Coronavirus : Guylaine Tocny, une infirmière Guadeloupéenne "sous vos applaudissements"

Guylaine Torcy, infirmière guadeloupéenne à l'hôpital Saint-Joseph à Paris
Guylaine Tocny, une infirmière d'origine guadeloupéenne qui travaille à l'hôpital Saint-Joseph, est encore toute émue du mot qu'elle a trouvé accroché sur le mur du hall de son immeuble. Elle l'a même pris en photo. 
Un soir, alors qu'elle rentre chez elle après avoir travaillé toute la journée au service de neurologie de l'hôpital Saint-Joseph à Paris, Guylaine Tocny trouve ce mot dans le hall de son immeuble :
 

il y a une infirmière dans cet immeuble. A 22h pile, mettez-vous à vos fenêtres et applaudissez-là, elle le mérite. Merci à vous.


 
Ce mot provenait de sa voisine, une amie. C'était la première fois qu'on lui témoignait publiquement de la reconnaissance pour son métier. "Après une journée de travail, je peux vous dire que cela fait chaud au coeur. j'ai pris le mot en photo", affirme avec émotion l'infirmière. 

Depuis le début de cette crise, Guylaine Tocny est témoin de cet immense élan de solidarité pour les personnels soignants qui combattent le Covid-19. Elle évoque notamment ce proche d'un personnel soignant qui a créé des visières en 3D en attendant que l'établissement puisse en fournir à tout le monde.

Aide-soignante, puis infirmière, Guylaine Tocny évolue dans le domaine hospitalier depuis bientôt quinze ans. Jusqu'ici, elle avait le sentiment d'appartenir à cette cohorte de métiers invisibles ou du moins mal considérés.
  

"On existe"

Depuis l'apparition de la pandémie, c'est différent. L'infirmière guadeloupéenne ressent fortement cet élan de solidarité du pays pour son personnel soignant.
 

On existe. Il existe une entraide que je n'ai jamais connue auparavant.
Guylaine Tocny, infirmière 


Aujourd'hui, Guylaine est fière de la reconnaissance populaire pour sa profession d'infirmière. Les premiers signes de sympathie sont arrivés sous la forme de repas gratuits. "Des restos et des pizzerias qui nous apportent de quoi manger gracieusement le midi. Parfois même, sur le trottoir en face de l'hôpital, des personnes nous apportent des quiches confectionnées par leurs soins".
 
De 7h30 le matin jusqu'à 20h le soir, les journées sont longues et difficiles. Ces attentions culinaires et ces gestes solidaires s'ajoutent à une autre forme de solidarité cette fois à l'intérieur de l'hôpital. Un espace a été aménagé pour permettre au personnel de rencontrer un psy, un kiné et depuis peu un coiffeur.

Et puis, à chaque fin de service, le personnel peut rentrer sereinement chez lui en profitant du service des taxis gratuits. Tout cela, apporte un peu de réconfort à tout le personnel soignant. 


Plus de bisous à la maison

Le Covid-19 a aussi chamboulé la vie à la maison de cette infirmière. Chez elle, à Ezanville, dans le Val d'Oise, elle reste en permanence avec un masque sur le visage pour protéger notamment ses parents venus la voir de Guadeloupe. "C'est surtout pour mon père, il est diabétique comme mon compagnon", précise Guylaine Tocny.

Le port du masque pour ne pas exposer ses proches est contraignant pour la famille et notamment pour la plus jeune de ses deux filles qui a huit ans. "Elle est très tactile. Chaque soir, elle a envie de me sauter dans les bras, et je suis obligée de la freiner. Elle comprend mais elle me demande toujours  : Maman, quand est-ce que ça va se terminer ?" 

Guylaine craint que sa fille ne contamine ses parents. A la maison, plus de bisous, des plateaux repas dans la chambre pour Guylaine et pour sa maman l'interdiction d'aller voir sa soeur à Sarcelles... La vie familiale est en suspens. "Je suis confinée dans ma chambre", indique Guylaine Tocny, qui ajoute, "je ne me plaint pas, j'ai la chance d'avoir un duplex et une salle de bain dans ma chambre". De quoi préserver efficacement le reste de la famille.