Haïti attend les résultats du premier tour de la présidentielle

Les Haïtiens ont voté dimanche dans des conditions difficiles pour désigner un nouveau président qui sera chargé de redresser l'économie d'un pays dévasté par le passage de l'ouragan Matthew et en proie à l'instabilité politique.
Les informations sur le candidat en tête sont contradictoires. Selon certaines informations, le candidat soutenu par le dernier président haïtien, Michel Martelly, serait en tête selon les premiers décomptes. Mais le parti d'un autre ancien président, Jean-Bertrand Aristide, a déclaré que son poulain était bien parti pour l'emporter.Les premiers résultats provisoires devraient être connus ce lundi. 
Michel Martelly

Le scrutin s'était tenu une première fois le 25 octobre 2015 avant d'être invalidé sur des soupçons de fraude. Il a ensuite été prévu le mois dernier puis une nouvelle fois reporté après le passage de la tempête qui a fait un millier de morts, détruit les récoltes et provoqué une épidémie de choléra.

Un certain nombre de cas de fraude ont à nouveau été signalés, bien que, selon les observateurs, le scrutin se soit dans l'ensemble déroulé plus sereinement qu'en 2015.
 
Selon certaines informations en provenance des bureaux de vote diffusées par les radios, Jovenel Moïse, chef d'entreprise peu expérimenté en politique qui se présente sous la bannière du parti Tèt Kale ("Tête chauve") de Michel Martelly, serait en tête et pourrait l'emporter dès le premier tour. Il est en passe de remporter 64% des suffrages, selon Calvin Cadet, un ancien du ministère des Communications sous Martelly.
Jovenel Moïse
Toutefois, le parti Lavalas de Jean-Bertrand Aristide, estime que sa candidate Maryse Narcisse, médecin, a la majorité. Les autres candidats en vue sont Jude Célestin, directeur d'une entreprise publique de BTP et Moïse Jean-Charles, un ancien sénateur.
Maryse Narcisse

A Port-au-Prince et dans d'autres communes, certains électeurs se sont plaints de n'avoir pu déposer leur bulletin dans l'urne parce que leur nom ne figurait pas sur les listes affichées dans les bureaux de vote. D'autres ont expliqué qu'au moment de voter, il leur avait été dit que quelqu'un l'avait déjà fait pour eux.

Vingt-sept candidats étaient en lice pour succéder au président sortant

Le président du conseil électoral Leopold Berlanger, tout en se disant satisfait du déroulement des opérations, a toutefois souligné qu'il y avait eu un certain nombre d'arrestations et une tentative de mettre le feu à un bureau de vote dans le secteur de Marigot, dans le sud-est d'Haïti. Vingt-sept candidats étaient en lice pour succéder au président sortant, Michel Martelly, qui a quitté ses fonctions au mois de février. Un président intérimaire, Jocelerme Privert, a été désigné tandis qu'un gouvernement, conduit par l'ancien gouverneur de la banque centrale Fritz Alphonse Jean, était chargé d'organiser une nouvelle élection. Celle-ci devait se tenir le 9 octobre mais le passage de Matthew a obligé les autorités à décider un nouveau report.
 

Les deux meilleurs prétendants s'affronteront lors d'un second tour prévu le 29 janvier

Pour assurer la sécurité dans un pays où les consultations électorales se déroulent souvent dans la violence, 13.000 policiers d'Haïti et des Nations unies avaient été mobilisés. Selon un bilan communiqué par la police, 43 personnes ont été arrêtées pour ingérence dans le processus électoral.
 
Selon le ministre de la Justice Camille Edouard, "une dizaine" de personnes ont été arrêtées dimanche matin. Toutefois l'OCID, un groupe d'observateurs, a déclaré qu'après les premières constatations, la plupart des bureaux de vote fonctionnaient normalement et que le nombre de plaintes enregistrées à ce stade représentaient moins d'un quart de celles enregistrées à la même heure en octobre 2015.
 
Pour être élu au premier tour, un candidat doit obtenir plus de 50% des suffrages ou disposer d'une avance de plus de 25 points sur le candidat arrivé en deuxième
position. A défaut, les deux meilleurs prétendants s'affronteront lors d'un second tour prévu le 29 janvier. Le vainqueur devrait prendre ses fonctions en février.