Floatgen, la première éolienne flottante en mer française

Eolienne en mer, en Loire-Atlantique
C’est une première en France : une éolienne flottante a commencé à produire de l’électricité en Loire-Atlantique. C’est la start-up Idéol qui a développé ce prototype, qui pourrait être déployé en série jusque dans les territoires d’outre-mer.

Trois quarts d'heure de bateau pour parcourir vingt-deux kilomètres depuis Pornichet, et la structure de cent mètres de haut se dresse sur son flotteur en béton marin allégé. Un trou est percé au milieu de ce flotteur; une "piscine" où les vagues qui se forment à l'intérieur permettent de compenser la houle à l'extérieur. Le système a été conçu pour résister à des creux de seize mètres.
 

Un mât de 60m de haut, des pales de 40m

"Aujourd'hui cette éolienne pilote de 2 mégawatts (MW) fournit de l'électricité à 5 000 personnes", affirme Paul de La Guérivière, le PDG d'Idéol. "Elle est raccordée par une ligne électrique qui est posée au fond. Le bout de cette ligne est dans une configuration dynamique pour s'adapter aux mouvements du flotteur. L'électricité est ainsi ramenée à terre où elle est injectée sur le réseau électrique."

Du fait de leur flottaison ces éoliennes peuvent être ancrées à une distance supérieure à quinze kilomètres des côtes... loin des yeux et des oreilles. "Dès qu'il y a un peu de vent en mer, vous avez à peu près 40-50 décibels de bruit de fond, explique Paul de La Guérivière. Donc, dès qu'on est à 200 mètres d'une éolienne, on ne l'entend plus en mer. Le premier riverain est loin, et il n'y a aucun impact sur la faune puisque le bruit ambiant est déjà suffisamment élevé."
 

25 millions d'euros d'investissements

Aller chercher le vent au large, où il y en a deux fois plus qu'à terre. Le développement de ce prototype a demandé six ans (avec l'école Centrale de Nantes), il a fallu deux ans pour construire le flotteur et y fixer l'éolienne, dans le port de Saint-Nazaire. Son remorquage à vingt-deux kilomètres du littoral a duré douze heures... Un projet à 25 millions d'euros.     

Une idée transposable en outre-mer

En mer depuis mai 2018, l'éolienne a déjà connu des événements météorologiques sévères. Quand au deuxième prototype d'Idéol au Japon, il a vu passer deux typhons. Cette solution semble donc adaptée aux zones cycloniques de l'outre-mer. "Ces territoires ont tous la même problématique des états insulaires, où les moyens de production reposent aujourd'hui principalement sur du fioul, ajoute Paul de La Guérivière. Donc une production qui coûte cher, qui est extrêmement polluante. L'éolien flottant est clairement une alternative, à un prix compétitif, en se mettant suffisamment loin des côtes pour ne pas gêner."

L'une des contraintes au développement de l'éolien en outre-mer est l'absence de moyen de levage adapté sur place. Avec le système flottant on s'affranchit de ce problème puisque l'éolienne va être montée sur le flotteur ailleurs, avant remorquage sur site. Idéol parle d'assurer quelques "2 000 emplois locaux par projet".

Volonté du gouvernement

Forte de ses deux essais (au large du Croisic et du Japon), l'entreprise de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) est déjà sur la prochaine étape : une ferme de quatre éoliennes en mer Méditerranée avec des unités plus puissantes (6 à 12 MW), dont la construction devrait démarrer en 2020. "On attend des annonces du gouvernement pour des appels d'offres, pour des fermes commerciales dès l'année prochaine en France, espère Paul de La Guérivière. Ça devient urgent, il y a une vraie concurrence mondiale avec des projets en cours de développement au Japon, à Taïwan, en Corée, en Californie... La France a encore une chance de devenir un des leaders mondiaux de l'éolien flottant."

Malgré un premier appel d’offres en 2011, la France s’est laissée distancée dans ce domaine. Le PDG espère maintenant que le pays fera la part belle à l'éolien flottant dans son mix énergétique. Le gouvernement doit dévoiler la révision de la Programmation pluriannuelle de l'énergie fin octobre.