Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les principales villes d'Haïti mercredi pour dénoncer la corruption et, pour une majorité de contestataires, exiger la démission immédiate du président Jovenel Moïse.
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Comme le veut la tradition, le président a été, mercredi matin, déposer une gerbe de fleurs sur le lieu où a été assassiné, le 17 octobre 1806, Jean-Jacques Dessalines, l'un des pères fondateurs de la nation haïtienne. Face à la tension qui régnait sur les lieux, la police a fait un large usage des armes pour exfiltrer le cortège présidentiel, forçant toutes les personnes présentes à se jeter à terre.
Depuis plusieurs semaines, la colère populaire enfle en Haïti : les manifestations se sont multipliées à travers les principales villes pour dénoncer l'inaction des autorités face à la corruption. Mercredi, plusieurs dizaines de milliers de personnes sur l'ensemble du territoire ont répondu à l'appel lancé en septembre pour une large marche citoyenne, pour réclamer la lumière sur la gestion opaque des fonds Petrocaribe.
Depuis 12 ans, Haïti bénéficie du programme Petrocaribe, initié par l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui permet à plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes d'acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux, et de payer leurs factures sur 25 ans à un taux d'intérêt de 1%. En 2016 puis en 2017, deux enquêtes du Sénat haïtien sur le mauvais usage de près de 2 milliards de dollars de ce fond avaient épinglé une douzaine d'anciens ministres, du parti actuellement au pouvoir, mais jamais les rapports n'avaient été suivis de poursuites judiciaires.
Aux abords du palais présidentiel, des échanges musclés ont eu lieu entre policiers et manifestants. Face aux jets de pierre et de bouteilles, les agents ont fait un large usage de grenades lacrymogènes, tirant également parfois en l'air à balle réelle. A noter qu'en fin de manifestation, des policiers ont violemment intimidé un journaliste haïtien qui les filmait, jetant sa caméra au sol. Alors que plusieurs collègues, dont une journaliste de l'AFP, venaient en soutien, un membre des forces de l'ordre a tiré en l'air en direction des professionnels des médias.
Depuis plusieurs semaines, la colère populaire enfle en Haïti : les manifestations se sont multipliées à travers les principales villes pour dénoncer l'inaction des autorités face à la corruption. Mercredi, plusieurs dizaines de milliers de personnes sur l'ensemble du territoire ont répondu à l'appel lancé en septembre pour une large marche citoyenne, pour réclamer la lumière sur la gestion opaque des fonds Petrocaribe.
Barricades
"Nos enfants n'ont rien à manger, on a pas de quoi payer l'école et les politiciens ont gaspillé les 3,8 milliards de dollars qui devaient financer le développement. Ils s'en sont mis plein les poches et nous les pauvres on n'a pas même de quoi vivre", a dénoncé un manifestant, Ronald Saint-Hilaire, présent dans l'un des points de rassemblement annoncés à Port-au-Prince. Sans réelle coordination, les groupes de manifestants, dont plusieurs centaines à motos, ont défilé à travers les rues de la capitale haïtienne, dressant des barricades sur leur passage.Depuis 12 ans, Haïti bénéficie du programme Petrocaribe, initié par l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui permet à plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes d'acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux, et de payer leurs factures sur 25 ans à un taux d'intérêt de 1%. En 2016 puis en 2017, deux enquêtes du Sénat haïtien sur le mauvais usage de près de 2 milliards de dollars de ce fond avaient épinglé une douzaine d'anciens ministres, du parti actuellement au pouvoir, mais jamais les rapports n'avaient été suivis de poursuites judiciaires.
Échanges musclés
Depuis le début de la contestation cet été, la somme de 3,8 milliards de dollars est reprise dans les slogans et les témoignages, sans que ce montant ne corresponde à la dette haïtienne envers le Venezuela. "C'est du devoir de tous les citoyens haïtiens de réclamer l'argent de Petrocaribe qui aurait pu développer le pays : on est dans une misère noire", déplore Joseph Armand. "On va être là dans la rue jusqu'à ce que Jovenel Moïse finisse en prison", prévient le manifestant.Aux abords du palais présidentiel, des échanges musclés ont eu lieu entre policiers et manifestants. Face aux jets de pierre et de bouteilles, les agents ont fait un large usage de grenades lacrymogènes, tirant également parfois en l'air à balle réelle. A noter qu'en fin de manifestation, des policiers ont violemment intimidé un journaliste haïtien qui les filmait, jetant sa caméra au sol. Alors que plusieurs collègues, dont une journaliste de l'AFP, venaient en soutien, un membre des forces de l'ordre a tiré en l'air en direction des professionnels des médias.