Albi, 12 septembre 2020. Étrange souvenir pour Alexie Alaïs. La lanceuse de javelot décroche un troisième titre de championne de France. La Guyanaise se blesse aussi gravement au genou gauche. À 10 mois des JO de Tokyo. Place à une reconstruction contre-la-montre. Un défi pour une guerrière.
Aux yeux d’Alexie Alaïs, l’année 2020 gardera certainement un goût différent. L’été devait marquer sa découverte des Jeux Olympiques ? La pandémie mondiale de coronavirus a repoussé l’échéance de douze mois. L’automne et son mini-circuit d’athlétisme aurait dû lui permettre de battre le record de France du lancer de javelot (63 mètres 54) ? La Guyanaise s’était préparée en conséquence. Ceux qui avaient pu l’observer à l’entraînement, avaient la conviction que c’était pour bientôt. À Albi, pourquoi pas ? À l’occasion des championnats de France décalés à la mi-septembre ? Une évidence.
Une douleur immense. Intense. Permanente. Alexie Alaïs est couchée sur la piste. Tétanisée par un genou gauche qui soudain ne répond plus. Elle quitte le stade sur une civière. La championne de France 2020 zappe le podium. Direction l’hôpital d’Albi pour un premier diagnostic. Tandis que la Guyanaise souffre le martyr, elle découvre un monde médical parfois inhumain : "C’était limite de la maltraitance. J’avais tellement mal. Dès qu’on me bougeait, je hurlais. Le personnel m’a répondu que je faisais du cinéma. Ils ne voyaient rien à la radio. ‘Pas de fracture !’ m’ont-ils dit. Vous pouvez rentrer chez vous, madame."
Seule avec son entraîneure Magali Waldet-Brisseault, Alexie doit parvenir à se hisser tant bien que mal dans le coffre d’une voiture break transformée pour l’occasion en ambulance de fortune. Deux jours plus tard, une IRM à Nice confirmera l’absence de fractures. En revanche, côté tendons…
Heureusement, le Docteur Alain Mandrino, chirurgien-orthopédiste à Nice, trouve les mots qui rassurent. Alexie sera opérée le 1er octobre. Avant cela, il faut qu’elle réapprenne à marcher : "Je devais absolument poser le pied par terre. Retrouver un peu de mobilité. Mon genou était encore trop enflé. Si je voulais pouvoir être opérée dans les temps, il me fallait suivre quinze jours de kiné intensive afin de préparer mon genou. Mais ça allait. Depuis l’instant où je me suis retrouvée sur la civière au stade d’Albi, j’étais passée en mode guerrière."
Avec une telle combattante, la frappe chirurgicale ne peut être qu’un succès. L’intervention du Docteur Mandrino à la Polyclinique Saint-George dure tout de même deux heures (au lieu de 45 minutes en temps normal). Le spécialiste se déclare satisfait. La guerrière est autorisée à rejoindre St Raphaël dès le lendemain de l’opération. Sauf qu’Alexie demande un petit répit : "J’ai voulu rester quatre jours à la clinique. J’avais trop mal. Mais vingt-quatre heures après l’opération, un kiné est venu commencer la rééducation. On a refait une radio. Tout était nickel. Désormais, c’était à moi de jouer."
Car même en apprenant que son genou était en pièces détachées, jamais la Guyanaise n’a oublié son objectif : se qualifier pour les JO de Tokyo en 2021. "Pourquoi voudriez-vous que je fasse une croix dessus ? Le chirurgien estime ma convalescence entre quatre et six mois. Je le revois début novembre. Il m’en dira plus à ce moment-là. Mais six mois de convalescence, ça m’amène à mars 2021. J’ai déjà repris l’entraînement du haut du corps. Et non seulement j’ai un genou tout neuf mais je pense aussi pouvoir développer des qualités que je ne me connaissais pas encore. Donc oui, Tokyo, j’y crois."
Alexie Alaïs y croit d’autant plus qu’elle dispose autour d’elle d’une équipe, une vraie famille. À 26 ans, elle a toutes les armes pour relever son premier défi olympique. Magali Waldet-Brisseault, son entraîneure est d’ailleurs admirative : "Pour nous, elle est déjà dans l’exploit. Sa façon d’apprendre de cette blessure, de la douleur, c’est juste extraordinaire. Elle n’a pas connu la moindre baisse de moral. Maintenant nous allons travailler sur l’appréhension qu’elle pourrait avoir à refaire confiance à son corps. Travailler de nouveau à haute intensité. Tout cela sans brûler les étapes de sa rééducation bien sûr. Mais mentalement, elle est forte. Ça peut choquer mais ce que vit Alexie Alaïs en ce moment, c’est malheureusement une belle expérience !"
