Les ex-soignants de Guadeloupe suspendus pour avoir refusé le vaccin contre le Covid-19 ont envahi jeudi le parvis de l'Agence régionale de santé (ARS) et un salon des maires pour revendiquer le droit à l'indemnisation de leur suspension. "Le Collectif des organisations en lutte continue de réclamer l'indemnisation de tous ces professionnels salariés et libéraux, la réintégration et la réhabilitation des professionnels contractuels publics et privés", a indiqué jeudi Maïté Hubert M'Toumo, secrétaire générale de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), syndicat très mobilisé autour du refus de l'obligation vaccinale durant la pandémie de Covid.
Selon un communiqué de l'UGTG, un groupe d'une "centaine" de militants s'est installé devant les locaux de l'ARS, avant de se rendre à un salon des maires organisé dans la zone industrielle et économique de Jarry jeudi et vendredi. "Certains ont été empêchés dans leur vie pendant plusieurs mois, alors nous allons empêcher le fonctionnement des institutions jusqu'à avoir gain de cause", a averti Gaby Clavier, syndicaliste de la branche santé de l'UGTG. Ils ont quitté les lieux après avoir pu s'exprimer.
Nous les avons reçus, ils ont pu prendre la parole, mais j'ai refusé qu'ils engagent un débat sur le sujet avec les élus présents, comme ils en avaient l'intention. Nous ne sommes pas compétents pour régler cette question mais si nous pouvons nous faire relais de certaines demandes, nous le ferons.
Jocelyn Sapotille, président de l'Association des maires de Guadeloupe.
250 concernés en Guadeloupe
Le refus de l'injection a conduit à deux crises majeures en Guadeloupe. Lors de la quatrième vague, très meurtrière localement, le CHU a dû faire appel à de nombreux renforts pour encaisser le choc. Puis l'obligation vaccinale imposée à certaines professions a entraîné plusieurs semaines d'émeutes urbaines, fin 2021 et début 2022.
Les soignants qui ont refusé de se soumettre à la loi ont pu être réintégrés mi-mai, après avoir été suspendus pour certains depuis 19 mois. Selon des chiffres de l'ARS établis début 2023, 250 personnes étaient concernées dans l'archipel. La crise sociale a mis en lumière un ras-le-bol dans la population face à de nombreux dysfonctionnements locaux, notamment des services publics, forçant les élus à repenser la gestion du territoire, mais aussi son organisation institutionnelle. L'essentiel des travaux doit être présenté au gouvernement le 3 juillet, dans le cadre du Comité interministériel aux Outre-mer.