Gérald Chérubin-Jeannette, rappeur-pompier guyanais engagé contre les violences faites aux femmes

Installé dans le Doubs, le rappeur et pompier Gérald Chérubin-Jeannette vient de tourner le clip de son titre Megara, une chanson engagée contre les violences faites aux femmes. Un hommage à sa tante décédée en Martinique sous les coups de son compagnon.
Que ce soit dans son quotidien de pompier ou derrière la caméra pour le tournage de son clip, Gérald Chérubin-Jeannette alias "Gérald the same 973" s'engage contre les violences faites aux femmes. "Je ne suis pas psychologue mais du fait de mon métier, j'ai une certaine expérience des êtres humains", résume-t-il.
 

Déclic

Ce dimanche matin d'avril à Besançon, Gérald a quitté son uniforme de pompier pour enfiler celui de réalisateur. Passionné de musique, compositeur à ses heures, il tourne la troisième partie du clip de sa chanson "Megara", un hommage à sa tante Monique, décédée en 2014 sous les coups de son compagnon en Martinique. "Ca a été le déclic", explique-t-il. 

Mais plus qu'un témoignage de l'histoire de sa tante, c'est pour Gérald "un ressenti sur un phénomène qui existe depuis la nuit des temps", un besoin de dire qu'il faut "arrêter de faire de la femme un faire-valoir". Originaire de Guyane, où les chiffres de violences faites aux femmes sont plus élevés que dans l'Hexagone, Gérald Chérubin-Jeannette espère que les jeunes feront bouger les mentalités aux Antilles.
  

Quand on est de l'extérieur, on peut très vite juger. Mais dès qu'on y est confrontés, on voit qu'il y a une histoire familiale derrière. Tout de suite, on est plus nuancé, moins tranché que l'opinion publique.

  

Un clip coloré

Si "la vindicte populaire n'a pas toutes les réponses", pour Gérald, elle était toute trouvée : "La musique est initiatrice d'un sentiment où l'on va s'interroger." Au résultat, un clip coloré, "pas glauque, pas noir".

La plupart des campagnes de prévention montrent ces femmes en miroir avec leurs gueules cassées. Ce clip coloré est graphique est là pour montrer qu'elles ne sont pas que victimes et qu'elles ont une force que n'ont pas leurs bourreaux.


Le clip a été réalisé en plusieurs lieux, dont une partie au Fort Belin à Salins-les-Bains, comme un symbole "du corps des femmes qui est un bastion, une place forte". Pour cette troisième partie de tournage, retour au CFA de Besançon devant la fresque de style "underground berlinois", réalisée par son ami Stanislas Masson. Aux côtés de Gérald, des femmes engagées, comme Barbara Romagnan, ancienne députée du Doubs, Marie-Silène Alber, avocate dans le Jura ou encore Anne-Claire Calvaruso, coiffeuse à Liesle (Doubs). 
 
 

Parler pour sauver

Pour Gérald, pas question de se soustraire au travail des associations engagées contre les violences faites aux femmes, ni d'encourager "la délation". "Le but du clip, c'est de dire que je ne suis pas là pour faire de l'argent mais pour relayer un message", explique-t-il. Le clip sera dévoilé le 25 novembre prochain, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. 

Regardez le reportage réalisé par France 3 Franche-Comté lors du tournage du clip :
©la1ere
Violences faites aux femmes : les chiffres en France en 2017
  • 130 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire « officiel » ou « non officiel », soit une femme tous les 2,8 jours
  • 219 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint sur une année
  • Moins d’1 victime sur 5 déclare avoir déposé plainte
  • 88 % des victimes de violences commises par le partenaire enregistrées par les services de police et de gendarmerie sont des femmes
  • 96% des personnes condamnées pour des faits de violences entre partenaires sont des hommes
  • 94 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol sur une année
  • 9 victimes sur 10 connaissent l’agresseur
  • 1 victime sur 10 déclare avoir déposé plainte
Vous êtes une femme victime de violences ? Vous pouvez contacter Violences femmes info au 39 19. L'appel est anonyme et gratuit.