FIFAC : Trois questions à Emmanuelle Choin, directrice du Festival international du film documentaire Amazonie-Caraïbes de Saint-Laurent du Maroni

5e édition du FIFAC (Festival du film documentaire Amazonie-Caraïbes)
Le FIFAC va ouvrir ses portes le 10 octobre au Camp de la transportation à Saint-Laurent du Maroni en Guyane. Le festival propose des projections gratuites, quarante films et un focus sur Cuba. Six prix seront attribués par un jury présidé cette année par Christiane Taubira.

C’est un festival unique au monde, car il se déroule dans un lieu ô combien chargé d’histoire, le Camp de la transportation. À partir de 1858, c’est là qu’arrivaient tous les bagnards de France. Ils étaient ensuite triés et envoyés dans les différents camps et pénitenciers de la Guyane. Ce lieu incroyable, composé d’une douzaine de bâtiments, a été fermé en 1946 puis rénové à partir de 1992.

Aujourd’hui, ce lieu abrite notamment un pôle culturel avec de nombreuses expositions d’artistes, une bibliothèque municipale, un atelier vidéo multimédia, le centre dramatique Kokolampoe et depuis cinq ans le FIFAC, le Festival international du film documentaire Amazonie Caraïbes.

Pour sa 5e édition, les organisateurs ont concocté un programme riche à découvrir sur ce lien. Christiane Taubira présidera un jury de professionnels qui remettra quatre prix (Grand prix Fifac / France Télévisions du meilleur documentaire, le prix du jury du meilleur réalisateur, le prix du meilleur court-métrage documentaire, le prix du meilleur contenu digital). Le festival propose aussi un prix du jury lycéen du meilleur documentaire ainsi qu’un prix des spectateurs. Ces trophées en bois sculptés par le Guyanais André van Bree seront décernés le samedi 14 octobre. Emmanuelle Choin, directrice du FIFAC nous donne un aperçu de cette 5e édition.

Emmanuelle Choin, directrice du FIFAC

La 1ère : L’édition 2023 du FIFA est présentée comme "une invitation au voyage sous le signe de la danse et de la transe". Qu’est-ce que cela signifie ?

Emmanuelle Choin : On a une quarantaine de films programmés qui nous parlent de nos pays voisins de la région Amazonie Caraïbes. Ça va donc du Brésil à Cuba, des pays que l’on ne connait pas forcément bien, même s’ils ne sont pas loin. Et pourtant, on a des problématiques communes, sociales, communautaires, environnementales. La forêt amazonienne représente 90% du territoire de la Guyane.

Mais cette année effectivement, on a reçu beaucoup de films qui nous parlent du carnaval, de musique et qui sont plein d’énergie. Donc, on est très contents, car ça va nous donner une vision positive de ces territoires.

Cette année au FIFAC, il y a un coup de projecteur sur Cuba. Pourquoi ce choix et comment cela va se décliner ?

Chaque année, on a un focus. Jusqu’ici, on a eu des focus sur la Guyane, puis la Martinique et la Guadeloupe. Maintenant, on s’envole vers d’autres territoires qui ne sont pas français. On a un partenariat avec l’ambassade de France à Cuba qui nous a permis de recevoir plusieurs opérateurs de la filière audiovisuelle. On a des réalisateurs qui vont faire le déplacement ainsi qu’un directeur de festival et de jeunes autrices qui participeront aux rencontres Amazonie-Caraïbes.

Cuba, c’est vraiment un territoire de cinéma avec une grande école de formation, l’EICTV (Ecole internationale de cinéma et de la télévision), qui forme des réalisateurs de toute la région, voire même des réalisateurs africains. Il y a une très grande qualité de films documentaires.

On va parler beaucoup de musique et de carnaval dans cette édition. Des thèmes chers à Christiane Taubira qui va présider le jury cette année. C’est la première fois qu’une femme préside le jury au FIFAC (NDLR après Patrick Chamoiseau, Jacques Martial, Greg Germain et Edouard Montoute). À votre avis, à quoi va ressembler la présidence de Christiane Taubira ?  

On est très fiers parce que c’est la première femme. En plus, elle est guyanaise, donc on a fait coup double. C’est une grande cinéphile et elle prend très au sérieux son rôle de présidente du jury de professionnels.

C’est une personne qui a une vision politique et ça nous intéresse, car c’est de ça que parlent tous nos documentaires. Elle pourra donner son point de vue sur les différents territoires, la place de la Guyane dans cette région. Elle reste très impliquée même si elle n’a plus de responsabilités politiques. Elle est très présente auprès des peuples autochtones et elle est vraiment attachée à l’émancipation de la jeunesse. Elle fait beaucoup de rencontres avec les jeunes ici. Et comme au FIFAC, on a un jury lycéen d’une vingtaine d’élèves de Mana et de Cayenne (Balata), elle va aussi les rencontrer. Le jury lycéen va pouvoir regarder des films avec le jury professionnel, écouter leurs discussions et y participer. Au FIFAC, on a un grand volet développement et sensibilisation du public jeune au documentaire. Je pense que c’est un enjeu important pour Christiane Taubira.