Auteur d’un match fantastique hier contre la Norvège (18 arrêts, 45 % de réussite), le Martiniquais a frappé les esprits et s’est révélé aux yeux du grand public. Retour sur ce premier match du Mondial avec la performance de Wesley.
Wesley a lancé la machine bleue dans ce championnat du monde en Egypte, et la France a battu la Norvège 28/24. Guillaume Gilles a eu un flair extraordinaire, à quelques minutes du match l’entraîneur de l’équipe de France décide de lancer LeyWes (son surnom) alors qu’on croyait que Vincent Gérard débuterait ce mondial.
Pur produit de la formation martiniquaise, remarqué par le regretté Patrice Lecroq (qui avait également découvert Patrice Annonay, Cédric Sorhaindo et Mathieu Grébille), il sera formé au Pôle de son île avant d’atterrir à Toulouse. Il jouera douze ans au bord de la Garonne, avant de partir à Aix-en-Provence, grappillant quelques sélections ça et là en équipe de France mais toujours en numéro 3.
Hier soir Wesley fêtait sa 20e participation en bleu avec une titularisation et une victoire. Un bel anniversaire au pied des pyramides de Gizeh dans la ville du 6 octobre.
Réactions
Wesley Pardin, gardien de but de l’équipe de France
"C’est la soirée parfaite pour moi, c’était mon premier match dans un Mondial et c’était surtout une surprise pour moi de débuter le match. Je l'ai su juste avant l’échauffement, car Guillaume Gilles avait inscrit mon nom sur le tableau et je pensais qu’il s’était trompé, mais non. Du coup je me suis plongé directement dans le match, en me mémorisant les tireurs norvégiens par exemple, tout l’avant-match classique d’un gardien de but. Et puis je me suis concentré directement et j’ai appuyé sur le bouton "On".
J’ai essayé de répondre présent avec mes qualités, et ça c’est bien passé. Je tiens à remercier l’équipe aussi pour son soutien pour m’aider à commencer ce match dans des bonnes conditions.
Je ne me suis pas pris plus la tête que cela, je suis novice à ce niveau-là, j’ai pris du plaisir ça a fonctionné. C’est vrai que longtemps, devant moi, il y avait Thierry Omeyer, puis Vincent Gérard et Cyril Dumoulin, donc voilà j’ai attendu mon heure, si c’est peut être mon heure maintenant… J’ai appris un peu de tout le monde et maintenant ça me réussit, je suis content. "
J’ai gardé le même état d’esprit qu’en club avec un peu de folie, un peu d’instinct, un peu d’envie et de hargne, et ça a fonctionné. J’espère que ça va continuer comme ça.
Guillaume Gilles, entraîneur de l’équipe de France
"Quand il faut mettre des noms, quelque soit ceux que l’on met, c'est assez banal, ce sont des choix et des convictions que l’on a sur la place des uns et des autres. Et notre envie était de voir débuter Wesley, par l’impression qu’il nous avait laissé sur les dernières séquences et le bout de match qu’il avait joué en Serbie. C’est ce qui nous a fait jouer cette carte là. A partir du moment où on part avec 16 joueurs, on compte sur eux et on a des convictions auxquelles on croit, aujourd’hui la dynamique positive dans laquelle il était, méritait qu’on lui donne l’opportunité de débuter cette première rencontre. Au-delà du choix que l’on a pu faire sur lui, ce qui est à noter c’est sa capacité à répondre a cette mission. On a fait un grand match car la défense associée au rendement de Wesley nous ont servi de base de lancement de jeu. Mais je le répète encore notre envie était de lancer Wesley, ça ne présage en rien de ce qui va se passer pour la suite, ni d’un bouleversement de statut Vincent Gérard pour nous restant le numéro un."
Ludovic Fabregas, pivot de l'équipe de France
"Dans la manière de son style de jeu ou de ses parades, il est différent de Vincent Gérard. On connait le caractère de Wesley qui est réservé et tranquille, parfois un peu timide mais c’est sa façon d’être. Hier il a fait une grande partie, nous en tant qu’équipe on est satisfait à la fois de sa performance et du résultat collectif car il a été performant et s’est intégré dans le projet de jeu."
Mickaël Guigou, capitaine de l'équipe de France
"Ca va dans la continuité de ce qu’il fait à Aix où il réalise des trucs assez incroyables. Avec Nîmes on a pu juger cette saison de ce qu’il est capable de faire, il a tourné à 50 pour cent contre nous et on a fini à moins dix face à eux. Wesley est en très grande forme en ce moment et il nous a aidé à gagner ce match hier, on est très content de cela pour lui et pour nous."
