Francophonie et langues régionales des Outre-mer, quel avenir commun ? [Latitudes Outre-mer]

Comment faire cohabiter la langue française et les langues régionales des Outre-mer dans une société où seul le français est officiellement la langue nationale ? C’est la question que se pose Latitudes outre-mer à l'occasion de la semaine de la francophonie.

Si le français est bel et bien la langue de la République, il existe sur l'ensemble du territoire, pas moins de 75 langues régionales dont 54 rien qu'en Outre-mer. Autant de langues vernaculaires qui contribuent à la richesse culturelle de la France.

En Nouvelle-Calédonie, 29 langues kanak et 10 dialectes cohabitent avec le français.

En Outre-mer, les langues parlées partagent, pour leur grande majorité, les caractéristiques d'être des langues de communication quotidienne transmises d'abord en famille. Très souvent comme à La Réunion ou aux Antilles, elles s'entremêlent dès le plus jeune âge. Certains rapports officiels préconisent pourtant une plus grande reconnaissance et utilisation des langues ultramarines. Le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (2017) recommande notamment de traduire et de diffuser les informations juridiques dans les médias locaux « dans le respect de la tradition orale et du multilinguisme propres aux territoires ». Pour une meilleure cohésion sociale, le Conseil économique et social (2019) recommande quant à lui l’utilisation des langues ultramarines non seulement dans l’éducation où « chaque enfant doit pouvoir apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle », mais également dans les services publics, pour l’accès à la santé, l’éducation, la police, au droit et à la justice.

Les Ultramarins sont aujourd’hui autant attachés à leur langue maternelle qu’au français et veulent sortir du conflit de loyauté qui leur est imposé entre ces deux cultures. Nombre d'entre eux souhaitent que leurs enfants puissent apprendre à la fois le français et leur langue maternelle, que l’école propose un accueil en langue locale et leur donne la possibilité de poursuivre une scolarité à parité s’ils le souhaitent.

Thani Mohamed-Soihili, ministre délégué à la Francophonie et aux partenariats internationaux

À travers des reportages et un débat en plateau, Latitudes Outre-mer s’interroge sur la cohabitation entre le français et les langues ultramarines. Place pour commencer à un tour d'horizon des cinquante-quatre langues vernaculaires des Outre-mer. Puis direction Mayotte où le bilinguisme est de mise, au quotidien. Enfin, à travers l’exemple du tahitien désormais disponible sur Google traduction, est abordée la question de l'avenir des langues régionales à l'heure de l'intelligence artificielle : réelle menace ou au contraire accélérateur de leur usage ?

Pour en débattre, 3 invités : Samuel Fereol, militant associatif, Sarah Teriitaumihau, déléguée de la Polynésie française à Paris et Vincent Martigny, politologue réunionnais.

Célia Cléry (à gauche) reçoit Sarah Teriitaumihau, déléguée de la Polynésie française à Paris, Vincent Martigny, politologue réunionnais et Samuel Fereol, militant associatif (de g. à dr.)

 

Et pour aller plus loin dans la discussion, Latitudes Outre-mer propose en seconde partie d'émission le documentaire de Pascal Auffray Cahier d'un retour en langue natale, qui dresse le portrait de Tony Mango qui fut jusqu'en 2019, année de sa mutation en Guadeloupe, l'unique professeur à enseigner le créole dans l'Hexagone.

Tony Mango, professeur de créole

Présentation Célia Cléry
Rédaction en chef Nathalie Nouzières
Réalisation Vincent Vedel
Production Pôle Outre-mer de France Télévisions et TV5Monde
Durée 90 minutes - © 2025