*Mange-moi
Mange-moi, une injonction à ne pas prendre à la lettre surtout quand on a affaire à un ogre comme c’est le cas pour Alia, 12 ans. La petite fille boulimique, rejetée par ses camarades, trouvera sur le chemin de sa fugue, l’amitié d’un ogre singulier : il se refuse à manger les humains ! Alia s’ingéniera tout au long du spectacle à lui venir en aide.
Ce très beau conte est signé Nathalie Papin et le spectacle qu’a mis en scène Arielle Bloesch en conserve tous les attraits et les valeurs. Écoutez cette dernière revenir sur la création du spectacle, en compagnie des deux comédiens de Mange-moi :
Des comédiens dans leur assiette
La comédienne Caroline Savard devient petite fille, avec toute la candeur et l’émerveillement de l’enfant découvrant le monde… Quant à Guillaume Ruffin, il campe l’ogre de sa belle taille assumée ainsi que bon nombre de personnages que rencontre Alia. Belles compositions au pluriel pour le comédien et mention aux costumes qui donnent toute leur caractérisation aux personnages fantastiques croisés dans ce conte.
Un p’tit creux
On aurait peut-être aimé un peu plus de décors, en tout cas moins approximatifs, et la scénographie aurait pu inclure davantage d’objets incitant à la poésie tant le texte et l’histoire s’y prêtaient.
Reste du théâtre jeune public de belle facture pour cette compagnie KORZéMO qui nous vient de Martinique.
"Mange-moi" mis en scène par Arielle Bloesch avec Caroline Savard et Guillaume Ruffin, jusqu’au 26 juillet 2023, Chapelle du verbe incarné (TOMA), Avignon.
*L’Ogrelet
Faut-il mettre cet Ogrelet-là devant tous les yeux ? Entendons-nous, la remarque ne tient pas tant à la qualité du travail mené par la metteuse en scène Ewlyne Guillaume et les interprètes de ce conte, toutes trois venues de Guyane.
La mise en scène est soignée, simple, limpide et efficace jouant sur des contours de lumières et sur une utilisation de l’espace qui définissent parfaitement les frontières des lieux évoqués.
Mais par moments, cette histoire de petit garçon qui a du mal à réfréner ses instincts d’ogre en devenir, joue trop sur la double lecture. Avec ses allusions constantes au père absent et ses références aux meurtres présumés des enfants précédents de la mère par leur ogre de père - sujets plus adultes -, il y a parfois de quoi frémir et peut-être même inquiéter un peu, pour un spectacle conseillé à partir de 7 ans...
Heureusement, aux passages les plus "crus", vient s'ajouter l’humour dans ce conte. Et les interprétations de Kimmy Amiemba et de Noémie Petchy font oublier l’aspect un peu moins "conte de fées" pour nous ramener dans une histoire conçue pour les plus jeunes.
L’Ogrelet, un conte instructif sur l’identité, la différence et l’atavisme (avec sa fin malicieuse) et qui souligne ce qui fait, au plus profond de nous, la nature humaine.
"L’Ogrelet" mis en scène par Ewlyne Guillaume avec Kimmy Amiemba et Noémie Petchy, jusqu’au 26 juillet 2023, Chapelle du verbe incarné (TOMA), Avignon.