Une exposition des œuvres de Paul Gauguin à Londres fait polémique

La tombe de Paul Gauguin, sur l'île d'Hiva Oa, aux Marquises.
C'est le New York Times qui a lancé ce débat. Au centre de la polémique, le comportement du peintre en Polynésie, ses relations avec de très jeunes femmes et ses propos racistes. Le journal s'interroge : faut-il continuer à exposer les oeuvres de Paul Gauguin ?
Le débat lancé par le New York Times (article en anglais par ici) a des allures de dissertation de philosophie : peut-on, doit-on, dissocier l'homme de l'artiste ? En pleine affaire Polanski, le journal américain semble trancher la question. 

À notre époque de sensibilisation accrue aux questions de races, de sexe et de colonialisme, les musées doivent réévaluer l'héritage de Gauguin.

New York Times, 18 novembre 2019

 

Une expo à Londres

Une exposition consacrée à Gauguin ("Gauguin portraits") est actuellement organisée à Londres, à la National Gallery, après avoir débuté au Musée des beaux-arts du Canada, en mai 2019.

A Londres, dans l'exposition "Gauguin portraits", une visiteuse devant "Contes barbares", peint en 1902 aux Marquises par Paul Gauguin


Cette exposition n'élude pas le comportement de Gauguin en Polynésie, où il a séjourné à partir de 1891. Les visiteurs peuvent ainsi lire sur un panneau :

Paul Gauguin a souvent eu des relations sexuelles avec de très jeunes filles, ‘épousant’ deux d’entre elles et ayant des enfants d’elles. Nul doute que Gauguin a tiré parti de sa position d’Occidental privilégié pour profiter de toutes les libertés sexuelles dont il disposait.

- Exposition à la National Gallery

 

"Barbares", "sauvages"

Outre ses relations sexuelles avec de très jeunes filles, Gauguin a également qualifié les Polynésiens de "barbares" et de "sauvages". Pourtant les musées les plus prestigieux ont organisés ces dernières années des expositions consacrées à Gauguin. Ancien directeur la Tate Modern de Londres, Vicente Todoli affirme "qu'une fois qu'un artiste crée quelque chose, cette oeuvre n'appartient plus à l'artiste : elle appartient au monde. Autrement, nous arrêterions de lire l'auteur antisémite Louis-Ferdinand Céline ou Cervantes et Shakespeare si nous trouvions quelque chose de déplaisant à leur sujet.". 

Commissaire de plusieurs expositions Gauguin, la Danoise Line Clausen Pedersen a une vision plus pragmatique :  "Tout ce qu’il reste à dire sur Gauguin, c’est qu’il faut révéler toutes ses zones d’ombre."