"Gérald Bloncourt, franc-tireur de l’image" : une exposition consacrée à l’écrivain et photographe haïtien (1926-2018) à Paris

Le plasticien, photographe et écrivain haïtien Gérald Bloncourt.
Jusqu’au 31 août, la mairie du XIe arrondissement de Paris célèbre la mémoire de l’écrivain, photographe et plasticien Gérald Bloncourt en organisant une exposition de ses clichés sur le monde du travail des années 50 à 70 en France et la "Révolution des oeillets" au Portugal en 1974.
Gérald Bloncourt a vécu durant 18 ans dans le XIe arrondissement de Paris, rue Charrière dans le quartier Sainte-Marguerite, jusqu’à son décès le 29 octobre 2018. Pour honorer sa mémoire, la mairie du XIe a décidé d’organiser une exposition thématique de ses photographies à l'esplanade Renée Lebas, sur les grilles des squares Louis-Majorelle et Raoul Nording. Hors les murs et accessible à tous, l’expo a débuté le 22 juin et se terminera le 31 août.

Né en 1926 à Bainet (Haïti), d’une mère française et d’un père guadeloupéen, venus tenter l’aventure dans la seule île indépendante des Caraïbes à cette époque, Gérald Bloncourt a passé toute son enfance à Jacmel dans le sud d’Haïti et son adolescence dans la capitale Port-au-Prince. Il s’est toujours revendiqué haïtien. "Ma culture est haïtienne, ma vie, mes racines sont haïtiennes. C’est Haïti qui m’a tout donné et où j’ai tout appris. Haïti c’est quand même la première révolution victorieuse d’esclaves et d’affranchis. C’est un peuple magnifique. Un peuple de créateurs dans un creuset culturel", nous confiait-il lors d’une interview en juillet 2015.
 
L'une des photos de Gérald Bloncourt exposée par la mairie du XIe arrondissement (grève chez Renault Billancourt en mai 1968).

Créateur, Gérald Bloncourt le fut toute sa vie durant, comme son peuple haïtien qu’il aimait tant. Expulsé par la junte militaire qui régnait sur Haïti en 1946, à cause de ses engagements politiques, il arrive à Paris après quelques mois passés en Martinique. Dans la capitale française, il se lance dans le photojournalisme. Il travaillera pour le quotidien communiste L’Humanité, puis comme reporter indépendant avec d’autres grands journaux comme Le Nouvel Observateur, L’Express et Témoignage Chrétien, entre autres.
 

"J’ai pris parti. Je ne suis pas un marchand de photographies. Je suis un franc-tireur de l’image au service de mon art et de ma création (Gérald Bloncourt)


Il couvrira de nombreux conflits sociaux et internationaux, comme la Révolution des oeillets au Portugal et la guerre du Front Polisario contre le Maroc au Sahara occidental. Il réalise aussi de nombreuses photographies sur le monde ouvrier, les luttes sociales et les conditions des migrants en France. En 2016, Gérald Bloncourt avait parlé de son métier de photoreporter dans un livre intitulé "L’œil en colère" (Lemieux Editeur). Une colère atténuée par une joie de vivre, une gentillesse et une humanité qui ne l’ont pas quitté jusqu’à son dernier souffle, à l’âge de 91 ans.