Exit le charbon, la SLN devrait choisir le gaz pour l'usine de nickel de Doniambo

Usine de nickel SLN-Eramet de Doniambo en Nouvelle-Calédonie.
A priori ce sera le gaz. Selon des sources bien informées, la SLN devrait finalement choisir une centrale thermique au gaz naturel liquéfié (GNL) pour alimenter l’usine de nickel de Doniambo en Nouvelle-Calédonie. La décision est imminente.
Les discussions se poursuivent à Paris, en toute discrétion. Autour de la table, les représentants de l’Etat (APE), les experts de la SLN et du groupe Eramet, et ceux d'Enercal la société calédonienne d’énergie, l’équivalent local d’EDF. Pour pouvoir être prise en compte dans la loi de finance 2017, la décision doit être annoncée en juillet. Selon toute vraisemblance, elle devrait ravir les écologistes, effrayés par la perspective d’une centrale au charbon envisagée initialement. Celle-ci aurait produit beaucoup plus de CO2 que la centrale au gaz et aurait donc davantage contribué à l’effet de serre. Toutefois, les considérations environnementales et donc politiques ne sont pas essentielles dans le choix du métallurgiste. Les principales raisons sont économiques. Avec cette future centrale au gaz, la SLN disposera d’un outil très performant qui réduira sa facture énergétique et renforcera considérablement sa compétitivité.

La situation énergétique a changé

Retour en 2011 : la catastrophe de Fukushima a provoqué l’arrêt des centrales nucléaires japonaises. Le pays du Soleil Levant se tourne alors vers les centrales thermiques au gaz, suivi par de nombreux autres pays comme l’Allemagne, effrayés par le spectre de nouveaux Tchernobyl. La demande augmente, les  prix du gaz se mettent à flamber. Une étude montre que l’utilisation du charbon fournirait à la SLN,  une électricité deux à trois fois moins chère  que l’emploi du gaz.
Mais en 2015 la situation s’inverse. De nouveaux gisements gaziers sont mis en exploitation dans le monde, faisant exploser l’offre. Parallèlement, les Japonais redémarrent leurs centrales nucléaires. La Chine et la Corée du Sud misent aussi toujours plus sur l’atome ainsi que sur les énergies renouvelables. La demande de gaz baisse. Les contrats gaziers permettent aux clients d’acheter 80 à 120% des quantités réservées. Ils choisissent évidemment 80%. Les prix s’effondrent comme la consommation. Une baisse renforcée par celle des cours du pétrole puisque le prix spot du gaz est indexé sur celui du brut.
 

L'attrait du gaz australien

Entre-temps, l’Australie a découvert de fabuleux gisements gaziers sur sa côte Est. Juste en face de la Nouvelle-Calédonie. Mais Canberra voit ses clients japonais, sud-coréens et chinois, opter massivement pour la réduction de leurs commandes de gaz. La Nouvelle-Calédonie devient donc un client intéressant. La « petite » centrale de 200 MW proposée notamment par EDF pour Doniambo semble tout d’un coup moins ridicule, face aux grosses centrales dix fois plus puissantes des grands consommateurs, qui ne tournent plus à plein régime. Les Australiens proposent même de livrer le gaz liquéfié avec un méthanier de 30.000 m3 adapté aux besoins calédoniens. La proposition avait déjà été faite à des représentants de la SLN lors de la conférence internationale de l'industrie gazière australienne à Perth en avril 2015. L'idée a, semble t-il, fait son chemin...

Les Calédoniens de la SLN veulent aller vite

La SLN devra de son côté acheter un navire citerne qui servira à stocker le gaz liquide apporté par le méthanien australien. La liquéfaction permet de réduire considérablement les risques d’explosion. Le transfert vers la centrale se fera par le biais de tuyaux et d’une unité de stockage au sol.
"Le quai de l’usine de Doniambo devra être prolongé d’une centaine de mètres, ce qui ne pose pas de problème particulier" indique un expert qui participe aux négociations à Paris. Coût total de ces infrastructures : environ 400 millions d’euros (47,7 milliards de francs CFP). La moitié du prix de la centrale au charbon envisagée en 2011. Et la durée des travaux serait, elle aussi, deux fois moindre. Si l’on ajoute à cela, la vente par la France de douze grands sous-marins à l’Australie, dont l’une des nombreuses contreparties pourrait bien être l’achat de gaz, la décision ne semble plus faire de doute.