Grand ministère d'État, réforme de l'octroi de mer, santé... Marine Le Pen a présenté son programme pour les Outre-mer

Marine Le Pen a présenté son programme pour la France d'Outre-mer le 14 décembre 2021, à Paris
La candidate du Rassemblement national à l'élection présidentielle de 2022 a détaillé les mesures spécifiques aux territoires ultramarins qu'elle prendra si elle est élue chef de l'État. Elle a critiqué la politique "de mépris" menée ces quinze dernières années par les présidents successifs.

Marine Le Pen a entamé sa semaine Outre-mer. Avant de s'envoler pour La Réunion et Mayotte jeudi, la députée du Pas-de-Calais candidate à la présidentielle de 2022 a présenté à la presse son projet pour la France d'Outre-mer mardi depuis son QG de campagne parisien.

Confortée par de bons résultats lors des élections présidentielle et européennes de 2017 et 2019 - Marine Le Pen était arrivée en tête sur l'ensemble des territoires ultramarins lors du premier tour de l'élection 2017, alors qu'Emmanuel Macron avait fini en quatrième position -, la candidate à la présidence de la République s'est targuée de "voir large et loin pour la France d'Outre-mer et sa politique de la mer", selon une expression empruntée à Napoléon Bonaparte, basant son projet sur le "respect, [les] traditions et [la] modernité".

Nos concitoyens d’Outre-mer souhaitent que le gouvernement et l’État prennent enfin en considération leur participation distincte à l’histoire de notre pays, leurs traditions, leurs identités et leurs cultures spécifiques.

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national à l'élection présidentielle

Reprenant les thèmes habituels de l'extrême-droite - immigration, chômage, insécurité -, Marine Le Pen entend mettre un terme au "mépris" dont ont fait preuve les gouvernements successifs depuis quinze ans : "Je veux mettre fin à cette logique qui consiste à ne voir l’Outre-mer que sous le prisme d’une logique comptable froide", n'a-t-elle cessé de marteler.

Un grand ministère d'État pour les Outre-mer

Pour ce faire, elle promet de rehausser le ministère des Outre-mer dans la hiérarchisation gouvernementale, en créant un grand ministère d'État de la France d'Outre-mer et de la politique maritime. Un ou deux secrétaires d'État pourront assister le ou la ministre, sur des sujets précis et sur un temps limité, est-il précisé dans son programme.

Le ministère des Outre-mer, au 27 rue Oudinot, dans le 7e arrondissement de Paris.

L'ensemble des mesures concernant l'Outre-mer feront l'objet d'une grande loi programme sur quinze ans, a annoncé Mme Le Pen. Elle permettra de tracer "les grandes lignes directrices qui guideront notre action pour l'Outre-mer et ses habitants".

En termes d'immigration, Marine Le Pen compte sur un référendum national pour mettre fin au droit du sol, et réserver les prestations de solidarité aux Français ou aux étrangers ayant travaillé au moins cinq ans en France. Les moyens de contrôle aux frontières seront renforcés, a promis la parlementaire, fidèle à sa vision stricte de l'immigration.

Point stratégique dans la politique diplomatique de la France, les territoires d'Outre-mer, qui font de la France le deuxième espace maritime mondial, se verront dotés d'au moins "un navire de souveraineté [chacun] et de moyens aériens", pour éviter le pillage des ressources maritimes françaises et contrer la convoitise des voisins, en particulier celle de la Chine.

Réforme de l'octroi de mer, plan pour l'éducation à Mayotte et en Guyane

Préoccuper par le coût de la vie en Outre-mer, Marine Le Pen soutient qu'elle sera "la présidente du pouvoir d'achat". Elle envisage de réformer l'octroi de mer, une taxe particulière appliquée aux produits importés dans les territoires ultramarins. Les produits français ou en provenance d'un pays de l'Union européenne en seront exonérés.

La prétendante au poste de chef de l'État a également insisté sur le développement de la pêche en haute mer, de la pêche artisanale et de l'aquaculture, mais aussi sur la modernisation des infrastructures portuaires, dans le but de développer l'économie bleue des Outre-mer français.

Sujets moins classiques pour la candidate d'extrême-droite, l'éducation, la santé et l'écologie ont également été évoqués dans son discours d'une vingtaine de minutes.

Par exemple, elle a promis la création d'internats pour les collégiens et les lycéens ultramarins, afin de leur offrir les meilleures conditions d'éducation possibles. Mayotte et la Guyane bénéficieront par ailleurs de plans spéciaux, adaptés à leurs situations : baisse des effectifs dans les classes de primaires, davantage d'heures de Français en primaire et au collège à Mayotte, cours de langue pour les parents non francophones...

Élue présidente, je ferai de la protection de la santé des Ultramarins une priorité de mon quinquennat, en répondant d’une façon efficace et adaptée aux problèmes sanitaires de chacun des territoires d’Outre-mer.

Marine Le Pen

Chlordécone, sargasses, essais nucléaires en Polynésie... Marine Le Pen a lié les problématiques environnementales et sanitaires. Des thèmes auxquels elle compte s'attaquer une fois arrivée au pouvoir.

Pas d'évolution de statut

Enfin, la candidate du Rassemblement national a évoqué les statuts particuliers des territoires d'Outre-mer, alors que la Nouvelle-Calédonie a voté le week-end dernier, malgré une abstention massive, pour rester française. "En Nouvelle-Calédonie, je me réjouis du vote de dimanche. J'engagerai le dialogue et la consultation de toutes les parties afin de parvenir à l'édification d'un nouveau statut plus consensuel", a-t-elle souligné.

En ce qui concerne les Antilles, je ne suis pas par principe fermée aux décisions statutaires, mais je ne pense pas qu'une modification statutaire soit de nature à régler les problèmes sociaux du quotidien de nos compatriotes.

Marine Le Pen

Quant à la Polynésie française, la candidate souhaite que l'archipel conserve son statut d'autonomie.