Grande favorite de ces championnats du monde au même titre que la Norvège, l’équipe de France féminine de handball s’apprête à débuter son dernier grand rendez-vous avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, leur "moment ultime".
Pour ce tournoi "pré-olympique", comme le qualifie le sélectionneur des Bleues depuis 2016 Olivier Krumbholz, quatre Ultramarines sont du voyage au Danemark, en Suède et en Norvège, les trois pays organisateurs de la compétition du 29 novembre au 17 décembre.
La Martiniquaise Coralie Lassource, qui a un rôle majeur dans le groupe France (un temps capitaine de l’équipe), sera bien là et a toujours faim à 31 ans. "L’objectif, c'est de ramener une médaille à la fin", clame-t-elle. Pour l’épauler dans cette tâche, elle pourra compter sur sa sœur Déborah Lassource, appelée à la dernière minute pour remplacer au pied levé la Guadeloupéenne Océane Sercien-Ugolin, forfait.
Une autre Guadeloupéenne, Orlane Kanor, qui avait raté les derniers matches de l’équipe de France à cause d’une blessure au genou, sera aussi de la partie. "Je suis contente de revenir, dit-elle. On est prête, le groupe monte crescendo en puissance, on retrouve nos automatismes", juge-t-elle. À 26 ans, la fougueuse arrière gauche qui évolue au Rapid Bucarest (Roumanie) sera une arme lors des phases de contre pour Olivier Krumbholz.
Pour terminer, la dernière appelée du groupe n’est autre que la virevoltante Guadeloupéenne Méline Nocandy. Longtemps blessée à un genou, la joueuse de 25 ans qui évolue au Paris 92 retrouve enfin l’équipe de France pour une grande compétition, après des années de galère. "Je profite de chaque instant, je prends énormément de plaisir, savoure-t-elle. Ma blessure m’a appris énormément de choses. C’est une chance d’être là, car je ne sais pas ce qui peut arriver dans les jours et semaines à venir."
En revanche, l'arrière gauche martiniquaise Djazz Chambertin a été écartée de la liste des 18 joueuses retenues pour le Mondial. Il lui a manqué "un petit quelque chose" selon le sélectionneur.
Un premier tour de tous les dangers
Au tour préliminaire, les championnes olympiques de Tokyo vont se frotter à divers profils. Pour commencer, elles entameront le tournoi contre les championnes d’Afrique en titre, l'équipe d’Angola, le 30 novembre. Puis deux jours, elles affronteront plus tard l’Islande avant de terminer par la Slovénie le 4 décembre.
Sur le papier, rien d’insurmontable pour les Bleues, mais dans les faits, ces trois équipes devraient poser pas mal de problèmes aux Françaises. "Ça va être des matches assez intenses avec des particularités différentes. Ça va cogner d’entrée, avertit Coralie Lassource. On va être dans le bain.".
Après cette première phase musclée, les joueuses d’Olivier Krumbholz, vice-championnes du monde en 2021, devraient affronter leur bête noire au premier tour, la Norvège. Lors du dernier Mondial, les Scandinaves les avaient battues en finale. Les handballeuses françaises sont unanimes sur le fait que les affronter dès le début de la compétition peut être bénéfique, notamment pour se jauger face à la concurrence.
C’est le bon moment pour tomber sur elles, car même en cas de défaite, on ne sera pas éliminée. […] Ce match va nous permettre de nous juger. C’est particulier, mais je préfère les jouer maintenant.
Méline Nocandy
Pour Coralie Lassource, ce début de championnat du monde corsé, où elles affronteront normalement la Norvège et la Corée du Sud, pourra les aider à être performantes pour la suite de l’épreuve. "D’entrée, on va devoir être prête, signale la Martiniquaise. On va monter crescendo comme ça, et ça va nous permettre d’être performante pour la suite."
Hormis la Norvège, la France devra se méfier de toutes les équipes qui se dresseront sur sa route en début de compétition. Dans cette dernière grande échéance avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, plusieurs sélections vont essayer d’obtenir leur sésame pour ces olympiades, et toutes voudront faire chuter les Bleues.
"On va être face à des équipes qui jouent leur peau pour les JO, prévient le sélectionneur français. Ça va être à nous d’en tirer les armes, parce que derrière ce surplus de motivation, il peut y avoir du stress et c’est à nous de nous en servir."
"Toutes les équipes auront envie de nous battre et de lancer un message fort à l’approche des Jeux, assène Méline Nocandy. […] Ça va être à nous de montrer qu’on est encore là et qu’on ne lâche rien." Au sortir de ce premier tour, la France aura soit remis les pendules à l'heure avec ses adversaires, soit elle aura pu constater l’écart qui lui reste encore à combler avant les JO. Dans ce deuxième cas, rien d’insurmontable selon le coach français. "Si on ne fait pas un bon Mondial, ça nous servira d’alerte pour redoubler d’efforts et être prêt au cours de l’été", annonce-t-il.
Une sélection renouvelée
Revenu à la tête de la sélection française en 2016 après trois ans de pause, l'emblématique sélectionneur des Bleues Olivier Krumbholz quittera ses fonctions après les Jeux de Paris 2024. Après avoir tout gagné avec cette équipe qu'il a façonnée à son image, il guidera ses joueuses lors de cette compétition internationale organisée dans les pays nordiques avant de passer la main en août prochain.
Pour ce dernier bras de fer international, il a voulu régénérer son groupe en y ajoutant du sang frais. Plusieurs handballeuses cadres ont été mises sur le côté, comme la Guadeloupéenne Allison Pineau, "qui joue moins ces derniers temps". Non retenue pour ce Mondial, les chances de voir la joueuse de 34 ans restent minimes à l'approche des JO, à en croire cette brève réponse du coach : "Chaque cas reste particulier".
À l’inverse, il s'est montré plus bavard au moment d'évoquer la situation de la Guyanaise Béatrice Edwige.
Elle fait encore partie de l’équipe. Elle s’est blessée gravement, elle a bien récupéré. C’est une grosse bosseuse. [...] Elle fait partie du projet, donc elle devra, comme n’importe quelle autre joueuse, gagner sa place.
Olivier Krumbholz
Malgré l'absence de plusieurs cadres, les Bleues, championnes olympiques en titre et championnes du monde en 2017, semblent avoir les armes nécessaires pour réaliser une belle compétition grâce aux vestiges de leurs glorieuses aînées. "On a encore le reste des enseignements de celles qui sont parties, et on essaye de les garder pour nous créer une identité avec celles qui sont restées", déclare Orlane Kanor.
Pour le moment, l'équipe de France de handball réalise une exceptionnelle année 2023 sans la moindre défaite. Si elle veut réussir son objectif de sacre à Paris en 2024 et offrir une belle porte de sortie à Olivier Krumbholz, elle devra réaliser un grand Mondial.