Guyane : un territoire ultramarin en crise

Secouée par une colère sociale d'ampleur, la Guyane, vaste territoire ultramarin d'Amérique du Sud (83.000 km2) de quelque 244.000 habitants, est minée par le chômage et l'insécurité, en dépit d'atouts comme la forêt et le centre spatial.
A 7.000 km de Paris, la Guyane est frontalière du Brésil et du Surinam. 98% de son territoire est recouvert par la forêt équatoriale humide, une des plus riches du monde en matière de biodiversité animale et végétale. La population est très diversifiée (40% de créoles guyanais, mais aussi des Amérindiens,
Noirs-marrons, etc.) et en hausse, en raison notamment de l'immigration venue du Brésil, d'Haïti ou du Surinam.

Les premières traces d'une présence française remontent au XVIe siècle. Cayenne, future capitale, a été fondée en 1643 par les Français et c'est à cette période que l'esclavage y est introduit. Accédant au statut de département français à la fin du XVIIIe siècle, elle a été, de 1852 à 1946, un tristement célèbre lieu de déportation pour les condamnés aux travaux forcés.


Un chômage "insupportable"

Lors d'une visite sur place en 2013, le président François Hollande avait souligné que le chômage prenait pour les jeunes d'Outremer "un caractère insupportable". Le taux de chômage en Guyane, de 23% de la population active (contre 9,8% sur l'ensemble du territoire français), grimpe en effet à 44% chez les 15-24 ans (Insee 2016). Huit emplois sur dix concernent le secteur tertiaire (administration, éducation, santé, action sociale).

En 2014, le PIB par habitant en Guyane s'établissait à 16.057 euros, soit moitié moins qu'en France métropolitaine (32.736 euros). Le PIB total s'élevait à 4.076 millions d'euros. Conséquence logique, la pauvreté affecte 87.000 personnes en Guyane, soit un taux de pauvreté de 44,3% contre 14% pour la France entière.
 

Une haute insécurité 

"La première priorité, c'est la lutte contre l'insécurité", a dit lundi le président François Hollande. La Guyane détient en effet le triste privilège d'être le territoire français le plus meurtrier par nombre d'habitants avec 42 homicides (en majorité par armes à feu) commis en 2016, contre 38 en 2015.
 
Le nombre de vols avec violence augmente régulièrement, passant de 1.694 en 2014 à 2.338 en 2016. Le nombre de "mules" (passeurs de cocaïne) est passé de 183 en 2014 à 371 en 2016.
 

L'orpaillage illégal

L'or local est exploité depuis 150 ans. S'il existe une façon légale de procéder (soumise au code minier), l'orpaillage illégal est, lui, un fléau. Il a de lourdes conséquences sur l'environnement (déboisement, mercure dans les rivières etc), l'économie et l'insécurité (agressions, prostitution, contrebande).  Les orpailleurs clandestins sont estimés aujourd'hui par les autorités à environ 6.500, contre 5.500 il y a un an. Un peu plus de 3 kilos d'or ont été saisis en 2016 en Guyane pour une production illégale estimée à 3,6 tonnes. Depuis 2008, l'opération militaire "Harpie" est en charge de la lutte contre cette activité.


La base de Kourou, locomotive économique

En 1964, le général de Gaulle décide d'y établir le centre spatial (pour remplacer la base située en Algérie). Cette base située à Kourou et d'où sont lancés les tirs de la fusée européenne Ariane mais aussi des fusées Véga italiennes ou des Soyouz russes, est aujourd'hui exploitée par le CNES, ArianeSpace et l'agence spatiale européenne.  En 2014, les quelque 1.700 emplois directs du Centre Spatial Guyanais (CSG) induisaient plus de 7.500 emplois indirects, ce qui représentait 16% de la population active de la Guyane.