Filière de l’or en Guyane : Auplata franchit un nouveau cap

Luc Gérard Nyafé, PDG d'Auplata
La compagnie minière entend développer une exploitation industrielle de l’or en Guyane. La nouvelle société compte démarrer sa première unité d’extraction sur le site de Dieu Merci. Entretien avec Luc Gérard Nyafé, le PDG belgo-congolais d'Auplata.
Ce mardi matin à Paris, Luc Gérard Nyafé enchaîne les rendez-vous avec la presse économique. Le PDG d’Auplata est tout juste rentré de Cayenne. Il vient d'apprendre que le ministère de l’Industrie ne s’est pas opposé à la création de son nouvel ensemble minier qui sera dirigé de Guyane. Auplata reste une société française mais elle prend le contrôle de deux compagnies minières péruvienne et marocaine.

Quel sera l'apport de la filière aurifère pour la Guyane, quelle est votre vision de l'avenir ?
Luc Gérard Nyafé : Les Guyanais cherchent à revendiquer leur autonomie économique. Aujourd’hui, l’activité principale c’est le Centre Spatial Guyanais, mais il faut un relais industriel et ce relais viendra de l’industrie aurifère. La Guyane a l’un des sous-sols les plus riches au monde avec lequel on peut rêver d’une Collectivité économiquement autonome. La filière aurifère pourra proposer des milliers d'emplois qualifiés aux guyanais, et bien plus si l'on prend en compte les emplois indirects. 

Sauf que, dans l’hexagone comme en Guyane, les écologistes ne veulent pas de l’industrie minière, notamment pour des raisons environnementales…
Ceux qui s’opposent aujourd’hui se trompent de comparatif. Ils disent : "attention les mines sont dangereuses, il faut regarder ce qui s’est passé au Brésil (tragédie de Brumadinho sur un site minier de Vale ndlr) ou ce qui se passe en Afrique." Mais la France, ce n’est pas le Brésil et ce n’est pas l’Afrique, la Guyane doit se comparer au Canada, à l’Australie, à la Finlande, au Chili ou au Pérou qui sont des puissances minières, mais qui sont aussi des pays exemplaires en terme de protection de l’environnement. Ce sont des exemples de création de richesses et d’emplois à travers l’activité minière qui fait vivre des communautés entières. La France dispose de tous les moyens législatifs et sécuritaires, pour imposer et contrôler une industrie minière responsable.

Cuivre, zinc, cobalt, nickel, or...le secteur minier a un rôle croissant dans la transition énergétique. Quelle est, selon vous, la place d’AUPLATA dans ce processus ?
L’Europe, et la France en particulier, dépendent des métaux stratégiques qui sont produits aux quatre coins de la planète. Auplata est l’une des rares entreprises françaises qui est et sera active dans le secteur minier. Nous voulons nous focaliser sur la production de métaux stratégiques, le zinc, l’or et de certains métaux rares qui sont très importants pour les industries de demain et pour la transition énergétique. Si la Guyane devient un territoire qui forme des géologues, des métallurgistes, des conducteurs d’engins, des ingénieurs spécialisés dans l’extraction de l’or, ce sera très positif. Ce sont des métiers, des emplois non seulement pour la Guyane, mais ce sont des spécialistes guyanais que vous retrouverez ensuite dans les mines du monde entier. Avec un savoir-faire, une réputation, avec une formation française, des normes françaises. Des compétences qui leur seront utiles ailleurs s'ils le souhaitent.

On vous découvre serein, confiant vous allez de l’avant en Guyane...
Nous avons reçu hier la levée de la troisième condition suspensive : la non-objection de Bercy, du ministère de l’Industrie à la prise de contrôle de notre groupe. Il faut bien comprendre que c’est Auplata qui absorbe les autres sociétés. Auplata, qui était une compagnie minière présente seulement en Guyane est une société qui détient désormais 100 % de nos actifs péruviens dans BGPP, qui contrôle CMT au Maroc. C'est donc la première étape pour devenir un groupe minier européen qui va assurer l’approvisionnement de l'Europe et de la France en métaux stratégiques. Auplata va contribuer au décollage économique et industriel de la Guyane.