Un nouveau titre national puis tout bascule
Ce samedi 12 septembre, l’épreuve nationale du lancer de javelot féminin débute de façon idéale. Un premier jet à 56 mètres 18. Le second à 56 mètres 61. Alexie occupe la tête du concours. Le troisième lancer à 58 mètres 11 lui assure déjà le titre. La championne peut alors se concentrer sur son autre objectif : le record de France de Mathilde Andraud. Le quatrième jet doit la faire entrer dans l’histoire : "J’ai mis une telle intensité dans ce lancer-là, nous confie-t-elle. Si vous saviez… Je suis certaine que le record était là. Malheureusement mon physique n’a pas suivi. Mon genou gauche est parti en mille morceaux. C’est le cas de le dire."Une douleur immense. Intense. Permanente. Alexie Alaïs est couchée sur la piste. Tétanisée par un genou gauche qui soudain ne répond plus. Elle quitte le stade sur une civière. La championne de France 2020 zappe le podium. Direction l’hôpital d’Albi pour un premier diagnostic. Tandis que la Guyanaise souffre le martyr, elle découvre un monde médical parfois inhumain : "C’était limite de la maltraitance. J’avais tellement mal. Dès qu’on me bougeait, je hurlais. Le personnel m’a répondu que je faisais du cinéma. Ils ne voyaient rien à la radio. ‘Pas de fracture !’ m’ont-ils dit. Vous pouvez rentrer chez vous, madame."
Seule avec son entraîneure Magali Waldet-Brisseault, Alexie doit parvenir à se hisser tant bien que mal dans le coffre d’une voiture break transformée pour l’occasion en ambulance de fortune. Deux jours plus tard, une IRM à Nice confirmera l’absence de fractures. En revanche, côté tendons…
Trois grosses blessures pour un seul genou
Sur sa page Instagram, Alexie Alaïs ne cache rien. Son genou gauche n’a pas résisté au quatrième lancer d’Albi. La Guyanaise énumère sa terrible triade du genou : rupture du ligament croisé antérieur, du ligament latéral interne ainsi que du ménisque interne et externe. Ce tir croisé explique mieux la souffrance extrême ressentie : "Je vous assure que c’était hyper-douloureux. Sur une échelle de 1 à 10, je me situais à plus de 10 !"Heureusement, le Docteur Alain Mandrino, chirurgien-orthopédiste à Nice, trouve les mots qui rassurent. Alexie sera opérée le 1er octobre. Avant cela, il faut qu’elle réapprenne à marcher : "Je devais absolument poser le pied par terre. Retrouver un peu de mobilité. Mon genou était encore trop enflé. Si je voulais pouvoir être opérée dans les temps, il me fallait suivre quinze jours de kiné intensive afin de préparer mon genou. Mais ça allait. Depuis l’instant où je me suis retrouvée sur la civière au stade d’Albi, j’étais passée en mode guerrière."
Avec une telle combattante, la frappe chirurgicale ne peut être qu’un succès. L’intervention du Docteur Mandrino à la Polyclinique Saint-George dure tout de même deux heures (au lieu de 45 minutes en temps normal). Le spécialiste se déclare satisfait. La guerrière est autorisée à rejoindre St Raphaël dès le lendemain de l’opération. Sauf qu’Alexie demande un petit répit : "J’ai voulu rester quatre jours à la clinique. J’avais trop mal. Mais vingt-quatre heures après l’opération, un kiné est venu commencer la rééducation. On a refait une radio. Tout était nickel. Désormais, c’était à moi de jouer."
Place à la reconstruction
Avant même sa blessure, Alexie Alaïs avait décidé de ne plus alterner les séjours à Kourou et les phases d’entraînement spécifique au CREPS de Boulouris. Dans l’optique des nouveaux Jeux de Tokyo en 2021, la Guyanaise ne voulait plus penser que javelot auprès de son couple d’entraîneurs Magali et David Brisseault. Le hasard fait bien les choses : le CERS, centre réputé de rééducation sportive est situé à Saint-Raphaël. À deux pas de l’appartement d’Alexie : "C’est une grande chance, c’est vrai. Je débute ma rééducation intensive là-bas, lundi prochain. Je savais depuis longtemps que j’avais une fragilité physique au niveau du genou. Je m’adaptais pour contourner au mieux ce handicap. Désormais avec un genou tout neuf, je devrais pouvoir revenir plus forte, non ?"Car même en apprenant que son genou était en pièces détachées, jamais la Guyanaise n’a oublié son objectif : se qualifier pour les JO de Tokyo en 2021. "Pourquoi voudriez-vous que je fasse une croix dessus ? Le chirurgien estime ma convalescence entre quatre et six mois. Je le revois début novembre. Il m’en dira plus à ce moment-là. Mais six mois de convalescence, ça m’amène à mars 2021. J’ai déjà repris l’entraînement du haut du corps. Et non seulement j’ai un genou tout neuf mais je pense aussi pouvoir développer des qualités que je ne me connaissais pas encore. Donc oui, Tokyo, j’y crois."
Alexie Alaïs y croit d’autant plus qu’elle dispose autour d’elle d’une équipe, une vraie famille. À 26 ans, elle a toutes les armes pour relever son premier défi olympique. Magali Waldet-Brisseault, son entraîneure est d’ailleurs admirative : "Pour nous, elle est déjà dans l’exploit. Sa façon d’apprendre de cette blessure, de la douleur, c’est juste extraordinaire. Elle n’a pas connu la moindre baisse de moral. Maintenant nous allons travailler sur l’appréhension qu’elle pourrait avoir à refaire confiance à son corps. Travailler de nouveau à haute intensité. Tout cela sans brûler les étapes de sa rééducation bien sûr. Mais mentalement, elle est forte. Ça peut choquer mais ce que vit Alexie Alaïs en ce moment, c’est malheureusement une belle expérience !"