"Nous entrons dans l'ère des conséquences". C'est par ces mots que commence l'édito de Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française, au début de la seconde édition du Rapport sur la résilience de la société française. Ce rapport démontre que les territoires français, de l'hexagone, comme d'outre-mer, ne sont pas armés pour faire face aux catastrophes climatiques extrêmes, de plus en plus réguliers au cours des dernières années.
"Pas de fatalité"
Si la sécheresse a frappé de plein fouet les départements hexagonaux en 2023, le rapport note que la situation est encore plus tendue dans les territoires ultramarins. "De mai à décembre 2023, Mayotte a subi sa pire sécheresse depuis 26 ans." Face à cette situation, les Mahorais ont dû s'adapter comme en témoigne Saïra Mohamadi Boussory.
Avant, l’eau était une ressource que l’on prenait pour acquise. Aujourd’hui, elle est devenue un bien précieux et rare. Au plus fort de la crise, nous n’avions l’eau courante que deux jours par semaine.
Saïra Mohamadi Boussory, mahoraise victime de la sécheresse
Autre événement symptomatique, la hausse de l'intensité des cyclones. "Plus la température de l'eau et le taux d'humidité sont élevés, plus le cyclone prend de l'intensité" rappelle le rapport. Là encore, l'exemple typique est le cyclone Belal qui a frappé la Réunion en janvier dernier. Malgré tout, pour la Croix-Rouge, il n'y a "pas de fatalité".
La sensibilisation et l'information sont l'une des solutions pour mieux se préparer selon la Croix-Rouge. Des programmes adressés aux jeunes voient le jour en Nouvelle-Calédonie notamment, avec le programme ALERTE. "Ce programme vise à sensibiliser la population calédonienne aux risques naturels auxquels est exposé leur territoire : séisme, tsunami, inondation, feu de végétation, mouvement de terrain et cyclone." Depuis 2019, plus de 7 500 enfants calédoniens ont été sensibilisés à l'école avec ce programme. D'autres programmes comme "Fok Nou Paré" en Martinique et "Paré pa paré" dans l'Océan Indien sensibilisent également la population aux risques sismiques et cycloniques.
La Croix-Rouge insiste sur le fait qu'il faut avant tout apprendre à agir pour faire face à ces situations qui peuvent devenir dramatiques.
Des propositions pour mieux faire face
Le rapport propose dix propositions pour mieux faire face aux évènements climatiques extrêmes. "Formons enfin 80 % de la population aux gestes et aux comportements qui sauvent" réclame la Croix-Rouge, alors que seuls 40 % des Français sont formés à ce jour. Cependant, la Croix-Rouge estime que la culture du risque est plus élevée dans les territoires d'Outre-mer, donc que les populations sont globalement mieux préparées. Les propositions se distinguent ensuite entre les mesures individuelles et collectives. Des mesures simples peuvent aisément être mises en place comme la préparation d'un sac d'urgence à l'image de celui illustré ci-dessous.
Collectivement, des propositions sont faites comme "proposer un soutien psychologique", "repérer les personnes vulnérables" ou encore "offrir systématiquement un lieu de repos et de mise à l'abri, ainsi qu'un accès à l'eau et à l'hygiène pour tous." Dans le rapport, Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française, précise : "Nous sommes victimes d’un mal que nous avons nous-mêmes engendré et qui attise notre découragement". Cette étude "aspire à redonner prise sur le cours des choses", conclut-il. En outre, la Croix-Rouge appelle à prendre en charge les séquelles psychologiques post-catastrophes climatiques. À l'heure actuelle, entre 20 et 50 % des personnes exposées à des événements climatiques extrêmes développent un trouble psychologique.