Haïti : hausse du salaire minimum face à la forte inflation

Vue de la ville de Cap Haïtien.
Le salaire minimum en Haïti a été augmenté de 25% par arrêté présidentiel, publié lundi soir au journal officiel, afin de répondre à la dégradation des conditions de vie des salariés face à la forte inflation. 
Au 1er mai, la rémunération de la journée de travail de huit heures dans le secteur industriel passe de 240 gourdes (3,87 dollars américains) à 300 gourdes (4,84 dollars). "En fixant le salaire minimum, l'Etat a pour devoir de prendre en compte les réalités et les dynamiques sectorielles", précise le document signé par le président provisoire Jocelerme Privert, le Premier ministre et le ministre des Affaires sociales et du travail.
        
Déjà faible, l'économie d'Haïti connaît un net ralentissement en raison de la crise politique profonde provoquée par le report sine die du deuxième tour de la présidentielle, prévu initialement en décembre 2015. L'inflation, constante depuis ces quatre dernières années, s'est accentuée pour dépasser les 15% en avril.
        

Déficit budgétaire

Aussi, face au déficit budgétaire creusé durant les cinq années de mandat de l'ancien président Michel Martelly, la banque centrale haïtienne a régulièrement réajusté la valeur de la monnaie nationale : le dollar américain, qui s'échangeait contre 47 gourdes haïtiennes en mai 2015, vaut désormais 62 gourdes. Ce contexte économique difficile avait poussé les syndicats à réclamer dès avril la réévaluation du salaire minimum journalier à 500 gourdes (8,05 dollars).
        

Chômage massif 

Gangrené par un taux de chômage massif, Haïti profite depuis 2007 d'accord commerciaux avec les Etats-Unis pour relancer la création d'emplois. La loi Hope, rebaptisé Help en 2010, offre au pays de la Caraïbe une exemption des droits de douanes à l'entrée du marché américain pour tout produit textile confectionné en Haïti.
        
Fleurissant depuis les années 1980, employant jusqu'à 100.000 personnes, le secteur de la sous-traitance en Haïti peine à attirer les investisseurs étrangers, refroidis par l'instabilité politique. Aujourd'hui, près de 40.000 personnes, en large majorité des femmes, sont employées dans les usines textiles de Port-au-Prince et de la région du Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, sur la côte nord.