Regardez le reportage de France Ô/Outre-mer la 1ère :
Les organisateurs ont offert à Maryse Condé une statue représentant une femme, dressée sur un livre et pleine de "force, passion et courage". "Quelque chose que l'on retrouve dans vos livres et en vous", ont-ils ajouté.
"On peut devenir écrivain qu'on soit femme ou noire"
Très émue, la Guadeloupéenne a pris la parole et remercié le jury, ses proches et ses lecteurs. Elle s'est ensuite plongée dans ses souvenirs pour raconter au public sa découverte de l'oeuvre d'Emilie Brontë, cruciale dans sa vocation d'écrivaine :Quand j’avais 10 ou 12 ans, une amie de ma mère m’a offert un livre pour mon anniversaire. L’auteur du livre s’appelait Emily Brontë, le livre "Les Hauts de Hurlevent".
En Guadeloupe, où je vivais, personne n'en avait entendu parler. Mais dès que j'ai lu quelques pages, c'était pour moi qu'il avait été écrit. [...] Le lendemain, j'ai couru chez l’amie de ma mère pour la remercier de son cadeau et lui décrire l’effet qu’il avait produit en moi.
Naïvement j’ai ajouté : "Un jour, tu verras, moi-aussi je deviendrai un écrivain". Elle m'a regardé avec un peu de tristesse : « Tu es folle ? Les gens comme nous n’écrivent pas ! » Grâce à ce prix, je réalise qu'elle s'est trompée.
Avec cette histoire, Maryse Condé a insisté sur le fait qu'"on peut devenir écrivain, qu'on soit femme, noire ou originaire d'un tout petit pays".
Elle a ensuite partagé ce prix avec son époux, et traducteur en anglais, Richard Philcox, "avec qui on a réalisé qu'on était ensemble depuis un demi siècle", a-t-elle ajouté avec malice. "Sa parole a été mon oxygène constant", a-t-elle déclaré.
De la fierté et du bonheur pour les Guadeloupéens
La Guadeloupéenne a poursuivi son discours en dédiant son prix à son île natale, rappelant son engagement politique au sein de l'Union populaire pour la libération de la Guadeloupe. "La Guadeloupe a un peu disparu du monde, a-t-elle expliqué. On n'en parle que dans deux occasions : la route du rhum et les cyclones. D'un côté, les occidentaux s'amusent, de l'autre nous pleurons."Regardez le message qu'adresse Maryse Condé aux Guadeloupéens, à l'issue de la cérémonie, au micro de Christian Tortel :
Retrouvez le message que Maryse Condé a adressé aux Guadeloupéens - qu'elle a remercié à de nombreuses reprises - à l'issue de la cérémonie ⤵️ pic.twitter.com/2yharlr1dz
— La1ere.fr (@la1ere) 9 décembre 2018
"Côté casse-tout"
Présentes dans la salle, Christiane Taubira et Françoise Vergès ont dit de ce prix Nobel "alternatif" qu'il "ressemblait" à Maryse Condé? La raison selon cette dernière? Son côté "casse-tout", qui défie les normes :
Ses amies Christiane Taubira et Françoise Vergès étaient présentes dans la salle, et ont dit de ce prix Nobel alternatif qu'il lui "ressemblait". La raison? D'après Maryse Condé, c'est surement à chercher dans son côté "casse-tout" qui défie les normes ⤵️ pic.twitter.com/0wpqN2zs8A
— La1ere.fr (@la1ere) 9 décembre 2018
Engagée contre le colonialisme
A 81 ans, c'est une nouvelle marque de reconnaissance pour le travail de cette artiste engagée, plume majeure de la littérature caribéenne. "Dans ses oeuvres, avec un langage précis [Maryse Condé] décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme", ont déclaré les organisateurs du prix.Regardez le portrait de Maryse Condé avec ce récit de Christian Tortel (France Ô/Outre-mer la 1ère) :