Patrice Annonay, le Martiniquais, gardien de but du Tremblay-en-France, est notre consultant pour le réseau Outre-mer et 1ères depuis de nombreuses années.
Il nous livre son analyse du match.
Outre-mer la 1ère : Patrice vous avez forcément suivi d’un œil plus précis la performance de Wesley Pardin ?
Patrice Annonay : Oui c’est incroyable parce que c’est l’équipe de France et que c’est sa première titularisation dans une grosse compétition internationale. Mais il faut rappeler que depuis plus d’une saison et demie (ce qui correspond à son arrivée à Aix) Wesley est dans ces standards par match, cette année il est à 15 arrêts en moyenne.
Ceci dit j’ai été surpris de le voir démarrer, ce n’était pas que le choix de l’entraîneur mais aussi celui dû à ses performances. Et Gino (surnom de Guillaume Gilles) a bien senti le coup, c’est là qu’il fallait le lancer.
Outre-Mer la 1ère : quel genre de gardien de but est-il ?
Patrice Annonay : Wesley est ce qu’on appelle un gardien à maturité tardive, il a toujours été barré par Titi (Omeyer), Vincent (Gérard) et Cyril (Dumoulin), il a de la concurrence avec Yann (Genty). Petit à petit il mange un peu de temps de temps de jeu et il emmagasine de l’expérience. Wes est un gardien à réaction, il lit très bien les tirs adverses et est présent au niveau des angles de tirs. Mais parfois avec une bonne communication avec sa défense et le contre, il peut être anticipateur et il se trouve là où se termine la prise de tir du shooteur. Il est hyper explosif sur ses appuis. Et avec sa confiance personnelle et inébranlable, le fait que les autres nations ne le connaissent pas au niveau international, ça peut être un atout supplémentaire pour lui dans ce mondial.
Wesley a su répondre présent et sincèrement ça fait plaisir à voir. Il a ramené de l’assurance à la défense française qui n’en avait pas beaucoup après le match contre la Serbie.
Outre-mer la 1ère : Où s’est faite la différence dans ce match selon vous ?
Patrice Annonay : On est parti sur des chapeaux de roue car la colonne vertébrale de l’équipe, gardien pivot demi- centre, a super bien fonctionné.
Wesley a donné le tempo défensif et toute l’équipe a pris confiance, même si tout n’a pas été parfait sur la base arrière pendant 60 minutes. Certains joueurs jouent encore un peu avec le frein à main, mais une fois débarrassés des responsabilités du match des gars comme Timothy se sont lâchés.
Outre-mer la 1ère : L’équipe de France a été séduisante et spectaculaire par moments, c’est un signe de regain de confiance ?
Patrice Annonay : Sur le premier but spectaculaire en Kung-Fu Guigou/ Mahé, je pense que c‘est à la fois l’effet technique, la beauté du geste et la réussite. Et c’était une manière de montrer à la Norvège que ce ne serait pas facile, ca donne tout de suite le niveau d’intensité et de jeu proposé.
Quand tu commences aussi avec un but pareil, même si ce n’est que la première action, mentalement tu es au-dessus de l’autre équipe. On a tout de suite pris l’ascendant sur eux dès ce moment-là.
Outre-mer la 1ère : Les Norvégiens étaient peut-être bons à prendre d’entrée finalement ?
Patrice Annonay : Gagner comme ça contre les Norvégiens c’est idéal, je n’ai pas vraiment reconnu leur jeu si efficace, défense/montée de balle. En fait je les ai trouvés un peu lourds. Il y avait au début un duel de gardiens avec Wesley face à Bergerud, un très bon celui-là, et Wes a fait pencher la balance du bon côté.
Peut-être que le Final Four les a un peu émoussé ? Et beaucoup de joueurs jouent aussi en Allemagne. Un gars comme Sander Sagosen ne peut pas tout faire à lui tout seul, sur la première mi-temps la solution pour eux était de lui donner la balle et il marque 7 buts. Mais comme le reste de son équipe il a manqué de fraîcheur sur la longueur du match.
Outre-mer la 1ère : Cette victoire nous lance donc idéalement dans ce mondial ?
Patrice Annonay : Après toutes ces critiques acerbes, la bête blessé s’est réveillée. Elle peut être plus sauvage aussi, l’équipe de France est comme ça car il y a des gens avec un certain ego dans le groupe. Les garçons ont montré " qu’ils avaient les clefs du camion " et que cette équipe n’était pas morte. On les avait un peu enterré trop vite. Si on se projette un peu dans l’objectif d’aller en quart, on a largement les moyens d'y aller.