Le gouvernement prévoit-il de rétablir l'épandage aérien dans les Outre-mer ?

Epandage aérien
Selon RMC, le gouvernement envisagerait d'autoriser à nouveau les pesticides tueurs d'abeilles et l'épandage aérien. Le Premier ministre a démenti le rétablissement des pesticides mais est resté très flou sur la pratique de  l'épandage aérien, qui a longtemps sévi aux Antilles.
Le gouvernement va-t-il rétablir l'épandage aérien et les néonicotinoïdes, les pesticides tueurs d'abeilles? D'après RMC, qui s'est procuré un document de travail interministériel, le gouvernement envisagerait de revenir sur les projets d'interdiction totale, au motif que la France ferait preuve d'"un excès de précautions au regard des directives européennes".

Bras de fer entre les ministres de l'Agriculture et l'Ecologie

Ces informations ont rapidement entrainé un couac gouvernemental, ce lundi 26 juin. Interrogé sur le sujet, Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, a admis ne pas être hostile à un retour en arrière, et a déclaré envisager "des dérogations dans le cas de crise sanitaire grave, et si il n'y a aucun risque pour les populations environnantes".

Quelque heures plus tard, Nicolas Hulot lui a répondu. Le ministre de la Transition énergétique a démenti toute volonté de modifier de la loi et a assuré  qu'"on ne reviendrait pas sur les acquis".

C'est ensuite le Premier ministre Edouard Philippe qui s'est exprimé dans un communiqué, affirmant qu'on ne reviendrait pas sur l'interdiction des néonicotinoïdes. Son texte ne fait en revanche aucune mention de l'épandage aérien.

 

Les Antilles en première ligne

La question des épandages aériens est pourtant centrale dans les Outre-mer, notamment aux Antilles. Interdite par la réglementation, la pratique peut, comme l'a souligné le ministre de l'Agriculture, bénéficier de dérogations. Cela a souvent été le cas en Guadeloupe et en Martinique, notamment dans le cadre de la culture de la banane.

Les pesticides étaient alors déversés par avion, touchant au passage les terrains voisins, les habitations ou écoles, et provoquant la colère des habitants de territoires déjà contaminés par le chlordécone.
 

Interdiction en 2014 ... mais toujours avec des dérogations possibles

Le débat s'est éternisé sur des années, alternant consultations publiques, interdictions des tribunaux, et rétablissement de l'épandage sur décisions préfectorales. Des nombreuses associations ont milité en Guadeloupe et en Martinique pour annuler les dérogations dont pouvaient bénéficier les agriculteurs antillais.  
 
Le 26 mai 2014, la ministre de l'environnement Ségolène Royal annonçait par communiqué la fin des épandages aériens. Pourtant, cette nouvelle interdiction contenant encore des dérogations, pour la culture de riz en Guyane notamment.
 

La ministre des Outre-mer n'apporte pas de réponse

Impossible donc de savoir s'il est réellement question de réintroduire les épandages aériens dans les Outre-mer. Interrogée dans la cadre de l'émission Outre-mer politique #vos questions, la ministre des Outre-mer Annick Girardin s'est retrouvée plutôt embarrassée. "Je n'ai pas d'information sur ce sujet, et je n'ai pas de réponse", a-t-elle déclaré.