et canne à sucre notamment). En somme, contraindre les agriculteurs à diversifier leur activité agricole : un producteur de bananes, par exemple, devra cultiver un autre produit). 

- Décentraliser et assouplir la gestion des milliards d'euros des fonds européens pour le développement des Outre-mer, "afin de les investir dans des services de proximité comme l'énergie, l'eau et les transports". 
 

Le Rassemblement National - Jordan Bardella 

Jordan Bardella, 23 ans, conseiller régional RN d'Ile-de-France et tête de liste pour les Européennes
Sur son site, la chef de file de l'extrême droite, représentée par la tête de liste Jordan Bardella, énumère un certain nombre de propositions à destination des populations d'Outre-mer. Voici les principales : 

- Renforcer et sécuriser les Zones Economiques Exclusives, dans l'objectif d'empêcher "un pillage des ressources". 

- La mise en oeuvre "d'une exception agriculturelle qui exclut des accords de libre-échange les produits agricoles qui ne sont pas des denrées commerciales comme les autres". L'objectif est donc de protéger les grandes filières agricoles (banane, rhum, sucre) "de la concurrence agressive des pays tiers". 

- Le Rassemblement National a inscrit des mesures en faveur du pouvoir d'achat des Ultramarins. En ce sens, le RN veut ramener le taux de TVA à 0% dans l'ensemble des départements et régions d'Outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et la Réunion). 

- Réformer l'octroi de mer "en introduisant une modulation de la taxe en fonction de la provenance des produits". Selon le RN, cela permettrait de "rétablir une continuité entre l'économie de la Métropole et l'Outre-mer". De même, les revenus liés à l'octroi de mer seraient alloués à des politiques publiques. 

- Créer une Agence Européenne pour la mer, "dont le siège se situerait en Outre-mer français". Ses missions ? Explorer les ressources minières et énergétiques, "faire de la recherche sur les énergies marines renouvelables, sur les ressources biologiques, animales et végétales", et assurer le bon fonctionnement du transport et la surveillance maritimes. 

Les propositions du RN se concentrent essentiellement sur les DROM, sans évoquer de mesures pour les autres collectivités : la Polynésie Française, la Nouvelle-Calédonie, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna.
 

Les Républicains - François-Xavier Bellamy 

François-Xavier Bellamy, jeune tête de liste LR pour les Européennes, lors du Conseil National des Républicains, le 16 mars 2019 à Lyon
Le parti de droite, dont la tête de liste pour les européennes est l'adjoint au maire de Versailles, François-Xavier Bellamy, est peu disert concernant les mesures spécifiques pour l'Outre-mer. D'ailleurs, le mot "Outre-mer" n'apparaît qu'une fois dans les 75 propositions du programme, dans la numéro 61. Ainsi, les Républicains affirment que les territoires ultramarins sont "une richesse pour la France" et qu'il est nécessaire "d'adapter la législation européenne à leurs caractéristiques et leurs besoins" et particulièrement "dans le cadre de la mise en oeuvre des fonds européens structurels dans ces territoires ou des négociations commerciales UE-pays tiers". 
 

Les autres listes

Les 26 autres partis présentant des listes pour les élections européennes n'ont pas inscrit de mesures spécifiques concernant l'Outre-mer dans leur programme. Contactés par La1ere.fr, les différents interlocuteurs de ces formations indiquent que les Outre-mer sont concernés par l'ensemble de leurs propositions pour l'Europe. Voici leurs noms, et les liens menant à leur site internet : 

- Europe Ecologie les Verts (EELV) - Yannick Jadot
- UDI - Jean-Christophe Lagarde
- Les Patriotes - Florian Philippot 
- UPR - François Asselineau 
- Lutte Ouvrière - Nathalie Artaud 
- Génération écologie et mouvement écologiste indépendant - Dominique Bourg 
- Alliance Jaune - Francis Lalanne (pas de site internet)
- Evolution citoyenne - Christophe Chalençon (pas de site internet)
- Mouvement pour l'initiative citoyenne - Gilles Helgen (pas de site internet)
- La Ligne Claire - Renaud Camus 
- Parti Pirate - Florie Marie
- Parti Animaliste - Hélène Thouy 
- Europe Democratie Esperanto - Pierre Dieumegard
- Alliance Royale - Robert de Prévoisin 
- Parti Révolutionnaire Communiste - Antonio Sanchez 
- Parti Fédéraliste Européen - Yves Gernigon 
- Allons Enfants - Sophie Caillaud
- Décroissance 2019 - Thérèse Delfel
- Démocratie Représentative - Hadama Traoré (pas de site internet)
- Les Oubliés de l'Europe - Olivier Bidou 
- Parti des Citoyens Européens - Audric Alexandre
- A Voix Egales - Nathalie Tomasini (pas de site internet)
- Union Democratique pour la Liberté Egalité Fraternité - Christian Person
- Liste de la Reconquête - Vincent Vauclin (pas de site internet)
- Neutre et Actif - Cathy Corbet (pas de site internet)
- L'Union pour une Europe au service des Peuples - Union des Démocrates Musulmans Français  - Naguib Azergui
 

Pour en savoir plus

Un bon lien pour en savoir plus : la Fedom (Fédération des entreprises d'Outre-mer) a adressé aux candidats un questionnaire pour leur demander de préciser en particulier le volet économique de leurs propositions pour les Outre-mer. Les réponses sont recensées par ici. Un tableau récapitulatif des principales propositions pour les Outre-mer est consultable par là.